Un prix pour la liberté d’expression

 


Le 42ème Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) d’Angoulême s’est tenu entre le 29 janvier et le 01 février 2015. A cette occasion un “Prix Charlie de la liberté d’expression” a vu le jour, en hommage aux récents évènements survenus à la rédaction de Charlie Hebdo. Décodage.

 



Photo : Web.

Comme chaque année, le 9ème art est à l’honneur du 29 janvier au 01 février à Angoulême et récompense les meilleurs artistes grâce à des prix diversifiés. C’est au lendemain des tueries parisiennes perpétuées contre le journal satirique Charlie Hebdo que la décision a été prise par les organisateurs du FIBD de créer le prix de la liberté d’expression, quelque peu spécial. L’hommage aux dessinateurs de Charlie Hebdo prend alors une dimension particulière puisqu’il souhaite s’inscrire dans la durée ainsi que dans un cadre plus étendu. En effet, le Prix récompensera désormais chaque année un dessinateur de presse ou de bande dessinée qui ne peut exercer librement son travail dans son pays. Dans l’édition du Cahier du Monde du Samedi 31 Janvier 2015, une série de portraits est consacrée à quelques uns de ces artistes qui ont fui leur pays afin de pouvoir travailler librement. Un prix qui semble avoir de l’avenir, comme le souligne dans les lignes du Monde de ce même jour le directeur général du FIBD : “ce prix cessera d’être remis le jour où tous les dessinateurs du monde pourront s’exprimer librement, c’est dire qu’il y a de l’avenir”.

Pour cette édition 2015, le prix a été totalement dédié au journal Charlie Hebdo, mais d’autres initiatives ont également vu le jour en rapport avec la thématique de la liberté d’expression. Le FIBD a ainsi été ponctué par des tables rondes sur la liberté d’expression, un “concert dessiné” (mélange de musique et d’art dessiné ayant rassemblé de nombreux dessinateurs français et internationaux, dont Plantu, caricaturiste du Monde) et une exposition présentant les meilleures “unes” de Charlie Hebdo.
En parallèle, un appel aux dessins a été lancé sur Facebook et a rassemblé plus de 2000 dessins d’internautes, amateurs, mais aussi artistes reconnus à travers le monde. Cet engouement récent pour la liberté d’expression révèle une véritable envie de la part des organisateurs, mais également de la population, de dénoncer les crimes perpétués à son encontre et la censure encore trop présente dans un grand nombre de pays. La démarche du FIBD a été très largement plébiscité et reflète la volonté commune de prôner haut et fort cette valeur qui ne porte d’universel que son nom.
En contrepartie, la sécurité a été renforcée sur le site du Fesitval, conséquence d’un évènement public qui attire chaque année plus de 200.000 personnes et d’une certaine paranoïa qui s’est emparée de la France depuis les tueries du mois de janvier.

Le rapprochement entre dessin de presse et dessin de BD n’a jamais été aussi fort même si les deux disciplines sont cousines. Une volonté de la part des organisateurs de rendre le dessin plus présent dans la presse, plus fréquent et avec un impact plus significatif. Mais surtout cette volonté de pointer les injustices liées au dessin de presse et d’offrir une possibilité aux artistes interdits et menacés dans leur pays d’origine de s’exprimer. L’année 2015 semble être l’aube d’une prise de conscience, tragiquement remise à l’ordre du jour, des censures liées aux valeurs fondamentales. Le Prix Charlie de la liberté de la presse symbolise la force commune d’un peuple avisé, au courant des dérives et indigné. Il est un vibrant hommage aux caricaturistes tués à cause de leur ingénieux coup de crayon.

NoAn

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