Evénements

Grosses pointures au festival Jazz Onze+

Pour son édition 2005 le festival Jazz Onze+ offre à son public une affiche qui allie finesse, groove et redécouvertes.
Fidèle à son habitude, le festival offre de soirées de haut niveau musicale. Il nous amène un son anglais qui prend assurément ses aises sur la scène de l’Espace Jazz. Après la sortie remarquée de « Take London », on espère que la prestation scénique sera à la hauteur. Loin du Hip-Hop à paillettes, ces bandits-ci font tinter le groove jazz et le beat par un subtil mélange de samplers et d’artisans sonores du genre. L’artillerie funky des deux complices Jake Wherry et Ollie Teeba s’infiltrent dans les bandes sonores des films des lates sixties.
Déjà présent au festival en 1992, Roy Haynes, grand percussionniste de l’histoire du jazz revient faire vibrer les passionnés. Ce musicien octogénaire, qui a notamment joué avec Charlie Parker, Miles Davis, Dave Holland, John Coltrane, bref tous les plus grands du jazz, sera sur la scène du casino de Montbenon le jeudi soir pour le plus grand bonheur du public lausannois qui pourra apprécier en live toute la subtilité de son toucher.
Joshua Redman Elastic Band, formé d’un sax, d’un clavier et d’une batterie, va prendre possession de la scène du casino le vendredi soir. La délicate union de ces trois musiciens de talent et d’un clavier qui vient combler à la fois le jeu de basse et celui du soliste au son de hammond, a pour résultat un groove incisif, aéré, au tempo lent et à la frappe dure. Une soirée qui promet d’être riche en découvertes.
Pour les moins fortunés, mais tout de même grands amateurs de jazz, l’Espace jazz, forum festif, dansant et plein de découvertes :
Jeudi soir, Jazz contemporain.
Vendredi, soirée qui, sous le signe de l’Afrobeat influencée par Fela, s’annonce des plus chaude et dansante. A ne pas manquer les américains d’Antibalas Afrobeat Orchestra.
Samedi soir, mélange savant entre electro et contemporain. A découvrir en plus des « Nouveaux Monstres », Grand Pianoramax et le projet de Julien Charlet, batteur parisien coté.
M.F.

Théâtre

Parodie d’une apocalypse

Viviana von Allmen
Il y avait du monde pour la première de trois uniques représentations de «Le grand feu d’artifice ou la fin du monde» de Karl Valentin.
Le spectacle a été créé sur la base de courtes pièces et de sketches de l’auteur. Son oeuvre met en évidence le hic du langage dans la compréhension humaine le tout dans un cadre comique extravagant. Il s’exprime dans un ton surréaliste et met dans la bouche de ses personnages des démonstrations
cinglantes et redoutables d’intelligence, pour montrer la bêtise du système. «Nous avons choisi de faire un collage de textes de tranché écrits à la fin de sa vie» rapporte Guy Delafontaine. L’interprète de
«l’aubergiste» est aussi le metteur en scène.
Un patron de café décide d’offrir un grand feu d’artifice à ses clients, mais la météorologie semble peu propice…
La représentation se déroule dans un espace scénique superbement réussit. Elle s’articule au tour d’un ponton tournant. Les comédiens maîtrisent la magie de transporter le public, d’une scène à une autre dans un bar, devant la fontaine principale de la ville, dans une gare, dans les profondeurs des rêveries mais ils reviennent toujours au café.
La pièce est un spectacle tout en mouvement où s’alternent monologues, dialogues danses et musique.
Les récits des acteurs, se soulignent tantôt par la naïveté, tantôt par l’absurdité pour rejoindre une conclusion subjective dans les spectateurs.
La représentation de «l’artificier» magistralement jouée par Doris Vuilleumier est muet. Elle déploie ses talents d’actrice et de danseuse jouant une résonance émotive au travers de la plasticité de son corps à la fin des dialogues.
La musique,de l’ancienne URSS, accompagne en toute harmonie les mouvements des comédiens.
Dans le dernier tableau et au moment si attendu des feux d’artifices, la prestation de Catherine Fragnière dans le rôle de Karl Valentin est parfaite. Mais le personnage le plus étonnant est Liesl Karlstadt, la chanteuse insoucieuse, incarné avec une grande maîtrise par Jean-Paul Favre. Il pousse la parodie jusqu’à l’extrême, tantôt par sa gestuelle tantôt par le chant.Ce voyage au travers des scènes de la vie quotidienne invite à prendre la vie du bon côté.
A la fin de la représentation , le public a ovationné les comédiens à trois reprises, un vrai plaisir pour eux.
V.vA