Voyage

Trois mois en Argentine – L’aventure commence…

Après une année passée à étudier l’espagnol et préparer son périple, Antoine von Allmen, jeune suisse de 21 ans, avide de découvertes et d’autres horizons met le cap sur l’Amérique du Sud, plus précisément, l’Argentine.


Lundi 6 mai 2004, l’heure de mon départ approche. Seul à l’aéroport, je ne pense à rien, je suis trop pris par la probabilité de nouvelles expériences inconnues. Au décollage de mon aventure, la nuit me transporte vers un pays à découvrir.  D’après ce que l’on m’a dit : des paysages très variés, des glaciers éternels allant jusqu’à des forêts subtropicales.

À mon arrivée à Buenos Aires, le choc. Je n’identifie plus où je suis. Les mesures de cette cité sont hors de mes normes et de mon imagination. Après deux jours d’adaptation, question fuseaux horaires, deux cousins éloignés m’emmènent à travers l’immense ville. J’y prends goût. Mais tout de même les gars, je ne suis pas ici que pour trois jours, sinon trois mois. Moi qui voulais me changer les idées, lassé de la vie trop réglée en Suisse, je suis servi. Tout y passe. L’Avenue «9 de Julio» avec son obélisque, la Maison Rose, siège du gouvernement et le quartier de «La Recoleta».

Je découvre quelques bizarreries, notamment le fait que l’Ambassade de France a été contournée par l’avenue la plus large du monde, 120 mètres. L’on m’explique que lors de l’élargissement de l’avenue, tous les édifices ont été abattus, mais que l’ambassade n’a pas pu être expropriée (ah ces européens !). Les bâtiments des alentours me font penser à Paris. Bon nombre de maisons ont été construites par des architectes français, au début du XXe siècle. Je prends le métro. Près du port, je me retrouve en Italie dans le légendaire quartier de la «Boca» avec ses maisons de couleurs vives. Même les bus passant par ce quartier sont décorés à l’intérieur, telles des baraques de forains. Une véritable exposition. Chaque «collectivo» est une œuvre d’art réalisé par son chauffeur, qui le bichonne avec un grand amour.
Habités par des artistes-peintres, ce quartier offre un grand contraste avec son stade de football «La Bombonera» où Maradonna a réalisé ses premiers exploits.

Le port «Puerto Madero», sur l’estuaire du fleuve Rio de la Plata, a subit de grands chambardements, récemment. Les anciens docks ont été transformés en lofts luxueux, juste à côté de l’université catholique de Buenos Aires. Au milieu du canal central, flanqué de nombreux restaurants et hôtels internationaux, les argentins ont construit, en hommage à la gente féminine, un pont pivotant, appelé «Puente de la Mujer». Tout est ici non seulement plus grand que tout ce que je connaissais, mais pour découvrir toute cette mégapole, il me faudrait y rester un lustre. Mon aventure ce poursuit en solo, je prends l’avion pour la ville la plus méridionale au monde, Ushuaia, un nom donné par les indiens, selon mon guide. Et les argentins ont même un nom pour elle, «le bout du monde».

A suivre…

Viviana von Allmen

Trajectoire

Dünner SA, des pinces de serrage au bec de clarinette…

Walter Dunner SA est devenu un acteur incontournable de l’outillage des décolleteuses. Depuis presque 70 ans, l‘entreprise familiale n’a de cesse de développer et d’améliorer des moyens de serrage.

Viviana von Allmen

 

A la tête de l’entreprise familiale sise dans la vallée des tours automatiques, Daniel Dunner, troisième génération, continue sur la lancée de ses prédécesseurs: la création des outils de serrage de précision. Après un apprentissage de mécanique au Technicum de Bienne, le chef d’entreprise ne se repose pas sur ses acquis. Il est toujours à la recherche de nouvelles technologies ou matériau pour améliorer ses produits. Située dans les anciens bâtiments Petermann, à Moutier, l’entreprise occupe 13 employés, sans apprenti. «Nous ne pouvons pas assurer une formation technique de base. Nos produits spécifiques demandent des connaissances préalables de la mécanique», explique Daniel Dunner.
Couvertes par plusieurs brevets internationaux, les pinces de grande ouverture permettent aux tours automatiques de finir la pièce sans intervention humaine. Les fabricants de décolleteuses les plus renommés, ainsi que les utilisateurs de ces machines, forment la clientèle de base, soit 25% du chiffre d’affaires en Suisse.

Les différentes crises de l’industrie ont obligé Walter Dunner à être encore plus proche des utilisateurs. Un réseau de représentants multicartes a ainsi été créé dans le monde. Il a permis de mieux comprendre les besoins des clients et de compenser les baisses de commandes des fabricants de machines. Pendant les années 1997 et 2000, la charge de travail a doublé. «Nous ne voulions pas augmenter nos effectifs, mais nous n’arrivions plus à assurer la production. Le creux de 2002 et 2003 a rééquilibré la situation», commente Daniel Dunner.
Créée par Walter Dunner en 1935, la firme est née de l’expérience de son fondateur. Mécanicien sur automobiles chez Joseph Petermann, à Moutier, il est engagé comme metteur en train, puis monteur. Rien ne laissait supposer que notre homme allait développer les outillages de décolleteuses. «Une suite d’événements ont provoqué la naissance de l’entreprise», évoque son petit-fils. Grâce à ses contacts avec des clients, le grand-père réalise rapidement le potentiel pour des outillages plus performants. Il commence à en produire dans la cave paternelle.

En 1974, Albert fils reprend les rênes de la société. Le petit-fils Daniel s’occupe d’un département de fabrication de cames. La pérennité est assurée. «J’ai compris que mon père ne pourrait continuer seul», se souvient Daniel Dunner. En 1985, ce dernier parfait sa formation par un diplôme d’agent d’exploitation au Centre de formation ESG de Lausanne. Quelques années plus tard, il est nommé président du conseil d’administration.

Un serrage de becs de clarinette

«Les crises, on connaît, mais les solutions aussi!», affirme l’actuel directeur. En 1979, lors de la crise horlogère, un cousin éloigné les met en relations avec un grand musicien zurichois. Celui-ci avait un problème à résoudre avec ses becs de clarinette. «Nous avons créé un serrage pour les becs», raconte Daniel Dunner. Le succès est assuré. Le système «Jasmin» était né. Plusieurs grands musiciens internationaux comme Jacques Lancelot, Jean-Marie King ou encore Raphaël Bagdasarian ont adopté le serrage de bec Dunner.

La ténacité au service de la longévité
– Quels ont été vos premiers contacts avec l’entreprise?
– Alors que j’étais encore en culottes courtes, je m’introduisais dans l’usine, mais mon père me chassait. Après mes études, il a essayé de me dissuader de rentrer dans la société. Il me disait: «Un patron ne compte pas ses heures.» Comprenant ma détermination, il a fini par me confier le département des cames.

– Dans votre secteur industriel, le marché est-il en croissance?
– Le décolletage en Europe est plutôt en baisse. Les activités ont pris le chemin des marchés à faible coût de main-d’œuvre comme la Chine. Mais en ce qui concerne la sous-traitance médicale, horlogère et électronique, le marché global reste constant. D’ailleurs nos exportations sont de l’ordre de 75%, dont 42% en Europe et le reste en direction des USA et de l’Asie.

– Que pensez-vous de l’aide économique offerte à de nouvelles entreprises par rapport à des entreprises existantes?
– Je ne nie pas l’importance de l’aide économique pour attirer de nouvelles entreprises, car il faut renouveler le tissu économique de la région. Toutefois, il serait vital d’offrir également de telles possibilités à des entreprises existantes pour consolider leurs structures. Celles-ci contribuent également et de manière non négligeable au bien-être d’un grand nombre de personnes dans notre vallée. C’est aussi le meilleur moyen de s’assurer que le «capital reste dans le pays».

– Que conseilleriez-vous à un patron d’une nouvelle entreprise?
– Qu’il ne faut jamais baisser les bras et être prêt à remettre chaque jour l’ouvrage sur le métier. En cas d’échec, il faut analyser les causes et apprendre à ne plus commettre les mêmes erreurs.
V.vA