Cela fait plusieurs mois que l’accusation de plagiat contre le professeur de Sciences économiques fait l’actualité en Suisse romande. L’affaire prend une tournure surprenante en août lorsque la police perquisitionne le domicile du journaliste du Matin et lui saisit son matériel informatique. Dimanche dernier, le Matin Dimanche révèle que le professeur accusé aurait également ouvert une agence immobilière sans en informer le rectorat. Jean-Pierre Mutabizi-Karamage, le président de la FEN, a accepté de répondre à quelques questions.
Photo : FEN
Larticle.ch : J’ai suivi l’affaire au téléjournal de la TSR, et reçu quelques e-mails formels de l’université (dont un de la FEN) sur le sujet mais je ne connais qu’une information « de surface », serait-il possible de donner quelques éléments plus concrets -et périphériques-?
Jean-Pierre Mutabizi-Karamage : Cette histoire remonte à l’été passé et au départ c’était un désaccord entre professeurs (2 camps) au sein de la faculté des sciences économiques. Cela s’est soldé en plusieurs accusations entre les divers protagonistes. En octobre 2012, l’administration universitaire a voulu régler ça en menant une enquête préliminaire (lancé par le conseil de l’université). Elle espérait répondre au plus vite aux accusations menées entre les 2 camps. Durant l’enquête en question, et non avant, est venue cette accusation de plagiat envers le professeur en Sciences Economiques concerné. Voulant bien faire les choses, les enquêteurs ont préféré d’abord finir ce qu’ils avaient commencé pour ensuite se préoccuper de cette nouvelle accusation. La suite est connue de tous. Les médias se sont saisi de cette accusation et en ont fait la Une, en Suisse romande. En avril-mai, l’enquête préliminaire s’est terminée. Elle a été suivie par une enquête administrative et seul le Conseil d’État pouvait la lancer. Ce printemps collait aussi avec les élections cantonales. L’enquête administrative fut lancée cet été et ça fait maintenant un mois que le Conseil d’État a émis sa conclusion considérant que ce fut un « plagiat par négligence ». À ce jour, nous attendons encore les sanctions que devront prendre le Conseil d’État envers le professeur concerné.
L.ch : Comment la FEN est-elle impliquée dans l’affaire ? Quelle est votre fonction, votre rôle et votre impact (influence)?
J.-P. M.-K. : La FEN, avant tout, est la fédération des étudiants de l’Université de Neuchâtel. Nous représentons les étudiants de l’université de Neuchâtel, dans son ensemble. Ayant deux représentants au sein du Conseil de l’Université (organe politique de l’Université), nous faisions en sorte de bien suivre l’affaire et surtout de veiller à ce que les étudiants en Sciences Economiques soient bien informés. Dès que la presse fut informée, nous avons fait en sorte de bien renseigner les étudiants en sciences économiques, et ça de paire avec les associations représentant les étudiants de cette faculté. En particulier L’ANESE et, en collaboration également avec Jeune Consulting et Secomania. Il était important pour nous que la communication passe bien et surtout que les instances universitaires sachent que les étudiants de cette faculté sont rassurés…
L.ch : Quel est le rôle et le sort de l’étudiante que vous avez apparemment défendue ?
J.-P. M.-K. : Nous avons défendu les étudiants dans leur ensemble et, de notre coté, nous n’avons pas entendu de cas particuliers lié au plagiat fait par ce professeur. Certainement qu’elle s’est directement approché de l’avocat de la FEN (qui ne nous informe pas des affaires qu’il traite avec les étudiants de l’Université de Neuchâtel, secret professionnel oblige). Maintenant, si par notre action, nous avons pu aider cette étudiante, c’est bien, cela nous motive.
L.ch : Le rectorat de l’université n’a pas réagi contre le professeur jusqu’à la nouvelle information de ce dimanche (22 septembre), venant du Matin, accusant le professeur d’avoir ouvert une agence immobilière, que pouvez-vous nous en dire et qu’en pensez-vous ?
J.-P. M.-K. : Le rectorat a préféré se renseigner de son côté avant de réagir, ce qui est sage de leur part. Rappelons quand même que Lematin.ch a émis plusieurs accusations envers ce professeur, et que le rectorat s’est concentré sur l’accusation qui la touchait.
L.ch : Penses-tu que cette affaire nuit a l’image et à la réputation de l’UNINE ? Penses-tu qu’il s‘agit d’un événement particulier ou crois-tu qu’elle révèle un certain dysfonctionnement possible voir réel de l’UNINE ou mêmes des universités suisses ?
J.-P. M.-K. : Nous pensons clairement que ça a gravement nuit à l’image de l’université. Cela justifie notre implication dans cette affaire. Il y a, en effet, un problème au niveau des instances universitaires et cantonales. Par exemple, seul le Conseil d’Etat est compétent pour la nomination ou le licenciement d’un professeur de l’université. Il y a lieu de se demander si ce système est efficace pour l’université? Aurions nous été plus rapide dans la réaction si ça avait été le rectorat avait eu le pouvoir de réagir. Et si on rendait l’université plus autonome du Conseil D’État? De nombreuses questions se posent à la FEN en ce début d’année et mériteraient des réponses. La lutte continue !
Propos recueillis par Jonathan Steimer