Portrait

Son travail, le journalisme, son plaisir, les batraciens

Blaise Droz d’origine jurassien et père de deux fils, confesse d’être un solitaire aimant sûr tout de la nature et défenseur de l’écologie.

Ancien herpétologiste, c’est à l’âge de 42 ans qu’il rejoint les tribunes du journalisme.
Tous les chemins mènent à l’écriture ?

Il commence comme étudiant dans un laboratoire médical et obtient un certificat de la Croix –Rouge. Il y reste 10 ans, mais déjà il organise des expositions sur les reptiles et batraciens, son but didactique est de rassurer les gens dans leurs relations avec ces animaux. «Il existe un mythe ancestral chez l’être humain par rapport au reptile», explique l’herpétologiste
En suite il est appelé par des écoles primaires pour donner des cours de familiarisation avec ces animaux. Il regrette toutefois,  qu’après ses cours les parents réfutent la sensibilité acquise par les élèves par un simple «tu ne touches pas à ces animaux». Mais il est confiant et pense que tout n’est pas perdu «J’espère d’avoir contribué chez les jeunes, à une meilleur perception de la vie sauvage», ébauche Blaise Droz.
Quelques années plus tard il se met à son compte et fournis du «venenum»  pour des laboratoires de recherche. Le marché est prometteur, mais rapidement, le rapport qualité prix devient un problème. «En 1987 j’ai commencé à faire des piges (des articles de vulgarisation) pour des laboratoires, notamment dans le domaine lié à la faune. Suite à mes piges et pendant 5 ans, j’ai été engagé par un bureau de biologistes, où se réalisaient des études sur l’environnement», se souvient le rédacteur.
C’est en 1993 que le secteur a connu une crise économique et ses mandats furent annulés.

Les médias
Ayant pris goût à la communication par l’intermédiaire de l’écriture, il se tourne vers la presse écrite. Il présente ses travaux sur la nature et l’environnement au Journal du Jura, mais ça n’intéresse personne. Il se détourne provisoirement des sujets de l’environnement et se redécouvre une ancienne passion: le Hockey sur glace «Le langage du sport est complexe à cause de la stratégie du jeu, mais reste forte intéressant» souligne le rédacteur.
Il collabore aussi avec Le Matin et Pays et démocratie (aujourd’hui le Quotidien Jurassien). Souriant, il nous confie «Les articles de sport peuvent nous entraîner dans une certaine routine, mais grâce aux rebondissements de l’actualité, il nous faut, en tant que rédacteur, courir plus souvent qu’à son tour».

Ses loisirs
Journaliste à 100%, il consacre ces vacances et loisirs à photographier l’ensemble de la faune thaïlandaise, qu’il retrouve toujours avec la même passion de ses débuts. Ces clichés sont destinés, notamment, à son site Internet et à préparer des expositions. Modeste, il avoue tout de même, avoir contribué en Thaïlande, à la découverte de nouvelles espèces, entre autres dernièrement, des vertébrés. Après avoir présenté mes photos, j’ai passé le témoin aux scientifiques.

Depuis tout petit il a été attiré par la forêt jurassienne, aujourd’hui ses recherches dans la jungle le fascinent et le transforme en aventurier des temps modernes.

V.vA

Théâtre

Une vie en bobines

Viviana von Allmen

Au Théâtre Municipal de Bienne Peter Wyssbrod a une fois de plus conquit son public dans un monodrame signé Samuel Beckett
L’auteur de « La Dernière Bande » l’idée moderne et théâtrale de remplacer la page et l’écriture par le magnétophone et le ruban, concrétisations visuelles du passage du temps.
Dans « La Dernière Bande », une mise en scène de Hans J. Ammann, il s’agit d’un monodrame sans intrigue où un vieillard, Krapp, se confronte à divers moments de sa vie passée, en écoutant des bobines de magnétophone où il s’est enregistré lui-même, trente ans plus tôt. Bien qu’on ne voie sur scène qu’un seul personnage, le monologue tourne au dialogue; une conversation s’établit entre le vieillard trébuchant et le Krapp à la voix vibrante remplie de tous les espoirs qui nourrissent ses projets d’avenir. Rarement, la pluralité désespérante des temps qui composent une vie d’homme a été mise en valeur ainsi, et cela grâce à l’emploi d’un appareil dont l’usage commençait à peine à se vulgariser quand la pièce fut écrite. Krapp écoute, incrédule, les mots du jeune homme éteint. Traces éphémères et illusoires qui traduisent pourtant une fulgurante envie de présent.
Peter Wyssbrod, toujours aussi étonnant, porte à l’incandescence la sombre lumière et joue avec une magnifique pudeur. Cet homme entouré de nuit, maniaque mangeur de bananes, buveur invétéré, écoute une bande enregistrée trente ans auparavant, quand il avait trente neuf ans. Et nous étale, désespérément grognon, son délabrement physique : myopie, surdité, voix cassée, toux, démarche incertaine… Et jusqu’à la nécessité humiliante de rechercher dans le dictionnaire le sens des mots qu’il employait jadis. Il lui reste, dans le vide et le silence, à déguster… la banalité ! Celle du mot “bobine”, par exemple… Et, tout de même, le souvenir navrant du seul instant heureux de sa vie : une promenade en barque, au milieu des roseaux d’un lac, en compagnie d’une femme qu’il a aimée. Ce que le talent de l’acteur ajoute comme une évidence, c’est la profonde humanité du personnage, l’éloquence émouvante de ses silences, de ses regards, de ses gestes… Une passionnante leçon de théâtre.
La représentation vient de se terminer. La salle est habitée par l’énergie de la pièce que l’on vient d’y jouer. Chez les spectateurs, l’émotion est encore là, sur le point de se transformer en réflexions, en idées.

V.vA