Les fêtes de fin d’année vues par les communautés étrangères
Les Suisses se préparent comme chaque année à vivre des moments joyeux. Quelques-uns demandent des cadeaux au petit Jésus, d’autres requièrent les services de «Santa Claus». Qu’en est-il pour ceux d’une autre confession?
Sandro dos Santos
Dimanche, le vingt-huit novembre, on a pu voir les bougies de l’avent illuminer les fenêtres. Dans tous les magasins, les offres se multiplient et les décorations plongent les clients dans un univers de couleurs et de lumières. À la télévision, le matraquage publicitaire pour les fêtes a commencé bien avant les quatre dernières semaines de l’année liturgique. Les enfants composent leur liste de cadeaux et leur impatience grimpe de jour en jour. Mais l’attente n’est pas longue, car Saint-Nicolas leur apporte une première série de cadeaux le six décembre. Indépendamment de leur nationalité ou de leur confession, les bambins ont assimilé cette fête dès leur plus jeune âge à l’école. Tous les petits reçoivent des friandises de la part de Saint-Nicolas.
Ensuite, les préparatifs pour la plus grande fête de l’année, Noël, battent leur plein. La version commerciale avec «Santa Claus» se globalise, ignorant souvent le sens religieux. Mais ceci n’est pas vrai pour tout le monde.
Joaquim Pires, originaire du Portugal et domicilié à St-Imier nous raconte ses préparatifs: «Comme chaque année, j’ai commandé des -bolos dos reis- (la variante portugaise de la galette des rois) chez un ami qui va passer les vacances dans mon pays natal.» Dans son studio, on peut apercevoir une petite crèche et un sapin de Noël avec des figurines d’anges et des boules colorées. Quand il était jeune, peu de gens décoraient les sapins dans son pays. Cette année, il passera les fêtes avec ses compatriotes en mangeant du cochon de lait à la portugaise. Le jour de Noël, il pourra aller à une messe tenue dans sa langue maternelle. Des cérémonies religieuses en différentes langues sont prévues un peu partout en Suisse. Mais, ce ne sera que pour l’Épiphanie que Joaquim pourra savourer son gâteau des rois. Il boira aussi une liqueur aux oranges spécialement conçue pour cette occasion.
Adaptation au modèle suisse
Pour les enfants d’immigrés nés en Suisse ou pour les immigrés de longue date, la situation est différente. Depuis tout jeune, ils connaissent la version suisse des fêtes de fin d’année.
Federico Santa Cruz est arrivé de Bolivie il y a six ans. Il est marié avec Anne, une jeune Suissesse. Cette année, il va fêter Noël avec sa belle-famille. Une dinde et une bûche couronneront la table. «Par rapport à la Bolivie, je suis choqué par la tournure commerciale de ces fêtes. J’étouffe carrément avec toutes ces promotions de Noël!», se plaint Federico. Pour lui, ces célébrations n’ont plus rien de religieux. «Elles sont devenues des habitudes de consommation», ajoute-t-il. Dans son pays, ils demandent des cadeaux au petit Jésus, ici on écrit des lettres au Père Noël. Beaucoup de gens issus de l’Amérique du Sud continuent à accorder une importance primordiale à la commémoration de la naissance du Christ.
Quant à la Saint-Sylvestre, Federico se retrouve avec ses amis suisses et étrangers pour boire du champagne, comme le veut la tradition.
Mais qu’en est-il pour les communautés juives et musulmanes ?
En décembre, les pratiquants juifs célèbrent la «Hanoukka», la fête des lumières. Pendant huit jours, ils allument une bougie sur un candélabre et ils récitent des prières. Le jour le plus saint pour eux, c’est le «Yom Kippour», le jour du Grand Pardon. Pour cette occasion, ils prient et ils pensent aux pauvres en offrant des dons.
Une mosaïque de traditions
Leur Nouvel An s’appelle «Rosh Hashana». Selon le calendrier juif, c’est l’anniversaire de la création du monde. Ce n’est pas un jour de réjouissances, mais un jour de prières. Que ce soient des festivités juives ou musulmanes, on les célèbre en se recueillant dans sa communauté et en se rapprochant de Dieu. Tous ces événements se déroulent à des dates différentes de celles du calendrier chrétien.
Les musulmans ont deux fêtes qui ressemblent à Noël : «Aïd-el-Fitr» ou «Aïd-el-Séghir», la fin du Ramadan. Vêtus de nouveaux vêtements, la communauté islamique se réunit pour la prière tôt le matin à la mosquée. Ensuite, elle partage un bon repas en famille et des cadeaux sont échangés. Le vingt-et-un janvier prochain, la population de l’islam célébrera sa plus grande fête, la «Aïd-el-Adha» ou «Aïd-el-Kébir». Elle commémore le sacrifice d’Abraham prêt à immoler son fils en témoignage de sa foi.
Yamna, jeune étudiante algérienne, a du mal à comprendre la manière de fêter des jeunes européens. Pour elle, les fêtes religieuses sont synonymes de méditation et d’union avec Dieu. Ce qu’elle constate ici, c’est qu’une grande partie des gens se laissent aller à des comportements excessifs, comme par exemple le surplus d’alcool à la Saint Sylvestre.
La majorité des musulmans ont beaucoup de considération envers le Christianisme et la naissance de Jésus. À Noël, Yamna ira à l’encontre de ses amis chrétiens en leur envoyant des cartes de vœux et en échangeant des idées sur les coutumes de chaque religion.
En Suisse, il est impossible d’ignorer les traditions du pays. Bien que certains n’y participent pas, leur entourage est directement concerné par ces événements. Ce sont des moments de rencontres, de partage et de paix, où le respect de l’autre est essentiel.
SdS