Du haut de son escalier, c’est d’un œil sévère qu’elle regardait défiler ses modèles, repensant chaque vêtement, chaque détail qu’elle n’aurait finalement pas réalisé de la sorte. Coco était une femme de caractère qui savait exactement ce qu’elle voulait. Jamais elle ne s’est mariée. Elle travailla jusqu’à sa mort, un dimanche de Janvier 1971. Jour du repos, jour qu’elle détestait.
Photo : Web
Audrey Tautou est Chanel dans Coco avant Chanel, film réalisé par Anne Fontaine sorti en 2009. Il retrace la vie de Gabrielle Bonheur Chanel, une petite fille placée par son père dans un orphelinat avec ses deux sœurs. D’origine modeste, elle chante dans le café-concert « La Rotonde » pour gagner sa vie, rêvant des planches de Paris. De son surnom Coco, choisi par les officiers formant son public, pour avoir beuglé Qui qu’a vu Coco dans l’Trocadéro, Gabrielle a la voix bien faible ; elle ne sera jamais chanteuse. Elle coud aussi… de simples ourlets à refaire dans la boutique d’un tailleur de province.
31, rue Cambon
Sa mince mais jolie silhouette séduit Etienne Balsan, un officier, un homme du monde. Il lui fait découvrir la vie de château dans son domaine de Royallieu mais Coco s’ennuie. La haute société ne lui convient pas tout comme ses premières robes cousues main qui détonent du style extravagant de l’époque. Ça ne lui plaît pas à Coco tous ces froufrous, ces plumes, ces monstrueux chapeaux, ces corsets qui empêchent de respirer. « Trop de maquillage, trop de froufrous, trop de tout. »
Son style se veut austère, emprunt de l’atmosphère dans laquelle a baigné son enfance. Du noir, du blanc, du beige peut-être. Elle s’impose dans un monde d’hommes où la femme se voit dissimulée sous des artifices. Les vêtements de ses amants l’inspirent. Elle libère la femme du corset, efface la taille, raccourci la longueur des jupes, fait du tweed sa marque de fabrique tout comme le tailleur. La haute couture se voit révolutionnée : les codes masculins-féminins se mélangent, les matières s’adaptent au quotidien, le noir devient une couleur. Petit clin d’œil à la « petite robe noire », devenue un classique indispensable à toute garde-robe.
31, rue Cambon à Paris. C’est là que fut ouverte la première boutique Chanel. Là encore que furent vendus les premiers chapeaux de Coco. Une odeur de N°5 y flotte encore, dans l’escalier aux miroirs fragmentés. Le siège de Coco, de Chanel, « sa vie et son enfant, devenu avec le temps sa carapace ».
Karl pour Coco
Ce film est plat, trop peut-être mais c’est là qu’il puise son charme. Il est juste cependant. Tout comme le directeur artistique de la maison Chanel depuis 1983, Karl Lagerfeld, lorsqu’il évoque la personnalité de Gabrielle : « Brune. Nerveuse. Méchante. Pas une victime. J’aime les femmes qui font chier les hommes. Jamais de ma vie je n’ai vu une embobineuse pareille. ». Les mots semblent durs mais la « grande Mademoiselle » ne prenait pas de gants, elle non plus. Le coiffeur Alexandre, dans une interview de 1975, confirme la force de caractère qui l’habitait : « De temps en temps, elle sortait et disait une méchanceté ». Selon Malraux, trois grandes figures allaient marquer le XXème siècle en France : de Gaulle, Picasso et Chanel. Pari réussi.
C.
A voir
Coco avant Chanel d’Anne Fontaine. Avec Audrey Tautou (2009, 1h50)
Scène finale de Coco avant Chanel http://www.youtube.com/watch?v=UuqscnQJQpQ
Coco Chanel parle de l’élégance http://www.youtube.com/watch?v=qu3-Z32ljIE
Once Upon A Time, un film de Karl Lagerfeld pour Chanel http://www.dailymotion.com/video/xzr4mx_once-upon-a-time-un-film-de-karl-lagerfeld-pour-chanel_creation