Films

Deux comiques dans l’espace

UN TICKET POUR L’ESPACE – Trois ans après Mais qui a tué Pamela Rose, le duo comique français Kad et O effectue pour la deuxième fois le passage du petit au grand écran. Honnête divertissement, leur Ticket pour l’espace n’est malheureusement pas aussi délirant que nous l’aurions souhaité.

L’HISTOIRE : Pour convaincre les citoyens de continuer à financer la recherche spatiale, le gouvernement organise un grand concours baptisé Un ticket pour l’espace ! Pour participer, il suffit de gratter. Les gagnants partiront dans l’espace pour un séjour dans la station orbitale française. Les heureux élus sont Stéphane Cardoux, un acteur un peu raté (on vient de lui refuser un rôle dans Napoléon contre les Ninjas) mais néanmoins sympathique, et Yoanis, duquel on ne sait pas grand-chose si ce n’est que son frère jumeau est un serial killer. Une fois dans l’espace, l’un des deux décidera de prendre la station en otage…

Depuis le succès en 1994 de La Cité de la Peur, le film de Les Nuls, une ribambelle de comiques issus de la télévision tentent de transposer leur délire sur le grand écran. Kad et Olivier font partie de ceux qui ont plutôt réussi dans leur entreprise. Leur première tentative, Mais qui a tué Pamela Rose, qui reprenait les personnages d’une de leur série de sketchs télévisuels, reflétait parfaitement l’état d’esprit du duo. Ce Ticket pour l’espace, manifestement préparé avec un plus grand soin, n’offre malheureusement pas le même délire.

Pourtant l’idée de départ est plutôt bonne : envoyer des civils dans l’espace et observer leurs réactions. A cela se greffe une sinistre prise d’otage… De quoi se réjouir quand on connaît le potentiel comique de Kad et Olivier ! Mais aussi étrange que cela puisse paraître, le duo et le réalisateur semblent privilégier l’histoire plutôt que la déconne. Car ce Ticket pour l’espace est un film bien écrit, avec une véritable trame, des rebondissements et des personnages consistants ! Las, ces indéniables qualités semblent freiner les ardeurs comiques des auteurs, comme s’ils étaient continuellement en train de choisir entre le vraisemblable et le burlesque. Conséquence de ces hésitations, les tentatives de rendre le film franchement délirant (le dindon-alien par exemple) sont trop rares et tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Elles rappellent aussi ce qu’aurait pu être le film de Kad et Olivier s’ils avaient véritablement laissé carte blanche à leur délire.

Soigné et bien écrit, Un Ticket pour l’espace perd donc malheureusement en effet comique ce qu’il gagne en cohérence. Dommage quand on voit que la plupart des comédies actuelles ne sont que des successions de gags sans queue ni tête. Vraiment dommage. L’équilibre entre humour et scénario est décidemment bien fragile…
D.N.

Spectacles

Le «Soleil» de Marie-Thérèse Porchet illumine Neuchâtel

Du 10 au 14 janvier Marie-Thérèse Porchet s’était installée au Théâtre du Passage à Neuchâtel pour la représentation de son nouveau spectacle, sobrement intitulé « Soleil ». Après « La truie est en moi », et « Marie-Thérèse amoureuse », revoici donc Joseph Gorgoni, l’interprète de la célèbre habitante de Gland.
Julienne Farine

Marie-Thérèse va mal. Son chien Bijou est mort électrocuté par le fils de la Lopez. Comme si cela n’était pas suffisant pour les nerfs de cette pauvre madame Porchet, son amoureux suisse allemand, Rüdi, l’a abandonnée, finis donc les laeckerli dans les environs de Zurich. L’homosexualité de son fils Christian-Christophe (« parce qu’un Christ c’est bien, mais deux c’est encore mieux ») ajoutée à ses autres malheurs et Marie-Thérèse plonge. Elle se retrouve chez les Amis du soleil, une secte devant lui permettre de sortir de son désarroi et dans laquelle se trouve le fils de la Lopez qui, paraît-il, va beaucoup mieux. Personne ne connaît son prénom mais les fans de la première heure se souviennent de son fameux « soleil !» (prononcé avec le ton inimitable de Marie-Thérèse). D’où le nom de la secte et du spectacle ? Personne ne le saura.

Le spectacle se construit à partir de flash-back. Marie-Thérèse chez les Amis du soleil, Marie-Thérèse rencontre Rüdi, Marie-Thérèse apprend que son fils est homosexuel, Marie-Thérèse en parle à Jacqueline (sa meilleure amie) et Marie-Thérèse mène l’enquête. Pour un peu on retomberait en enfance lorsqu’on lisait Martine. Avoir imaginé un spectacle en souvenirs permet à Joseph Gorgoni et à son personnage de ravir aussi bien les fans que celles et ceux qui découvrent la mère de Choupette pour la première fois. Toutes les personnes qui suivent Marie-Thérèse depuis ses débuts se remémorent avec bonheur ses deux premiers spectacles. Sans jamais s’ennuyer pourtant : les gags font toujours mouche et les sketches ont été améliorés sans être dénaturés. Ce spectacle permet à ceux qui ne connaissaient pas la demoiselle – mais est-ce encore possible ? – de la découvrir dans toute sa splendeur et de remonter le temps afin de mieux situer le personnage dans son contexte.

Le spectacle n’est pas uniquement composé de flash-back, Marie-Thérèse est sur scène pour les faire vivre. Le moment le plus drôle de la soirée est sans doute le cours de la citoyenne d’honneur de Gland sur nos amis habitant de l’autre côté de la Sarine. Présentée d’abord à Paris et modifiée quelque peu pour l’occasion, cette leçon de géographie, de langue et d’ethnographie restera dans les mémoires. D’un comique mordant mais jamais méchant, Joseph Gorgoni caricature l’attitude qu’ont certains Romands vis-à-vis de leurs voisins. Les Suisses allemands présents dans la salle ont en pris pour leur grade mais ne s’en sont pas offusqués pour autant. Là est toute la force des auteurs de ce spectacle, Joseph Gorgoni et Pierre Naftule, ils attaquent les Suisses allemands, La Lopez du cinquième, les homosexuels et bien d’autres, tout en étant si décalés qu’il est impossible de prendre les paroles de leur personnage au premier degré.

Aujourd’hui Marie-Thérèse va mieux, elle a un nouveau chien, « le même que Bijou mais femelle, c’est Bijou sans les bijoux ! » baptisé Gourmette (ça ne s’invente pas). Il se murmure même qu’elle préparerait un spectacle pour 2009 destiné uniquement à la Suisse alémanique. Mais ceci est de la musique d’avenir. Le succès de « Soleil » contraint son personnage à revenir à Neuchâtel les 17 et 18 février pour deux représentations supplémentaires.