Édito

La vie nocturne

Mathieu Maridor
Une journée de travail qui touche à sa fin, voici le moment de rentrer chez soi, de retrouver ses proches et retrouver un havre de paix. Pour la plupart, nous sommes de légers schizophrènes. Notre comportement n’est pas le même suivant qu’on se trouve au bureau ou à la maison.
La vie nocturne fait ressortir le moi de chaque personne. En effet, que l’on reste tranquillement chez soi, ou que l’on sorte, nous n’éprouvons plus la nécessité de donner une image de nous-même qui ne nous correspondrait pas forcément. En général, on se doit de paraître sérieux et instruits envers ses collègues alors qu’au contraire, on est au fond de soi un bon vivant. Le soir, on est en quelque sorte délivré des contraintes journalières, on retrouve son monde. On est soi-même, ou presque.
Après observation des jeunes personnes qui s’enflamment le samedi soir en boite de nuit, je me demande toujours s’ils sont eux-mêmes. A coup de gel dans les cheveux, de chaînes en or qui brillent, de vêtements de marque et j’en passe, ils tentent de se valoriser par rapport aux autres. S’ouvre alors une véritable compétition entre jeunes pour savoir qui impressionne le plus. Ce n’est plus le rang d’appartenance sociale que l’on met en évidence, bien au contraire. En boite de nuit, en exagérant quelque peu, que tu sois ouvrier ou étudiant, l’important ne réside pas dans les paroles, mais dans la manière de s’habiller ou de sourire. Le but de la soirée est moins de montrer du milieu d’où on est que de s’amuser et de plaire.
La vie dans les discothèques devient alors le simulacre d’une égalité interindividuelle. A cet égard, ceci a quelque chose de beau. Mais il ne faut pas oublier qu’après la nuit vient le jour. Alors quand je vois des jeunes gens comme moi, parfumés, vêtus à la dernière mode, j’ai envie de leur dire, peut-être avec un peu de prétention, « Connais-toi toi-même, démarque-toi des autres non pas par ton style, mais par ta personnalité ».

Eclairage

Sport et nature; amour impossible?

Au début des années 80, la relation entre le sport et la nature, jusque là harmonieuse, a commencé à manifester les premiers problèmes. Le nombre d’expertises et conférences augmentent: le sport est montré du doigt comme un acteur polluant, bruyant, engloutissant trop de terrain… Non seulement il crée des frictions avec la nature mais aussi avec la communauté, dérangée par les malaises occasionnés par les évènements sportifs.

Actuellement ce sont les sports à la mode qui sont critiqués: ski hors pistes, mountainbike, rafting et autres variantes extrêmes des sports usuels recourent souvent à des écosystèmes très sensibles. Poussés par des intérêts commerciaux ces sports tendent à prendre une part croissante dans la vie des sportifs jeunes et moins jeunes. Mais la flore et la faune ainsi agressées se vengent, alors que le nombre de pratiquants augmente, le terrain diminue, réduisant notablement la qualité du sport.

Confronter les jeunes sportifs aux problèmes qu’ils occasionnent est indispensable à instaurer un certain sens des responsabilités. Elle doit être inculquée de façon intelligente et adaptée en conciliant l’amour du sport avec la nature. La publication des enjeux est un premier pas vers l’amélioration. Mais les limites de la pédagogie sont connues. Toute seule elle ne résout rien. L’appareil politique doit se munir de moyens pour influencer un changement de comportement et ne plus considérer le sport et l’écologie comme incompatibles.

Depuis quelques années, les organisations sportives emploient des experts pour analyser les frictions causées par les projets sportifs. Ainsi de nombreuses fédérations de par le monde se sont dotés de plans écologiques pour éviter une pollution démesurée de leur propre terrain de jeu. Surtout les sports d’hivers et nautiques sont conscients de leur impact sur l’environnement et acceptent des contingentement de zones ou de temps. Glaciers dégelés et cours d’eau pollués sont des réalités manifestes.

Les grands événements sportifs sont toujours dans le collimateur des activistes. Ces manifestations comme les jeux olympiques ou la coupe du monde de football constituent un grand stress pour l’environnement; déchets, transports, utilisation massive d’eau et d’électricité sont des facteurs qui forcent les organisateurs à consulter des spécialistes dans la matière pour endiguer les dégâts occasionnés. Car les nouvelles infrastructures qui accompagnent ces événements ont un impact négatif non-négligeable mais elles sont aussi réalisées avec un souci écologique comme par exemple la valorisation des transports en commun.

Le sport et la nature sont liés, l’un influe l’autre. Le sport doit se doter d’une volonté de protéger la nature dont il dépend. Bien sûr les pratiquants ne sont pas seuls responsables des changements climatiques qui touchent l’écosystème mais ils peuvent contribuer à une certaine amélioration en réduisant leur impact et en transmettant l’amour pour la nature qui les entoure.
R.W.
Photo: Steve Remesch