Spectacles

Soupçons à la sauce de thérapie.

Viviana von Allmen
Sur une musique de thriller, les lumières du théâtre Palace s’éteignent,… et un cri retenti dans la salle.
Les Spectacles Français présentent : « La nuit des soupçons » de Claude Broussouloux. Une mise en en scène de Sébastien Bernard.
L’auteur, médecin, a publié des récits, de nombreux essais et des ouvrages scientifiques. Il a fait également une incursion dans le domaine policier, et est venu au théâtre par l’écriture radiophonique. Il publie plus d’une quinzaine de titres.
La pièce nous parle d’un couple d’un âge avancé. Leur histoire est sans relief Or, un bon matin, à l’improviste, c’est madame -Sophie Margalet- qui déclenche une situation dramatique en voulant quitter le  foyer conjugal à n’importe quel prix. Son mari -Claude Laucournet- en reste perplexe devant sa tasse de café.
Le couple est confronté par la suite à deux visiteurs très étranges -Laure Reutermann et Donatien Mousset- qui s’introduisent dans leur appartement. Leurs  récriminations vont dégénérer en un va-et-vient sans fin… sans qu’il soit possible d’en saisir les motivations respectives!…
Le décor est simple, pour ne pas détourner l’attention du public d’un sujet frôlant la pathologie.
Dans un ménage cliniquement propre, ce vieux couple s’affronte tout au long du premier tableau. Elle, d’une allure d’ange, lui surfant sur sa vague de suffisance entament une petite discussion. Dialogues et incongruités se suivent. Sans explication aucune, Madame annonce qu’elle quitte le domicile commun. Ces échanges nous mènent au départ de la femme. Mais elle va, tout de suite, réapparaître sur scène. Son mari la tance d’une remarque :  « Une fausse sortie comme au théâtre ? »
Le climat est oppressant mais, les protagonistes ne sont pas crédibles.
Voici une surprise inimaginable : deux personnages entrent en scène et menacent le vieux couple qui est pris en otage par ces deux jeunes sortis de nulle part!
Les situations d’hystérie mêlées à des scènes de séduction déplacées qu’interprète le couple de malfaiteurs sont portées à l’extrême, privées de tout sens esthétique. C’est déconcertant.
La trame de la pièce ne peut que vaguement se laisser entrevoir dans le deuxième tableau.
Insoupçonnable, du « copier coller » on recommence le même spectacle, sauf qu’après le café, c’est la police qui fait incursion, et arrête Monsieur pour des actes inavouables…
Le pièce, bien que fortement tragique, ne compense pas la frustration d’un public qui n’est pas branché dans l’univers freudien.

Théâtre

Ménage de vie et de mort

Viviana von Allmen
Au Palace lundi soir pour l’avant dernière représentation des Spectacles français de l’an 2005 : « Six pieds sur terre », pièce de Daniel Soulier.
Cette mise en scène signée de son propre auteur explore la relation complexe entre la vie et la mort. Une histoire d’amour optimiste entre les vivants et les morts.
L’histoire oppose d’une manière subtile les nobles sentiments d’une femme touchée par les affres de la vie à l’héritage de sorcellerie paysanne.
Le commémoration d’anniversaire de son unique fils déjà mort est depuis des années un rende-vous incontournable. Mais cette fois ci il ne sera pas seul avec maman, la famille se retrouve en plein. Seule une intruse viendra à perturber cette cérémonial des esprits. Ce cette voisine impertinent, qui en ignorant la situation, leurs apporte des désirs et des regrets. Sa présence sur un terrain inconnu provoquera des douloureux bouleversements …
Dans une scénographie sobrement voulue et crée par Camilla Barnes, les différentes séquences de joie, douleur ainsi que de violence s’enchaînent.
Dans un paisible environnement de campagne, l’impossible vient d’arriver.
Marthe, la sorcière est magnifiquement interprétée par Laurence Kélépikis, incarne le personnage centrale. Son caractère marque différents tons tout au long de la pièce. Elle est une femme sèche qui ne pleure plus, et fait le ménage dans la cuisine de sa ferme au rythme d’une chanson en attendant ses ôtes.
C’est son père Joseph, dont le rôle est tenu par Christophe Poulain, comédien très physique dégageant aigreur et tendresse qui rentre en scène le premier.
Les dialogues entre Marthe et Joseph – le Poilu- prennent la forme de la quête qui se heurte à l’absence de sa femme et l’inacceptation d’avoir une fille plus âgée que lui même.
Le chérubin de maman, maladroit et capricieux dans la peau de Pierre-Henri Puente, se précipite sur les planches. Il porte sur le dos le lourd fardeau de n’avoir jamais pu être quelqu’un de bien aux yeux des villageois. 
Henri Bruno Subrini, le mari de Marthe est un héros de la Résistance mort en martyr. Dur personnage maquisard, il finit par avoir le plus beau geste envers son fils, il lui permet de prendre son identité.
Soudainement, Anne, la jeune fille, jouée par Sylvie Pascaud essaye sans succès de contrebalancer le rôle de la maîtresse de maison. Elle est invitée avec agressivité à quitte le lieu «sacré». Son inconscience et la tentation charnelle de front à trois nouveaux males dans les parages, la font rester à ses risques et périls…
La pièce mélange habilement les vivants et les morts est émouvante et drôle.
V.vA