Portraît

Lucia Bonadei s’impose dans le domaine de l’industrie mécanique

Le monde de l’industrie mécanique intéresse aussi les femmes. Lucia Bonadei, mère de famille de trois enfants, dirige avec passion et dynamisme depuis 1997, l’UMC SA à la Neuveville, spécialisée dans la sous-traitance médicale.

Viviana von Allmen

«Je suis une autodidacte qui a toujours envie de se dépasser» confie Lucia Bonadei. Ce bout de femme énergique est à la tête de l’entreprise neuvevilloise UMC SA. Pourtant rien ne prédisposait cette mère de famille de trois enfants à intégrer le cercle restreint des 20% des femmes industrielles de notre pays. Ancienne employée de commerce, Lucia Bonadei s’est lancée corps et âme dans sa nouvelle fonction avec son instinct pour meilleur allié. Elle ajoute: «Aujourd’hui je suis une entrepreneur volontaire».

«Elles possèdent un don inné pour la dextérité manuelle»

En 1997, Lucia Bonadei reprend l’ancienne usine de mécanique, modernise les équipements, se consacre à la production de paniers métalliques pour le lavage et la stérilisation des instruments médicaux et développe la sous-traitance dans le secteur médical. En avril 2002, l’UMC SA s’installe dans un bâtiment flambant neuf à l’entrée de la Neuveville. «J’ai choisi cette localité pour être plus près de nos clients et parce que la Promotion de la commune y a favorisé notre implantation», explique la jeune femme.

L’originalité de l’UMC SA n’est pas seulement d’être dirigé par une femme, 60% de son personnel est féminin. «Elles sont plus soigneuses, rapides, moins souvent malades et possèdent un don inné pour la dextérité manuelle», raconte la directrice qui se passionne pour le travail de la transformation de la matière de base. Jour après jour, elle doit se familiariser avec les nouvelles techniques d’usinage. Il est important d’être flexible et dynamique pour rester dans la course. «J’ai ma recette: de la volonté, un peu d’inconscience, des envies, une passion démesurée, mélanger le tout énergiquement et le boire sans modération tôt le matin.»

«Je compte partager les commandes de l’entreprise avec mes enfants»

Etre une femme dans un domaine d’activité réservée aux hommes ne va pas toujours de soi. Quelques années auparavant, les femmes à la tête d’une entreprise faisaient plutôt sourire leurs homologues masculins. Mais les mœurs ont changé. «De nos jours, les hommes apprécient les femmes cheffes d’entreprise à leur juste valeur», souligne Lucia Bonadei. Elle reconnaît que de temps en temps lorsqu’elle doit faire face à des difficultés, elle trouve des alliées auprès d’autres collègues femmes. «Je fais partie de plusieurs associations réunissant des femmes de carrière. Nous nous comprenons, nous nous soutenons et nous partageons les moments difficiles. «Une dirigeante a le don de l’organisation et un sens pratique, elle sait concilier sévérité tout en faisant preuve de psychologie», dit Lucia Bonadei.

A 39 ans, elle incarne l’exemple vivant d’une femme capable de concilier son rôle de mère et d’entrepreneur. «Même s’il n’est pas toujours facile d’assumer les responsabilités de dirigeante d’entreprise, dans le peu de temps que je consacre à mes enfants, je privilégie la qualité.» Elle suit de près la scolarité de ses enfants et aimerait un jour qu’ils reprennent le flambeau à la tête de l’usine mécanique. «Je compte partager dans le futur les commandes de l’entreprise avec mes enfants dans l’esprit des PME familiales qui ont fait la gloire de notre industrie suisse».

Je savoure les fruits de mes efforts

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans votre parcours professionnel depuis que vous êtes à la tête de l’UMC SA?
Le problème le plus important s’est présenté dans le domaine de la technique. J’ai dû tout apprendre de A à Z avec de nombreuses difficultés. Toutes les informations m’ont été transmises en doses homéopathiques par des hommes.

Peu de femmes sont des dirigeantes d’entreprise pour des raisons familiales. Or, pourquoi ce problème ne s’est-il pas posé en ce qui vous concerne ?
J’étais bien obligée de subvenir aux besoins matériels de ma famille, vue que je suis dans une situation monoparentale. Aujourd’hui, mes enfants et moi-même pouvons savourer les fruits des grands efforts que j’ai dû fournir au début.

Pensez-vous à ce sujet, qu’il faut prendre des mesures en faveur des femmes au niveau politique suisse ?
Oui. Il faudrait placer davantage de femmes dans des postes où elles doivent prendre des décisions en toute connaissance de cause. Il serait souhaitable également d’éradiquer l’idée que la famille se situe uniquement dans un domaine privé. Elle touche aussi le domaine professionnel.

Finalement, est-ce qu’il est facile d’être cheffe d’entreprise ?
Ce n’est pas facile ! Il faut avoir assez d’imagination pour remplir les carnets de commandes dans des nouveaux marchés, en sachant que l’on est responsable des salaires de 20 familles.

V.vA

Voyage

Les tropiques à l’américaine

L’île de Maui, au nord de l’archipel d’Hawaï, a servit de décors à Laurent Wyss, réalisateur à TeleBielingue, pour un mois de détente sous l’ombre des palmiers. Au delà du dépaysement, de la surf culture et de la nourriture organique, c’est également un voyage dans le 50ème  état des Etats-Unis. Un pays où la paranoïa sécuritaire peut parfois transformer un  simple incident en un mauvais film hollywoodien.
Julien Grindat

Plus que 7 minutes. Enfin. Après plus de 12 heures à narguer les nuages, je vais tantôt retrouver la terre ferme. Ces quelques instants dérisoires me paraissent toutefois bien plus longs que toutes ces heures qui ont défilées sur mon petit écran. Je constate que les chiffres indiquant notre altitude s’affolent. Nous entamons la descente. Je ne prête même plus attention à la voix du commandant de bord qui résonne dans les haut-parleurs du cockpit. Du moins jusqu’à ce que le mot «unfortunatly» s’échappe des autres et parvient jusqu’à mes oreilles. Poisse, la visibilité n’est pas assez bonne et la loi aéronautique américaine ne permet pas d’atterrir dans ces conditions. Notre équipage et donc contraint de nous emmener à quelques centaines de kilomètres de Seattle, afin d’atterrir sur une base d’entraînement militaire. «Eh ben ça promet…», me dis-je tout bas.
Inconfortablement recroqueviller à même le sol, mes yeux s’entrouvrent. Apparemment, rien n’a bougé depuis tout à l’heure. Des dizaines de personnes somnolent  ici et là. Les gardes armés quadrillent le périmètre. Pas de doute, je ne rêve pas et je suis toujours parqué avec mes amis et les autres passager dans ce no men’s land. L’endroit prête à la paranoïa. La scène me projette dans un film dépeignant l’Amérique profonde  Je suis à Lake Moses, terre d’accueil provisoire en raison des conditions météorologiques. Pourquoi ne sommes-nous pas encore repartis ? Une attente interminable me l’a fait oublier. Je sais cependant que les lois américaines de dédouanages ainsi que le zèle des autorités sont responsables des 12 heures d’attentes contre lesquelles nous venons de lutter à l’intérieur de l’appareil et dans ce hall d’attente. 12 heures d’attentes et deux passager évacués pour un malaise ont été nécessaire pour remédier à de simples précautions administratives. Welcome in the USA !
La parenthèse du voyage refermé, je reconnecte mon esprit sur le mode vacances. Les vagues, le soleil et les palmiers de Maui suffisent à ma béatitude. C’est au moment de rejoindre le pick up sur le parking d’un super marché que tout se déballe à mes yeux. Point commun entre tous ces véhicules mis à part un numéro d’immatriculation et leur démesure ; un autocollant «Support our Troups», bien en évidence. Le décors est posé. Je m’apprête à passer un mois sur une île paradisiaques qui, tout en se démarquant des autres, est le 50ème état d’un pays en guerre.
Propos recueillis par Julien Grindat