Portrait

Un journaliste de Bienne

D’origine biennoise, Renaud Jeannerat, 44 ans, marié et père de deux enfants, est journaliste dans le plus grand hebdomadaire de la région, BIEL BIENNE. Pour lui, l’intérêt principal de ce métier, est d’être proche des gens.

Se destinant à une carrière d’enseignant, il sort diplômé de l’Ecole Normale au début des années 80; mais la chance et le marché du travail ne lui sourient pas dans ce domaine… C’est alors qu’il se lança dans l’aventure «Canal 3», emboîtant le pas à quelques amis. Pendant 6 mois, il touchera à tout. « La radio c’est un mode de communication très intéressant. Le côté technique me plaisait beaucoup, c’est captivant de  découvrir les secrets d’un studio, du montage, et en même temps de gérer toute une émission entièrement seul », confie Renaud Jeannerat. C’est au cours de cette expérience qu’on lui proposa un nouveau challenge, un poste au télétext romand, créé à Bienne la même année. Il débuta comme stagiaire, grimpa les échelons pour devenir responsable de la rubrique étrangère, puis adjoint du rédacteur en chef romand, et restera finalement une dizaine d’années dans cette grande entreprise biennoise. « C’est passionnant, affirme-t-il, de faire la synthèse de l’actualité internationale, et de pouvoir suivre, par exemple, la guerre du Golfe en direct. »

Après dix ans d’activités dans les médias électroniques, Renaud Jeannerat profita d’une nouvelle opportunité pour entrer dans la presse écrite. Il continua donc son ascension cette fois dans l’hebdomadaire BIEL BIENNE et occupe toujours le poste de rédacteur responsable romand. Il reconnaît beaucoup d’avantages à évoluer au sein d’une petite structure souple. «Il n’existe pas de chefs de rubrique, peu de spécialisation et peu de hiérarchie, la liberté d’écrire est grande et la pression faible. Travailler dans un hebdomadaire apporte également un peu plus de tranquillité et de temps les soirs et week-ends», avoue le journaliste.
Pour définir son rôle, on peut dire que c’est un poste de coordination. De la planification au bon à tirer en passant par la rédaction, la mise en page, les traductions, le choix des illustrations et bien sûr le lectorat, rien ne lui échappe et il apprécie particulièrement cette diversité. Pour lui, le plus important reste la proximité avec les gens. Grande différence après avoir traité l’actualité internationale, que de se retrouver au coeur des événements. «C’est très stimulant de pouvoir s’impliquer dans la vie de la région, la politique et d’être aux premières loges lorsque se prennent les décisions», se réjouit le rédacteur. Il défend le journalisme d’information pure et dénigre celui d’a priori. D’après lui, le but premier est de permettre aux lecteurs de se forger leur propre opinion et non celui d’apposer une opinion personnelle. Dans notre pays de «luxe médiatique», il déplore de plus en plus la qualité des quotidiens qui mélangent sans complexe sensationnalisme, actualités et commentaire. « Le journalisme doit s’attacher aux faits, mener une enquête complète et laisser primer le doute » affirme le journaliste.

Quant au futur, pas de changement fondamental en vue. La télévision et ses projecteurs n’attirent pas Renaud Jeannerat qui maintient ne pas avoir besoin de se montrer pour informer et préfère continuer à creuser l’écriture. Il se réjouit de pouvoir fêter les 27 ans du journal BIEL BIENNE en 2005.

C.J.

Portraît

Monsieur Werner habille les femmes

De la haute couture dans la capitale seelandaise

Zurich-Paris-Bienne. La maison de haute couture Werner Weber habille les amoureux de l’élégance classique depuis 27 ans. A chaque Printemps/été, automne/hiver, le styliste biennois présente ses collections au musée Neuhaus. Rencontre avec un passionné de tissus.

Viviana Von Allmen

Le plus frappant chez Werner Weber c’est son rire. Un rire qui peut exprimer un oui, un non, mais toujours complice. Notre homme porte, aujourd’hui, un pantalon en cuir noir, une chemise à fines rayures et une cravate nouée à « la mode Werner « . Une coquetterie qui distingue le couturier biennois. Situé au n° 20 de la rue Charles Neuhaus à Bienne, son atelier est décoré sobrement. Werner Weber n’aime pas les portes. Elles ont été remplacées par des rideaux, permettant ainsi à ce dynamique créatif de se déplacer sans entrave.

Petit, le styliste jouait avec les poupées de sa soeur, pour lesquelles il s’était mis à confectionner des habits.  » Mon attirance pour le métier est venue plus tard « , précise Werner Weber. Ce natif de Lyss, que l’on pourrait prendre pour un avant-gardiste, mais qui se définit comme un classique élégant, a été élevé dans la plus stricte culture d’une famille de commerçants.  » Très jeune, j’observais ma mère portant ses toilettes, puis rapidement je me suis mis à la conseiller avec beaucoup de plaisir « . Son
attrait pour les tissus et les formes l’a marqué à jamais. Sa voie était toute trouvée !

Après un apprentissage à Zurich, il s’envole pour Paris ou il travaille chez Christian Dior pendant trois ans. L’ambiance chez ce « Dieu » de la couture lui donne envie de voler de ses propres ailes. De retour en Suisse, il cherche un atelier. Sans succès. Il trouve un emploi chez Parpan à Berne. Trois ans plus tard, l’atelier ferme ses portes. Le moment est donc venu. « Je ne pouvais pas laisser cette passion !  » se répétait sans cesse Werner Weber. Poussé par de nombreux clients, il s’établit à Bienne en 1977. Sa clientèle issue des milieux aisés de Bienne et de Zurich le sollicite souvent pour la confection de robes pour des événements importants comme des mariages. On lui demande même de fournir la pochette et les souliers assortis.

Les dames de bonne société le recommandent à leurs filles. Quelques hommes font partis de ses clients. Mais Werner Weber préfère de loin habiller les femmes parce qu’elles lui laissent plus de liberté pour ses créations.

Pour trouver son inspiration, le couturier aime retourner à Paris. Dans les rues de la Ville Lumière, des idées de robes surgissent dans l’esprit du créateur. Mais au moment de la création des dessins, Werner Weber écoute des opérettes italiennes ; ses véritables Muses d¹inspiration. D’ailleurs il
confesse que les femmes italiennes, depuis toujours, savent porter la mode et la mettre en valeur. Pour éviter de mauvais passage dans sa vie professionnelle, le styliste doit suivre, frénétiquement, les changements de la nouvelle industrie du textile.  » Je fais de nombreux voyages à Côme en Italie, le centre par excellence du tissu », rajoute Werner Weber. Les étoffes lui transmettent des vagues d’émotions. Fugace, il se lève, va chercher une des dernières nouveautés en matière laine, caoutchouc.  » Touchez, le tissu est tellement fin  » dit Werner avec ferveur. Et il ajoute: « Je me rappelle que Napoléon avait des appréhensions par rapport au cachemire. Les artisans de l’époque devaient le mélanger avec de la soie ». Aujourd’hui, la technologie permet de combiner presque tous les matériaux pour donner une structure inimaginable aux tissus.

Avez-vous une idole ?
Mark Bohan, ex-créateur chez Christian Dior. Il avait l’art d’habiller les rondeurs naturelles des femmes. Il aimait la gente féminine et mettait ses valeurs au service de l’élégance. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La plupart des couturiers essaient de se faire un nom avec des vêtements
extravagants, souvent difficile à porter en public.

Quels sont les moments que vous appréhendez le plus, avant, pendant ou après un défilé?
Je n’ai pas de préoccupations particulières pour les préparatifs ou le déroulement de mes défilés. J’ai une confiance extrême en mes collaborateurs et personnellement je suis l’événement du début à la fin. Je garde, tout de même, très jalousement les critiques de mes clients, mais surtout je savoure les commentaires qui durent des semaines et des semaines dans l’atelier après chaque défilé.

Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune artiste qui se lance dans la mode ?
Tout d’abord, je pense que tous les jeunes doivent faire preuve de patience ! C’est ce que je répète sans cesse à mes apprentis. Comme notre métier est encore plus exigeant que les autres professions, ils doivent faire preuve,au début, de beaucoup de fantaisie et d’enthousiasme. Mis à part le domaine
technique ou la pratique, les deux qualités essentielles sont l’endurance et la ténacité. Le monde de la mode est un monde sans pitié.
V.vA