Théâtre

Chasse princière à l’amour

Viviana von Allmen
Lundi 7 novembre, au Théâtre Palace de Bienne, une pièce de Molière peu jouée a provoqué l’étonnement du public. «La Princesse d’Elide» est née dans la tradition de la Commedia dell’Arte.  L’auteur ,cultive à merveille les faux-semblants et les fausses pistes, montrant dans toute sa splendeur la vie  des courtisan dans la Grèce antique.
Le metteur en scène Jean-Hervé Appéré parvient à nous restitue le souffle dynamique et plaisant d’un classique, tout  en y ajoutant des petits clins d’oeil complices et contemporains bien placés.
La Princesse d’Élide est un spectacle où se mêlent le théâtre parlé, la musique, le chant et la danse.
La pièce évoque une princesse qui consacre tout son temps à la chasse. Cependant l’amour va la détourner de cette passion. Espérant par une feinte pouvoir découvrir les sentiments du Prince d’Ithaque, elle lui confie qu’elle aime le Prince de Messène. Au lieu d’en paraître affligé, celui-ci rend la pareille et lui confesse que la Princesse sa cousine l’a « flaché » et qu’il veut la demander en mariage au Roi son père. La princesse perd contenance devant lui. Dès qu’il sort, elle demande avec tant d’empressement à sa cousine de ne pas se laisser séduire par le prince, et de ne jamais l’épouser, que celle-ci ne peut le lui refuser. Elle s’en plaint même à Moron, qui lui ayant dit assez franchement qu’elle l’aimait, fut chassé de sa présence.
Le décor, respecte absolument le style antique. Il est sobre et les personnages entrent et sortent  de façon narurelle.
La musique qui leurs accompagne est jouée avec perfection par Ariane Godeberge à la viole de gambe et par Sebastian Vargas au théorbe.
L’atmosphère des pantomimes, combats, chants et musique est remarquablement habitée par une troupe d’acteurs redoutable d’efficacité. La représentation unique du personnage de Moron, plaisant de la Princesse, est joué avec maîtrise par Antoine Lelandais
C’est une galerie de portraits haute en couleur, entre comique et princière des personnages.
C’est le genre de pièces de Molière, auquel le public ne s’attend pas -version modernisée et très rythmée- mais apprécie particulièrement et les organisateurs ont été, une fois encore, bien inspiré dans leur choix.
V.vA

Spectacles

Music-hall marin

Viviana von Allmen
Sur les planches du théâtre Palace à Bienne, , règne ce soir une ambiance orientale. Comme par enchantement, une sirène plumée, gramophone dans les bras, sort du public et gagne la scène. Oui, il s’agit d’une des Sea Girls, comédiennes et chanteuses : Judith Remy, Prunella Rivière, Elise Roche et Delphine Simon dévoilent à chaque représentation un univers inattendu. Elles maîtrisent la scène dans le genre difficile du cabaret au théâtre.
Sur scène, un pousse-pousse asiatique décoré des loupiottes et des
accessoires incongrus servent de prétexte à un spectacle qui n’a besoin que de leurs talents pour conquérir le public. A chacune son style, des geishas plumées, armées de paillettes, plus ou moins traditionnelles mais, des talons aiguilles de rigueur, le tout dans des couleurs flamboyantes.
Mais que feraient ces «filles de l’océan» sans la complicité de deux marins expérimentés ? Christobal Doremus, contrebassiste, chanteur et compositeur ainsi que Benoît Simon, guitariste.
Les Sea Grils n’ont pas besoin d’être présentées. Elles le font magnifiquement à travers leurs chansons, qui pour la plupart sont signés du compositeur Jean-Max Rivière. Dans leurs récits le thème du voyage est prédominant : voyage dans le temps, voyage dans plusieurs styles musicaux – meringuée, bossa-nova, country- voyage entre la scène et la salle.
Dans chaque tableau elles racontent de manière angélique mais bien critique des passages de la vie quotidienne.
Elles nous plongent dans un voyage tout arrangé « Au vieillard Palace », où des mamies bonasses et des papis cocasses cherchent à retrouver leurs jeunesse dorée.
Dans leur calèche, Judith, est partie dans une folle course afin de rechercher un riche. Elle entraîne ses copines dans l’acceptation d’une certaine réalité. Mais cela va plus loin quand les 4 comédiennes revendiquent dans « La chasse à l’homme » la disparition des vrais mâles sur le marché. Puis vient le reproche de « Si tu ne voulais pas d’enfants » fallait pas…
Immanquable, la scène de « Les bars à putes », moment de réflexion où les Sea Grils de leur voix de sirène mélodieuse finissent par faire aimer ces frangines de Montparnasse.
A la fin du spectacle et dans la pure tradition du cabaret, les filles se lancent à l’abordage d’un monsieur du public, tout en chantant, et tout le monde croule de rire.
Un spectacle où l’humour et la fantaisie emportent les spectateurs dans un univers féminin déjanté…
V.vA