Arts plastiques

« Bex et Arts »

L’exposition de sculpture suisse contemporaine à aller voir

Depuis le 5 juin dernier et jusqu’au 25 septembre prochain, la triennale de sculpture suisse contemporaine a lieu sur les hauts de Bex pour la 9ème fois. Cette exposition en plein air est située sur un vaste et magnifique parc doté d’une vue panoramique sur les montagnes de la région. Sa plantation de vieux arbres dont se servent même certains artistes pour leurs créations, est un atout supplémentaire qui s’ajoute à l’esthétique générale du site.
Cette exposition regroupe 59 œuvres de 63 artistes de toutes les régions de la Suisse. Pour le public déjà présent lors des précédentes éditions, certains styles, des matériaux et leurs techniques engendreront des souvenirs. En effet, les trois quarts des artistes ont déjà participé à cette manifestation d’importance nationale. Ce qui nous permet de nous familiariser avec certaines d’entre eux et surtout de suivre leur évolution.
L’édition 2005 a pour titre « le goût du sel ». Les artistes peuvent aborder librement ce thème de réflexion. La plupart des oeuvres ont été crées spécialement pour cette manifestation et ont pour emplacement un endroit bien particulier du parc. La sculpture « Stammbaum » de Reto Emch ne pourra être visible nulle part ailleurs car elle a pour seul support un des arbres du parc (photo). « Le jour des larmes » d’Olivier Estoppey prend elle aussi tout son intérêt de par le lieu où elle est exposé et surtout la manière dont l’artiste a choisi de disposer les éléments sur cet emplacement précis. L’utilisation faite du site est donc d’une importance capitale et fait que cette exposition est spécialement intéressante et originale.
« Château lapin » de Nikola Zaric est une sorte de baby-foot géant que l’on peut animer et dont les personnages sont d’immenses lapins de bois (photo).
Quelques artistes, dont Hans Thomann, ont utilisé le sel lui-même comme matériau. Sa sculpture « Erinnerungmémoire » est composée d’un homme, grandeur nature, fait de sel.
J’ai mentionné ici une infime partie de ce que l’on peut voir à « Bex et Arts ». Alors si vous vous intéressez à l’art suisse contemporain et si la météo est favorable, n’hésitez pas à faire une petite escapade dans le Chablais, vous ne serez pas déçus.
Virginie Burion

Eclairage

Transmission vs tradition

Le nombre de personnes infectées par le VIH[1]/SIDA en Afrique Subsaharienne ne cesse d’augmenter. En 2004, 3,1 millions de nouvelles infections s’y sont développées et l’épidémie a tué 2,3 millions d’Africains.

Chez nous, le problème est beaucoup moins conséquent. Nous sommes informés sur cette épidémie et sur sa progression de jour en jour et les campagnes d’information ont banni toutes les idées que nous pouvions avoir sur cette maladie. De plus, celles-ci nous harcèlent pour que l’on se protège contre tout risque d’infection. Mais dans des pays comme ceux d’Afrique, qui ne bénéficient pas d’infrastructures comme les nôtres ou, qui, pour des raisons comme l’isolement ou la guerre, n’ont pas accès à ces infrastructures, les idées reçues et le manque de précautions sont encore énormes.
Plusieurs problèmes se posent. Il y a évidemment le problème du préservatif, qui est peut-être le plus important, la polygamie, et les rituels et coutumes sexuelles.
Le préservatif garantit de relations plus sûres, mais n’offre pas une sécurité absolue. La chaleur et l’humidité posent le problème de  la conservation, mais l’utilisateur lui-même est aussi une source de problème. Beaucoup  ne savent pas s’en servir ou bien les réutilisent. En Afrique, le taux d’utilisation du préservatif est très faible (entre 0,3 et 3% chez les couples ou à l’âge de la procréation). Les Africains se détournent volontiers de son utilisation par ce qu’il constitue une entrave à la fécondité (à laquelle ils attachent une grande importance) et il peut être considéré comme le signe que l’on veut mettre fin à la relation ou que l’on a un(e) autre amant(e). Beaucoup l’associent à la prostitution et ne l’utilisent donc pas avec leurs partenaires réguliers.

En Afrique, il existe un grand nombre de familles polygames. La plupart du temps, il existe une grande différance d’âge entre l’homme et les épouses successives (de 10 a 12 ans entre l’homme et les femmes) ce qui peut considérablement influencer la diffusion du VIH. De plus, avant leur mariage, les hommes jouissent de plus de droits sexuels que les femmes, et les relations préconjugales avec des prostituées constituent un gros risque pour les futures femmes. Il faut aussi insister sur la croyance répandue selon laquelle les hommes ont besoin de plus de rapports sexuels que les femmes. C’est pourquoi, tant dans les familles polygames que dans les familles monogames, les hommes ont aussi des relations extraconjugales et cela même si la ou les femmes sont « accessibles sexuellement »[2]. En général on peut dire que de nos jours, le comportement sexuel des hommes est toujours tabou. Le Sida peut être le défi qui permettra d’en discuter et de remettre en question les privilèges masculins. Nourine Kaleeba, une pionnière ougandaise des campagnes de prévention, déclare : « Dans ma culture […] le seul moyen dont dispose une femme pour rester mariée et continuer à habiter dans la maison de son époux, c’est d’y avoir des relations sexuelles quand son époux le veut et comme il le veut. Il lui est impossible de négocier des relations sexuelles protégées. »

Certains peuples ont des rituels pour les moments charnière de la vie et ils peuvent représenter un danger sur le plan du sida.
Ces coutumes ne constituent en aucun cas la cause principale de la propagation du sida, mais ne sont pas complètement dissociables de ce fait. Parmi ces coutumes on peu en noter quatre principales :

La première, pratiquées parmi plusieurs peuples, entre autre au Cameroun, au Ghana, au Nigeria, au Malawi, au Zimbabwe…, découle du fait que les hommes et les femmes désireux d’avoir des rapports pénivaginaux préfèrent que le vagin soit sec et rigide, ce qui revient à en resserrer l’ouverture. Les femmes se sentent dans la peau d’une jeune fille et les hommes ont davantage de plaisir. L’assèchement et le lavage du vagin peuvent toutefois provoquer des problèmes sur le plan du sida en raison des meurtrissures et des petites plaies qui peuvent apparaître dans le vagin ou la matrice suite à l’utilisation de certaines feuilles, poudres ou produits pharmaceutiques.

La seconde, plus connue, est la non-circoncision. Le grand territoire des hommes non circoncis s’étend sur quelques 6.000 km de long et 1.000 km de large. Dans ce territoire, qui compte cent millions d’habitants, 80% des hommes au moins ne sont pas circoncis. Il y a de fortes présomptions qu’un homme circoncis contracte moins de MST qu’un homme qui ne l’est pas, il est donc moins exposé au risque de contamination par le VIH. Ici l’hygiène du pénis peut jouer un rôle dans la contraction des MST, mais cela est difficile à vérifier, il est en tous cas plus aisé au circoncis d’assurer l’hygiène de son pénis.

Les rituels de guérisons peuvent aussi participer à la diffusion du sida. A travers toute l’Afrique, il arrive parfois que les rites de guérisons soient accompagnés de relations sexuelles qui peuvent être dangereux au point de transmettre le Sida. Ainsi une femme malade, possédée par certains esprits, se rend chez un guérisseur. Si au cours de l’initiation conforme au culte des esprits, le guérisseur demande à la femme de danser, de chanter ainsi que d’avoir des relations sexuelles avec lui, elle doit s’y soumettre.

Chez les Baganda (en Ouganda), la stérilité est très fréquente. En 1960, un tiers des femmes de 45 ans n’avaient jamais porté d’enfant. Cela explique le succès des remèdes contre la stérilité au sein de cette ethnie. Mais nombre de ces guérisseurs se contentent de coucher avec ces femmes stériles.
En 1991, l’un de ces guérisseurs s’est retrouvé devant le tribunal pour s’être livré à ce genre de pratiques. L’affaire concernait une jeune femme de 25 ans qui, après six ans de mariage, n’avait toujours pas eu d’enfant. Le guérisseur traditionnel avait placé le « remède » sur son propre pénis et l’avait introduit de cette façon dans le corps de la jeune femme. Ceci se pratique encore de nos jours.

Enfin les usages matrimoniaux viennent s’ajouter à la trop longue liste de comportement à risque face au VIH.

En Ouganda occidental on rencontre des groupes au sein desquels les hommes ont certains droits sexuels sur une nouvelle épouse. Le beau-frère ou le beau-père a les premiers droits sur cette nouvelle épouse. Nous pouvons comparer cette coutume au droit de cuissage d’un seigneur de Moyen-Age.

Chez les Hima (en Ouganda) également, les frères et le père du marié avaient un coït avec la mariée le jour des noces. L’adultère est interdit pour les femmes, mais pas pour les hommes. Une étude faite dans les années soixante révèle que l’on encourageait même les femmes à avoir des relations sexuelles si leur époux le leur demandait, avec des beaux-frères et amis de son époux et les voisins.

Le chercheur Elam pense que cette forme de disponibilité sexuelle (forcée?) de la femme peut être liée au fait que les femmes hima n’occupaient aucune place importante dans le rôle productif de l’économie d’élevage. Les hommes s’appuient donc sur d’autres hommes pour maintenir à niveau leur production de bétail. Le partage de l’accès sexuel aux femmes est un moyen pour les hommes de nouer entre eux les alliances sociales et économiques indispensables, ce qui augmente aussi la propagation du Sida.
Mélanie Francioli

[1] Virus d’immunodéficience humain

[2] Une étude réalisée à Ibadan au Nigeria, a montré que sexuellement parlant les hommes ont peu accès à leurs femmes. 40% des hommes mariés monogames avaient sexuellement accès à leur épouse durant seulement 50% de la durée du mariage en raison de l’abstinence postnatale, menstruation ou autre.