Eclairage

Noël : fête chrétienne et christianisée

Tout le monde pense connaître l’origine exacte des deux principales fêtes du mois de décembre. Voici un éclairage sur le mythe et la réalité au sujet de Saint-Nicolas et de la fête de Noël.

L’origine de Saint-Nicolas
Saint-Nicolas est né à la fin du 3e siècle au sud de l’actuelle Turquie. Il était évêque de Myre et on le connaissait pour sa très grande générosité envers les pauvres. Lors des croisades, un chevalier lorrain a retiré ses reliques de l’église de Myre pour les offrir plus tard à l’église de Port, en Lorraine. Devenue lieu de pèlerinage, la ville est alors rebaptisée Saint-Nicolas-de-Port. Ce brave homme originaire de la Turquie devient le saint patron de la Lorraine. Une chanson populaire raconte l’histoire d’un miracle attribué à Saint-Nicolas. On parle de trois enfants qui se sont égarés dans les champs. La nuit tombée, ils frappent à la porte d’un boucher qui les tue et les découpe pour les mettre au saloir. Sept ans plus tard, Saint Nicolas passant par là, les ressuscite. Ainsi, il devient le protecteur des enfants.
Son mythe atteint l’Atlantique grâce aux Hollandais. Son nom est américanisé en «Santa Claus». Cependant, Saint-Nicolas ne peut pas apporter des cadeaux à tous les enfants du monde le même jour. Donc, il vient plus tard qu’en Europe et c’est ainsi qu’ils ont choisi la veille de Noël pour l’arrivage de cadeaux. «Santa Claus» se transmute en homme de Noël et le saint devient laïc, débarrassé de sa mitre et de sa crosse. Au 20e siècle, il devient représentant de commerce de la société de sodas, Coca-Cola. C’est grâce à leurs publicités en 1930 et en 1950, que «Santa Claus» gagne de la popularité partout dans le monde.
Après la Saint Nicolas, on se prépare pour la plus grande fête de fin d’année, Noël. Les enfants veulent tous un sapin. Cette coutume a ses racines en Allemagne, notamment dans le protestantisme. Les santons et les représentations de Jésus et de Marie dans la crèche n’étant pas compatibles avec les convictions du monde réformée, ils ont choisi le sapin de Noël comme symbole pour cette période de l’année.

L’anniversaire de la naissance du «Sol Invictus»
Noël vient du latin «Natalis» (le jour) et représente l’anniversaire de la naissance du «Sol Invictus» (le soleil invaincu). Cette fête eut lieu le jour du solstice d’hiver, le 21 décembre. C’est à cette date que le soleil renaît et que les journées redeviennent plus longues. Quand Jules César réforme le calendrier, le solstice d’hiver tombe un 25 décembre. À l’origine, c’était la fête du soleil, mais son but premier fut détourné plus tard par l’Église. Elle décréta que Jésus était aussi le Christ Soleil, alors son jour de naissance ne pouvait être que le 25 décembre. Pour certains chrétiens, l’Épiphanie joue un rôle plus significatif que Noël. Jusqu’à la moitié du siècle passé, on accordait plus d’importance à la crèche et au culte des trois rois. L’Epiphanie est souvent considérée comme la manifestation de Jésus en tant que Messie d’Israël, Fils de Dieu et sauveur du monde.
SdS

Musique

Spécialement Noël

Viviana von Allmen

Dimanche à l’église du Pasquart à Bienne, et dans la plus ancienne tradition européenne de la musique, c’est célébré le somptueux concert de Noël. La Société d’orchestre de Bienne a présenté un programme de musique de chambre baroque.
Le récital débute par l’œuvre de Dietrich Buxtehude, «la troisième Sonate à due op 1», qui au tempo d’adagio situe le public dans un décor de la renaissance. Puis au mouvement d’allegro la mélodie remémore les anciennes cours et leurs danses, mais c’est le clavecin, joué en toute pureté par Kathrin Nünlist, qui marque les mouvements de la Sonate. Suit  «Le virtuose agréable» de Johan Matthenson, où Beda Mast et sa virtuosité d’ interprétation de la flûte, nous transporte dès le début dans les paisibles prairies du dix-huitième siècle, pour finaliser sur le tempo de Gavotta au rythme de joie. La troisième œuvre extraite de «Quadri» de George Philipp Telemann réunit tous les musiciens. Le public est particulièrement sensible au jeu de réponse auquel se livrent les instruments, tantôt le violon et la flûte puis le violoncelle et le violon dans une complicité charmeuse. Dès que l’orchestre entame les premières notes de la Sonate en sol mineur de Jean Sébastien Bach les têtes du public bougent en cherchant l’instrument original (la viole de gambe) au centre de l’autel. Peine perdue, cet instrument du XVe siècle est avantageusement remplacé par le jeu subtile du violoncelle et de la basse. Cette mélodie divine charme ses auditeurs. Le concert s’est achevé par une magistrale exécution du Sixième Quatuor pour cordes de 1738 de George Philipp Telemann composé lors du séjour de l’auteur à Paris. Tous les acteurs musicaux sont là pour nous enchanter par cette ligne mélodique d’une incroyable pureté. Dans le mouvement Distrait la flûte et le violon sont en parfaite harmonie, l’un seconde l’autre  pour finir à l’unisson. En opposition au tempo Modéré où le premier instrument exécute sa partition en piano, le deuxième lui répond comme un écho en forte, semblant lui raconter une histoire pour l’amener à jouer de connivence. Les applaudissements chaleureux qui ont accueilli ce concert sont réjouissants. L’église du Pasquart décorée d’une exposition de dessins d’enfants sur le thème de Noël offrait ainsi un cadre empreint de rêveries pour ce merveilleux concert de la SOB.