Édito

Croire aux sciences ou à son feeling ?

Viviana von Allmen
Plusieurs tendances ont contribués à la popularité actuelle des thérapies parallèles, en dépit de leurs rejets par la science.
La résurgence de la médecine « populaire » suit, pour une grande part, le retour nostalgique à la simplicité et à la spiritualité des néo-romantiques, des années 1960 et 1970. Les enfants de cette génération forment maintenant les rangs du mouvement New Age, qui promeuvent  avec enthousiasme toute forme de guérison « magique » ou non conventionnelle.
Les thérapies parallèles suivent le désir iconoclaste d’un retour aux temps anciens plus simples, et font naïvement confiance dans la bienveillance de la « Nature » oubliée, selon eux, en ces temps agités. Comment ce point de vue a-t-il bénéficié à la médecine non scientifique ?
En tant qu’application majeure du New Age, les thérapies alternatives partagent la vision magique du monde du mouvement. En donnant la primauté aux émotions, en tant que critères de vérité, plutôt qu’aux données empiriques et logiques, les gourous New Age arrivent à convaincre beaucoup de personnes que « tout va bien ».
Même chez les « élites », il y a des partisans engagés, défendant la notion selon laquelle l’objectivité n’est qu’une illusion et que l’intuition de chacun sur un sujet donné, détermine sa valeur.
En dénigrant la science, ces détracteurs ont élargit le champ de leurs partisans pour toutes sortes de produits et techniques médicaux pseudo scientifiques et magiques.
Le malaise social et la perte de confiance dans les formes d’autorité traditionnelles viennent de l’hermétisme accru des médecins. D’ailleurs ils n’ont plus le temps d’expliquer aux malades les origines de leurs maux. Certains même allèguent que ça n’en vaut pas la peine car la population n’a pas les moyens de les comprendre.
Le nombre annuel de visites chez des thérapeutes excède celles chez les médecins.
Les patients directement impliqués dans les traitements homéopathiques, de magnétisme, etc., y croient. Des témoignages fondés sur une guérison soutiennent et nourrissent le développement de ces thérapies.
Les débats entre les scientifiques, défenseurs des méthodes traditionnelles occidentales et les protecteurs des thérapies qui ont été importées de cultures non Européennes  peuvent s’avérer interminables.
Mais si on donnait le choix aux consommateurs quelle médecine adopter, ne serait-ce pas un sage compromis d’apprentissage et de liberté que chaque être humain devrait exercer au profit de sa santé?
A vous la réponse…

Portraît

Depuis 70 ans Photo Bart au service de l’industrie

Le monde une question d’images

Roland Bart s’est toujours amusé dans son métier. Son talent dans l’audio-visuel nous a légué le suivi des cours de photo à l’école d’art visuelle de Bienne. La firme photographique n’a jamais cessé de développer des nouvelles technique d’images.
Viviana von Allmen

L’entreprise familiale héritée par Roland Bart fut l’un des premiers magasin de photo de Bienne qui a gardé, comme la tradition le veut, l’ancien nom de Photo Bart. En 1932, dans l’actuel bâtiment de la Migros à la rue de la Gare, se faisaient les premières photocopies pour le monde de l’industrie. «C’était une question de confiance, à l’époque seuls les professionnels pouvaient produire des copies. Les industriels donnaient des documents à leurs chauffeurs qui emmenaient les précieux originaux chez le photographe et attendaient jusqu’à ce que le double fut fait» se souvient Roland Bart

À la fin de ses études le jeune Bart est indécis entre poursuivre en architecture ou le métier de photographe mais il finit par suivre un apprentissage dans le magasin de son père. « j’ai toujours aimé la photo mais je n’avais pas la bosse du commerce » insiste l’artiste
Tout au début, il exerce son métier à côté de son père mais il se passionne en photographiant des artistes du théâtre, -notamment la gestuelle de la pantomime de Peter Wyssbrot- et du cirque. « J’avais toujours la meilleure des places à chaque représentation du Knie» se rappelle Roland Bart.
Par la suite l’artiste est appelé par Peter Kunz pour produire un livre de recueils photographiques du cirque Knie, dont les questions conceptuelles ont été proposées par Mario Cortesi, un ami de toujours.   
Attiré par l’audio-visuel, il entre dans l’aventure du cinéma amateur avec des copains ; le début d’un grand succès. Leurs pellicules sont souvent sélectionnées par des Ciné-clubs et l’un des films parvient à gagner le prix du Bundesrat, dans les années 60. Dr. Guido Frei, alors directeur de la télévision suisse alémanique se déplace à Bienne pour visionner le film et propose à Roland Bart un stage à la DRS. «Un photographe n’est pas à la hauteur pour être cinéaste, s’il ne passe pas par une formation adéquate selon le directeur» évoque Bart avec un certain sourire.
Avant d’arrêter la production cinématographique, il présente un film professionnel à l’Exposition nationale de Lausanne de 1964.

L’école est un autre monde
Après l’apprentissage et la réalisation de divers films, il est contacté par son ancien professeur de photographie de l’école d’arts visuels de Bienne, qui lui exprime son désir de trouver un remplaçant pour ce cours. Sans grande conviction Roland Bart accepte de collaborer pour une période de 6 mois. Cela donne aux autorités l’opportunité de chercher un autre enseignant.
«Mais quand je suis rentré, j’ai aimé. Dès mes premières leçons je me suis rendu compte que je pouvais transmettre mes expériences, non pas d’une façon académique mais comme un partage. J’aime l’école, on est dans un autre monde. Mes précaires 6 mois de remplacement se sont transformés en 38 ans d’enseignement» se réjouit l’ex prof.
Le rôle de professeur et l’amour pour ses élèves ne lui permettent plus d’être multidisciplinaire. Petit à petit il renonce à la production cinématographique et télévisuelle, pour se consacrer à la photo, source d’inspiration, fil rouge de sa vie professionnelle.

Entrepreneur à 100%
La double casquette d’enseignant et d’entrepreneur ne lui fait pas peur. Photo Bart a toujours bénéficié d’une renommée pour  la précision de ses photos notamment dans les petits objets. «Quand le produit est au top de la qualité on veut le voir aussi parfait que quand on les a dans les mains. Quand l’image a de la classe le produit aussi» confirme l’artiste. Le bon contact avec le monde industriel de Bienne lui permet de bien gérer son emploi du temps. L’atelier Bart ne reste pas une firme photographique mais c’est dans les années 1980, avec l’entrée de Mme Chantal Krummenacher, que l’entreprise devient une agence d’image et graphisme.
Ses employés ? L’originalité de la structure de la boîte c’est qu’il n y a pas des employés mais des collaborateurs indépendants.

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Quatre questions  pour un passionné

La technique, un support de l’art

M. Roland Bart, où trouvez-vous vos idées de créations photographiques?
Dans la perception que j’ai de chaque élément. Ce sont les choses qui vous transmettent des idées. L’homme développe des techniques et copie les jeux de lumières qui se trouvent originalement dans la nature. Je reste toujours émerveillé par les contre-jours.

Comment avez-vous pu concilier l’enseignement avec le commerce ?
C’était une question de partage. N’oublions pas que le produit est toujours le même, la référence s’articule autour de la photo. Dans le domaine de l’enseignement on se ressource au travers de l’enthousiasme des élèves, et dans la recherche de nouvelles techniques. Pour l’aspect commercial, je suis encore une fois confronté à l’image et à l’éternelle découverte d’une nouvelle photo.  Mais ce qui m’a aussi beaucoup aidé, c’est que depuis tout jeune je dors seulement 5 heures par jour.

Exposez-vous vos photos dans des galeries ou vous présentez-vous dans des concours ?
Jamais par le passé. Je n’avais pas assez de temps à consacrer au travail qu’implique la préparation d’un exposition. Depuis que je suis à la retraite à l’école, je passe la plus part de mon temps à la prise de photo artistique. L’année prochaine je me présente dans une exposition à Blankenburg comme photographe libre.

La technique du numérique, va t-elle rendre la photo standardisée et va t-elle aussi faire disparaître le vieux film ?
On ne peut pas généraliser de cette façon. Il est vrai qu’aujourd’hui on est traqué par la vitesse on peut être performant grâce à la technique, alors nous répondons au besoin d’immédiateté. Mais sans réflexion.
Le besoin de la création demeurera, et la vraie photo, simple et forte, continuera de se faire dans les règles de l’art.
Je crois que le film va rester parce que sa durée de vie est de cent ans, supérieure donc aux autres supports.
V.vA