Le diabète, une maladie comme une autre ?

5% de la population suisse a été diagnostiqué diabétique par son médecin de famille, selon l’Office fédéral de la statistique, en 2012 . A l’échelle internationale, le diabète évolue et tout particulièrement dans les pays en voie de développement à cause de la malbouffe. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 438 millions de personnes seront atteintes d’ici 2030. Quelle est cette maladie? Quelles contraintes engendre-t-elle, et comment la vit-on au quotidien? A l’occasion de la journée internationale de sensibilisation du diabète, qui s’est déroulée le 14 novembre dernier, nous avons rencontré Michelle Beriger, 21 ans, diabétique depuis l’âge de 10 ans.


Le diabète en bref

Le diabète est un trouble de l’assimilation, du stockage des sucres apportés par l’alimentation. En gros, l’insuline, qui permet d’assimiler les nutriments, est secrétée en insuffisance, voire pas du tout. C’est le cas du diabète de type 1, aussi nommé diabète insulinodépendant, qui voit le corps détruire les propres cellules de son pancréas. Bien qu’elle puisse se déclarer à tout âge, cette maladie est plus fréquente parmi la jeune population. Le diabète de type 2 en revanche, fait rage chez les plus de 40 ans. Contrairement au premier cas, le corps continue de fabriquer de l’insuline mais pas en suffisance ou de mauvaise qualité. La maladie est dite évolutive et est causée par l’obésité ou un manque d’activité physique. Dans les deux cas, le taux de sucres ne pouvant être régulé par le corps lui-même, l’importance de l’apport externe d’insuline est nécessaire au bon fonctionnement. Même si l’on ne meurt pas directement de la maladie, les complications ne doivent pas être sous-estimées. L’excès de sucre dans le sang peut conduire à une altération des vaisseaux sanguins, ce qui amène à l’infarctus, l’ACV ou même la cécité ainsi que la dégénérescence des tissus musculaires des membres, tel le pied.

Les contraintes
Michelle, jeune ingénieure de l’environnement vivant à Bienne et étudiant près de Zürich, est atteinte du diabète de type 1. Elle est donc contrainte à s’injecter 4 à 5 fois doses quotidiennes d’insuline: «quand j’ai le taux de sucre trop élevé, j’ai très vite mal à la tête et au contraire, quand j’ai trop peu de sucre dans le corps, j’ai tendance à me sentir très faible et je risque de tomber dans les pommes.» Même s’il elle avoue avoir la chance de pourvoir à une alimentation plus ou moins « libre », elle n’en demeure pas moins restreinte quant à la quantité des nutriments ingurgités. «Par exemple, j’ai appris par l’expérience que mon corps était capable de bien absorber les fructoses. Je peux donc manger une à deux pommes sans devoir me piquer au préalable. Par contre, pour le reste des glucides, je dois m’injecter avant de manger, la dose d’insuline nécessaire. Les médecins m’ont conseillé de favoriser les sucres lents comme le pain complet, les pommes de terre.» Les glucoses qu’on retrouve dans le chocolat ou certains desserts sont à prendre avec des pincettes. «Plus jeune, j’étais suivie par une diététicienne et je devais peser tous mes repas mais j’ai vite appris à juger les aliments et les quantités à l’œil, ce qui m’a beaucoup facilité la vie».

Les coûts
Même s’il est rare qu’on en meurt dans des pays comme le nôtre, il n’en demeure pas moins que le diabète ne se guérit pas. Par conséquent, les frais engendrés par les soins sont relativement chers. « Pour un mois, j’ai besoin de deux flacons d’insuline différents et une petite bouteille me coûte environ 100 fr. Les petites bandelettes me permettant d’analyser mon sang me coûtent un franc la pièce et j’en ai besoin d’environ 6 par jour. » Heureusement, la caisse maladie rembourse les frais occasionnées bien que Michelle doive tout de même prendre 10% à sa charge. « Ma caisse maladie me coûte plus cher que tout le reste ! »

Le déclenchement
«Mon père a le même type de diabète que moi et ma grand-mère était de type deux mais les médecins m’ont toujours dis que ça n’avait rien à voir avec la génétique.» Ses parents s’y connaissaient un peu et c’est en constatant que leur fille avait toujours soif qu’ils ont soupçonné un diabète. «C’est un peu comme quand tu manges un repas salé et que t’as toujours soif. Mais tu bois et ça ne part jamais ! »

Préjugé et ressenti
Les déplacements se faisant régulier et les espaces intimes n’étant pas toujours à disposition, Michelle est souvent amenée à s’injecter de l’insuline dans des lieux publics. Elle constate que les gens qui l’interpellent, en règle générale, savent ce dont il s’agit mais que tout de même, la symbolique de la seringue dérange. «Une fois une dame dans le train m’a regardée en me disant que j’étais courageuse de faire ça aux yeux de tout le monde. Après avoir précisé que j’étais diabétique, elle s’est excusée. J’ai pensé que vous preniez votre shoot, m’a-t-elle dit.» Hormis cet exemple très explicite, Michelle souligne le fait que les gens sont très tolérants vis à vis de ses piqures. Le diabète étant plutôt discret, la plupart des personnes ne remarque même pas qu’elle en est atteinte.
Bien qu’elle affirme la vivre plutôt bien du fait qu’elle a toujours vécu avec sa maladie, ce n’est pas le cas pour tout le monde. En effet, le diabète peut se déclarer à n’importe quel âge. «Je me souviens d’un ami, que j’ai revu cet été et dont j’ignorais qu’il était diabétique. J’ai vu qu’il se piquait, ce qui m’a permis de lui poser la question et nous avons beaucoup échangé à ce propos. Chez lui, sa maladie s’était déclarée récemment et il avait énormément du mal à l’accepter. Il était tout content de savoir qu’il n’était pas seul à être atteint. Cet échange m’a permis de me poser la question : que serait ma vie sans le diabète ? Je n’y avais jamais pensé parce que j’ai vécu depuis gamine avec et que pour moi cela était mon quotidien.» Relativisant sa maladie, Michelle avoue avoir de la chance comparé à d’autres pathologies plus graves : «Le diabète n’entrave que très peu ma vie de tous les jours, mais il me pose surtout une limite quand à mon indépendance.»

Simon Zulauf

Pour en savoir plus sur le diabète : FID : Fédération Internationale du Diabète | Diabète-AFD

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