Reportage

La votation fédérale sur les accords bilatéraux d’association à l’Espace Schengen et à l’Espace Dublin: Non, au nom d’une Suisse plus sociale et moins policière

David L’Epée, âgé de 22 ans et étudiant ès lettres et sciences humaines à l’Université de Neuchâtel est un des militants du mouvement de gauche «SolidaritéS». Tout en s’affirmant en tant que pro-européen, il explique pourquoi la question sécuritaire, la sacralisation du secret bancaire et un droit d’asile peu humanitaire le poussent à voter contre les accords de Schengen/Dublin lors des votations du 5 juin prochain.


Pourquoi dites-vous Non à Schengen?
David L’Epée: La raison principale est la question sécuritaire. Les accords de Schengen prévoient moins de contrôles aux frontières et plus de contrôles à l’intérieur du pays. Ceci est problématique, car l’Europe qu’on nous prépare va de plus en plus dans le sens d’un empire vraiment sécuritaire. En Suisse, on a pu constater ces dernières années une augmentation de la présence policière à cause d’un sentiment d’insécurité, alors que nous ne faisons pas partie de l’Union Européenne.
La deuxième raison est que, si on est beaucoup plus vigilant par rapport à la petite délinquance, on le sera beaucoup moins par rapport à la grande criminalité et à la criminalité à col blanc. En sacralisant le secret bancaire, les accords de Schengen consacrent la fraude fiscale sur l’imposition directe. Ceci est un fléau social à combattre, parce qu’il est vecteur d’inégalités et d’injustice. La fraude fiscale n’est pas commise par ceux qui sont en situation difficile avec leurs impôts, mais surtout par ceux qui sont les plus fortunés.
Donc, même si les traités de Schengen peuvent améliorer la situation en ce qui concerne la petite délinquance, le crime qui fait le plus de mal et le plus de victimes restera impuni.

L’augmentation des contrôles policiers sera-t-elle vraiment tellement forte qu’on devra craindre l’Etat policier ?
David L’Epée: D’après ce qui disent les accords, oui et surtout d’après ce que disent les défenseurs des accords. Si on regarde la campagne des  partisans du Oui, la droite traditionnelle et le centre gauche socialiste, mais surtout dans celle de la droite, on trouve des images qui font craindre cet Etat policier. Le parti radical avait lancé une affiche sur laquelle on voyait une empreinte digitale. Il y a quelques semaines on voyait de nouvelles affiches, sur lesquelles il y avait un policier et des gyrophares. Si c’est cela qu’on veut nous vendre, plus de présence policière et  plus de surveillance, alors on peut craindre le pire.

Pourquoi abolir un secret bancaire qui fait vivre une partie de l’économie suisse ?
David L’Epée: D’un point de vue subjectif, le secret bancaire nous a bien servi pendant la deuxième guerre mondiale, sans que ce soit bien glorieux. Tenir en menace les autres Etats Européens avec le secret bancaire, ce n’est pas la politique internationale telle que nous l’entendons. Si les accords de Schengen sont ratifiés, on va continuer dans cette direction, alors que nous avons espéré un changement à ce niveau. Le secret bancaire en soi, pourrait être une bonne chose parce qu’il renforce la protection de la vie privée, mais il est dans la nature de l’homme de profiter du secret comme un privilège pour faire des transactions, qui ne sont pas tout à fait honnêtes, qui mènent à la fraude fiscale. Nous demandons d’imposer un peu plus les riches pour qu’il y ait un peu plus d’égalité. Les grandes fortunes, qui se cachent derrière le secret bancaire, s’attaquent à l’impôt, qui sert à financer le service public et les prestations sociales. Les petits contribuables n’ont pas les moyens de prendre part aux profits d’un secret bancaire et doivent payer les impôts qu’on leur demande. Pourquoi alors permettre aux grandes entreprises, aux personnes morales d’échapper au paiement des impôts ? Si l’Europe va dans ce sens, c’est assez mal parti pour l’égalité sociale.

Pourquoi vous opposez-vous aux accords de Dublin ?
David L’Epée: Les accords de Dublin concernent la politique d’asile. Le mouvement SolidaritéS est pour une politique d’asile plus humaine et moins restrictive et il est vrai que nous avons une tradition humanitaire dans notre pays, qu’il faut respecter. Or, on nous fait croire, à tort, que les accords de Dublin faciliteraient cette politique d’asile. Il est vrai que les visiteurs originaires de pays non européens n’auraient plus besoin de Visas différents pour la Suisse et pour l’Union Européenne; ce qui serait une réforme intéressante. Mais, à mon avis, il faut une solution administrative pour un problème administratif. Un premier pas à franchir serait d’améliorer cette procédure du visa pour faciliter la mobilité des étrangers sur le sol européen. Le principal inconvénient des accords de Dublin est qu’un requérant d’asile non européen ne peut déposer sa demande que dans un seul pays. S’il est refoulé dans un pays, il n’aura plus droit à l’asile dans un autre. En plus, il est obligé de déposer sa demande dans le premier pays européen où il met le pied ;  sauf s’il traverse l’Europe clandestinement. Là, on s’attaque à la liberté de choix du requérant. Si un requérant veut rejoindre de la famille dans un pays, il doit déposer sa demande dans le pays où il entre ou dans celui où il est attrapé. Même si elle est acceptée, il ne pourra pas rejoindre sa famille dans l’autre pays. Cette politique est trop restrictive. Si on veut respecter nos traditions humanitaires, il ne faut pas suivre cette nouvelle politique européenne, qui risque d’être pire que celle qu’on connaît maintenant.

Quelle est votre position vis-à-vis de l’Europe ?
David L’Epée: Je suis pour l’adhésion à l’Europe, mais je me qualifie plutôt d’alter européen. Avec ou sans Schengen/Dublin, l’Europe qu’on nous propose n’est pas une Europe qui me convient. Elle est trop libérale, trop impérialiste, trop policière à mon goût. Mon rêve serait une Europe sociale, une Europe des peuples, fédéraliste, sans centralisation excessive et vraiment à l’écoute de ses composants y compris les minorités. Mais on en est loin ! On crée simplement une réplique des Etats-Unis pour leur tenir tête et en devenant une réplique, au lieu de leur tenir tête, on devient leur vassal. L’Europe en est totalement dépendante. Il suffit de voir la cotation de l’Euro à la Bourse. Les Etats-Unis et Fonds Monétaire International sont toujours derrière.

Propos recueillis par Steve Remesch

Il ne faut cependant pas oublier les jeunes comme Markus Hett et Ivica Colic, très concentrés pendant les playoffs, et bien sûr Evgeny Isakov, joueur de grande taille très douée pour l’offensive. Celui-ci doit encore apprendre à se gérer s’amuse Macazaga, « Je le compare souvent à un jeune chien fou qui fait ses premières balades dans la forêt. Il court partout et sans s’en apercevoir il a consommé toute son énergie». Inactif pendant quatre mois à cause d’une fracture du pied droit le Kazakh a retrouvé son élan en fin de saison.

Pour l’entraîneur le maintien dans la ligue permettra des négociations de contrats plus sereines. L’équipe peut envisager de réelles chances d’aller loin l’année prochaine si le noyau du cadre est maintenu. Cela plairait aussi au public neuchâtelois, qui pourra encourager son équipe dans la toute nouvelle salle de la Riveraine à partir de la saison prochaine.

 

Actualité

La votation fédérale sur les accords bilatéraux d’association à l’Espace Schengen et à l’Espace Dublin: Dire Oui à une Suisse plus proche de l’Europe

Gisèle Ory, la première vice-présidente du Grand Conseil Neuchâtelois démontre comment les accords de Schengen améliorent la sécurité en Suisse et comment la convention de Dublin diminue l’afflux de demandeurs d’asile de 20% tout en garantissant le respect des droits de l’homme – si le Oui l’emporte aux votations du 5 juin.

Son parti, le Parti Socialiste Neuchâtelois, considère ces accords bilatéraux comme un pas important vers l’Europe. L’ancienne présidente du PSN affirme que ces accords sont très favorables à la Suisse : « Contrairement à certains autres accords qui ont été difficiles à négocier, mais qui ont passé sans référendum, ces accords nous apportent des avantages plutôt que des inconvénients. Nous aurions donc tort de refuser un accord, qui ne nous apporte que des avantages, alors que nous avons accepté des accords pour lesquels certains éléments ont dû être cédés. »

La question de la sécurité étant un enjeu majeur, Gisèle Ory insiste sur le fait qu’il est impossible de lutter contre la grande criminalité  sans étroite collaboration avec nos voisins européens. La Suisse, un petit pays avec des frontières faciles à traverser, a besoin d’échanger des informations de manière très rapide et complète pour pouvoir mettre la main sur les criminels venus de l’étranger pour commettre des délits en Suisse.
Gisèle Ory souligne l’importance de la prise de conscience que la grande criminalité est internationale. Elle soutient que le trafic d’êtres humains, d’armes et de drogue dépasse les frontières nationales et que la lutte contre ces fléaux n’est possible que de manière internationale.

Le niveau de vie élevé de la Suisse, attire beaucoup de personnes à la recherche d’un emploi bien rémunéré, ainsi que des réfugiés politiques et des immigrés clandestins. Gisèle Ory considère que les accords de Dublin permettent de résoudre la question des permis de séjour à l’échelle européenne. «La Suisse risque de devenir le dernier port possible en Europe. Comme un demandeur d’asile débouté dans un pays de l’Union Européenne a théoriquement la possibilité de reposer sa candidature en Suisse, cela pourrait entraîner une importante augmentation des demandes d’asile. On a déjà maintenant une certaine difficulté, au niveau politique, pour gérer la question de l’asile. On sait qu’il y a une extrême droite, dont il faut tenir compte, qui est très sensible à ce sujet. On doit s’abstenir de trop la chatouiller pour éviter une montée de xénophobie.»

Gisèle Ory assure que l’asile n’est pas accordé plus facilement en Suisse que dans les autres pays européens et affirme que la convention de Dublin exige un traitement équitable, selon une procédure sérieuse et déterminée, de chaque demande d’asile. Ceci est une garantie de respect des droits de l’homme.

En outre cette convention prévoit où le requérant doit déposer sa demande, en général dans le pays d’entrée dans l’Union Européenne, et qu’il ne peut pas la reposer dans un autre pays de l’Union. En adhérant au traité de Dublin, la Suisse pourrait voir le nombre des demandes d’asile diminuer de 20%, selon des évaluations faites récemment.

Le secret bancaire est un autre enjeu important dans les débats sur les votations concernant Schengen/Dublin. « Mon parti, le PS, a toujours soutenu une certaine éthique en politique. On s’oppose à ce que des gens, qui détournent de l’argent ou qui fraudent le fisc, soient protégés. Il y a beaucoup de socialistes, qui dénoncent la politique actuelle de différenciation entre fraude fiscale et évasion fiscale, où on poursuit la fraude, mais pas l’évasion. Ils veulent que l’on cesse de jouer sur les mots et que l’on applique les mêmes dispositions que dans le reste de l’Europe.»

Gisèle Ory estime que, dans le canton de Neuchâtel, il y aura une majorité en faveur des accords de Schengen et Dublin. Elle ajoute que ceci ne vaut pas pour la Suisse entière : « Il est toujours difficile de savoir quelle est l’opinion de nos petits cantons de  Suisse centrale, qui sont entourés de montagnes et qui ont toujours de la peine à voir par dessus les cimes…. Ceux-là auront tendance à voter contre Schengen/Dublin par peur, par repli sur soi. Ce sont des cantons, où l’on n’a jamais eu beaucoup de contacts avec l’extérieur et où l’on a développé ce sentiment, que l’on peut vivre tout seul, en autarcie, et que finalement tout ce qui vient de l’extérieur, des grandes villes, est un danger, mais que  chez nous, dans notre petit village, dans notre campagne, c’est fou ce qu’on est bien. Ils ne se sont pas encore rendus compte à quel point leur campagne et le prix de leurs pommes dépendent de l’Europe et du monde. Là je ne suis pas sûre que la majorité sera tellement grande. J’espère que le oui passe, mais je ne peux pas le garantir. »
Steve Remesch


Gisèle Ory a toujours été fascinée par la vie politique, comme organisation de la vie commune,  en tenant compte des intérêts et besoins de chacun. Après avoir terminé ses études en sciences politiques à l’Université de Lausanne, elle a travaillé au Centre de recherches en politique suisse à Berne. Ensuite elle rejoint le WWF Suisse, où elle s’occupe de la politique du climat et de l’énergie. Quelques années plus tard, elle devient porte-parole de Ruth Dreyfuss au Département Fédéral de l’Intérieur, où elle s’intéresse particulièrement aux assurances sociales. Quand Ruth Dreyfuss quitte le gouvernement en 2003, Gisèle Ory devient directrice de Pro Infirmis Neuchâtel.
Du point de vue politique, élue au Conseil communal de Chézard-St-Martin en 1996, elle assume la présidence de la commune en 1999-2000. Après son déménagement à La Chaux-de-Fonds, elle devient députée de La Chaux-de-Fonds au Grand Conseil en 2001 et membre du bureau du Grand Conseil. Elle assume la présidence du PSN en 2001-2002.  Elle devient Conseillère aux Etats en 2003. Elle est actuellement vice-présidente du Grand Conseil Neuchâtelois.