Films

Episode III d’une Guerre des étoiles -La revanche des Sith-

De Georges Lucas. USA. 2h20. Avec Hayden Christensen (Anakin Skywalker), Ewan McGregor (Obi-Wan Kenobi), Natalie Portman (Padmé Amidala), Ian McDiarmid (le Chancelier Palpatine), Samuel L. Jackson (Mace Windu),…


C’est la guerre ! La République est menacée par les groupes séparatistes. Emmenée par l’Ordre des Jedi, l’Armée de clones de la République livre des batailles aux quatre coins de la galaxie. Malgré ses actes héroïques et son courage exemplaire, le jeune  Jedi Anakin Skywalker ne parvient pas à obtenir la reconnaissance de ses pairs. Frustré, hanté par le souvenir d’une mère qu’il n’a pas pu sauver et effrayé de perdre sa femme Padmé, Anakin commence à perdre la foi en la Force. D’autant plus que l’infâme Chancelier Palpatine lui démontre les nombreux avantages que possède le côté obscur…

Devant le torrent d’impressions diverses qui se dégagent de cet ultime épisode, difficile de ne pas éprouver enthousiasme et déception simultanément. Car si on peut sans crainte reconnaître que La revanche des Sith est l’un des meilleurs épisodes de Star Wars, on ne peut s’empêcher de regretter que George Lucas ait fait certains choix et pas d’autres. Immanquablement, l’Episode III est victime de l’attente démesurée qu’elle a suscité auprès des fans de la saga. Ainsi, on peut reprocher à Lucas d’avoir raté certaines scènes attendues depuis près de trente ans. L’instant crucial notamment, celui où Anakin s’agenouille pour la première fois devant son nouveau maître, laisse un goût d’inachevé. On peut également regretter que certains personnages (le Comte Dooku ou les Wookies par exemple) n’aient pas bénéficié d’un peu plus d’attention. Mais Lucas avait promis de se concentrer uniquement sur le personnage d’Anakin Skywalker et de couper tout ce qui gênerait la chute de son héros vers le côté obscur. Il n’a pas menti. Presque la totalité des scènes sont consacrées aux doutes et aux peurs qui hantent le futur Dark Vador. Lucas est, il est vrai, bien aidé par un Hayden Christensen qui, tout en subtilité, fait ressortir crescendo toute l’obscurité qui habite son personnage.

Imprégné de la première à la dernière minute d’une noirceur inquiétante (Lucas avait assuré qu’il s’agirait de l’épisode le plus sombre), La revanche des Sith n’oublie pas que le mythe Star Wars est aussi fondé sur ses combats de sabre-laser et ses batailles de vaisseaux spatiaux. Le spectacle que nous offre ce troisième épisode s’avère somptueux. Avec un sens du rythme maîtrisé, Lucas alterne des séquences plus ébouriffantes les unes que les autres, comme s’il voulait se faire pardonner le manque de punch des épisodes I et II.  Ainsi, le combat entre Anakin et Obi-Wan, qui se déroule dans un décor infernal, restera probablement comme l’un des grands moments de la saga.

La revanche des Sith a pour avantage ultime de permettre pour la première fois de pouvoir considérer l’oeuvre de Lucas dans sa globalité. Même si les différentes pièces de son entreprise sont de valeur inégale (par exemple, l’Episode I, La menace fantôme, est complètement raté), Lucas aura créé avec sa saga intergalactique un univers aussi riche que passionnant qui restera à jamais comme l’un des monuments du cinéma. Il n’y a aucun doute à ce sujet, l’épopée Star Wars est promise à la postérité.
Didier Nieto

 

Eclairage

Kingdom of Heaven

De Ridley Scott. USA – Espagne. 2h25. Avec Orlando Bloom (Balian), Ghassan Massoud (Saladin), Eva Green (Sybille), Jeremy Irons (Tiberias), Liam Neeson (Godefroy),…


Alors qu’il vient de perdre sa femme, le jeune Balian retrouve son père qu’il n’a jamais connu. Ce dernier, chevalier croisé, lui propose de partir à la découverte de Jérusalem en Terre Sainte. Mais là-bas, Balian se rendra vite compte que la paix entre musulmans et chrétiens ne tient qu’à un fil que certains chevaliers Templiers voudraient voir se rompre le plus vite possible…

En réalisant Gladiator il y a cinq ans, Ridley Scott redonnait brillamment vie à un genre tombé en désuétude : le film d’époque. Il rencontra alors un succès public et critique phénoménal et justifié. Son Kingdom of Heaven risque malheureusement de ne pas marquer aussi durablement les esprits que ne l’a fait son péplum. Pourtant, en s’attaquant à un sujet aussi fascinant que les Croisades, Scott avait indéniablement matière à faire un grand film. En situant l’histoire dans un contexte politique tendu, le réalisateur anglais avait la possibilité de traiter une multitude de thèmes. Mais il passe à côté de questions essentielles et plombe son scénario d’intrigues sans véritable intérêt.  Par exemple, la situation particulière de Jérusalem, où se côtoient musulmans et chrétiens, aurait mérité un meilleur traitement, alors que l’idylle entre Balian et Sybille (la femme du méchant !) n’est absolument pas justifiée, si ce n’est pour ajouter un côté romantique au film. Scott donne trop d’importance à des éléments qui entrent en conflit avec la volonté d’authenticité historique du film. Et c’est là sans doute l’un des problèmes principal de Kingdom of Heaven.

L’autre erreur du film concerne le personnage principal. Le caractère de Balian frappe par son inadéquation avec la situation dans laquelle il se trouve. Lisse, naïf et pourvu d’un idéalisme gnangnan, il se retrouve constamment en décalage par rapport aux événements qui se présentent à lui. Est-ce la faute des scénaristes d’avoir voulu faire de Balian un héros au profil trop hollywoodien ? Peut-être. Mais la véritable raison est sans doute à chercher du côté de son interprète. Impeccable en elfe tueur d’orcs, Orlando Bloom n’a malheureusement pas les épaules assez larges pour porter seul le poids de tout un film, malgré une bonne volonté perceptible. Incarnant un personnage hanté par la mort de sa femme, Bloom ne parvient à aucun moment à transmettre les troubles et les doutes qui l’habitent. Les scènes dramatiques accusent donc toutes un cruel manque d’émotion. Il en va malheureusement de même pour les scènes de combat. Bloom n’a ni le charisme ni la carrure pour incarner un chevalier héroïque. Il aurait sans doute fallu à Kingdom of Heaven un héros de la trempe de Maximus, personnage blessé et volontaire interprété à merveille par Russel Crowe dans Gladiator.

Le principal aspect positif de ce Kingdom of Heaven réside dans la manière dont sont abordés les musulmans. Scott montre en effet les musulmans sous un angle extrêmement intéressant. Pacifique, diplomate et animé par le seul désir de servir son peuple, Saladin, le roi musulman, incarne l’exact opposé des préjugés que se font beaucoup d’occidentaux sur la religion islamique. Même s’il ne défend pas la thèse d’une cohabitation possible entre religions, Scott évite de tomber dans le manichéisme primitif qui règne de nos jours. Loin d’être réussi donc, son film a toutefois le mérite d’être porteur d’un message de tolérance plutôt sympathique. 
Didier Nieto