Interview

Quand la ligne qu’on croyait toute tracée s’interrompt brutalement

À la sortie de l’école ou du gymnase, certains sont déjà sûrs de leur choix, ils ont une vocation. Mais que se passe-t-il quand tout s’effondre et on réalise que notre métier ne pourra être celui dont on rêvait?

Céline savait déjà depuis quelques années quelle profession elle voulait exercer quand elle est entrée en faculté de droit à l’université de Lausanne. Mais ses projets ne se sont pas déroulés comme prévu. Après un double échec à Lausanne, elle a tenter sa chance à l’université de Genève où le résultat fut le même. Que remettre en cause : un système trop sélectif ? Une mauvaise méthode de travail ? Un excès de stress au moment des examens ? Il n’y a pas de réponse précise. Quoi qu’il en soit, la jeune femme de 23 ans doit maintenant réorienter son choix en espérant trouver une voie qui la satisfera pleinement, comme doivent le faire plusieurs d’entre nous car, tout ne se passe pas toujours comme prévu…

Quel genre d’élève étais-tu ?
J’étais plutôt studieuse. Très studieuse (Sourire). Je n’allais pas à un contrôle sans avoir révisé. Je faisais mes leçons régulièrement et je n’allais pas aux cours sans les avoir faites. J’étais assez appliquée.

Quand as-tu su ce que tu voulais faire dans ta vie ?
Durant mes dernières années de collège.

Quel fut ton choix de métier et pourquoi celui-ci ?
J’ai décidé de faire avocate parce que c’était un métier qui me passionnait. Je trouvais sympa de défendre les gens. Et puis c’est un beau métier prestigieux, ce n’est pas n’importe quoi.

Après l’école obligatoire, comment as-tu choisi ce que tu allais faire ?
Pour moi ça coulait de source que, pour aller à l’uni, je devais passer par le gymnase. Donc je me suis inscrite au gymnase et pour aller en droit ensuite, j’ai suivi la branche que j’avais commencée au collège en prenant économie et droit.

Comment s’est passée ton expérience à l’université ?
Au début ça se passait bien car je travaillais régulièrement, je faisais plein de résumés et l’ambiance était bonne. Le seul problème, c’est que ça s’est mal passé au niveau des examens… Je n’ai pas pu passer le cap de la première année…

Qu’as-tu ressenti lors de ces échecs successifs ?
Étant donné que je n’avais eu d’échec avant, j’ai reçu une grosse claque. La première fois, je suis même partie en dépression. Déjà pendant les examens car je stressais trop de ne pas réussir. J’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire car je me suis trop mise de pression et je n’y suis pas arrivée. Et puis chaque année, quand je recommençais, c’était la même chose. J’étais sûre que j’allais échouer, je perdais confiance en moi et c’est exactement ce qui arrivait quand il y avait les oraux : je perdais tous mes moyens.

Suite à ces échecs, quelle nouvelle vision de ton avenir as-tu eue ?
J’étais assez abattue et je me disais que je n’y arriverais pas. Je ne savais plus ce que je voulais faire dans la vie. J’étais sûre de ce que j’allais faire et tout à coup, tout s’est écroulé. Il m’a fallut retrouver quelque chose qui me motive et que j’avais envie de faire.

Justement, quel est ton nouveau choix de métier ?
J’aimerais partir dans la police scientifique ou judiciaire parce que ça correspond au domaine du droit avec les lois et le respect de la justice. Et j’irai dans le canton de Genève car durant notre formation, on reçoit un salaire. Je m’y suis déjà présentée l’an dernier mais je n’ai pas été prise car je n’ai pas réussi le test d’anglais… Je me suis à nouveau présentée la semaine dernière, sans avoir préparé quoi que ce soit, contrairement à la première fois, et j’ai tout réussi jusqu’à maintenant (Sourire). Il me reste encore le sport que je vais faire vendredi.

Tu as réussi en n’ayant rien préparé !? Cela signifie peut-être que tu devrais un peu moins travailler pour réussir…
Non, ce n’est pas ça. Je crois plutôt que vu que je ne m’attendais pas à réussir, j’étais stressée, mais pas autant que la dernière fois. J’avais moins de pression car je ne misais pas tout là dessus, contrairement à tous les autres examens durant lesquels je croyais jouer ma vie.

Revenons à la formation dans la police. Le fait qu’elle soit payée t’a-t-il davantage encouragée à te lancer là-dedans?
Ce qui m’a encouragé, c’est surtout la certitude d’avoir un débouché à la fin. Une fois dedans, si tu t’appliques pour faire toute la formation, tu es engagé dès que tu l’as terminée. Tandis qu’à la sortie de l’université, tu dois te trouver un travail. Mais pour en revenir à la question, le salaire à la fin du mois m’a en effet influencée car arrivé à un certain âge, il faut pouvoir s’assumer et comme les factures ne se payent pas toutes seules, j’ai préféré faire la police en passant par Lausanne et l’uni.

Que fais-tu en attendant de savoir si tu peux commencer ta formation genevoise ?
Je donne des cours de danse et de fitness. J’ai de la chance de pouvoir gagner un peu d’argent en faisant ça car la danse est ma passion. Cela dit, je devrais donner plus de cours pour être vraiment indépendante. Le problème c’est que la plupart des écoles sont pleines et ce n’est pas facile de trouver de la place. Sinon quand on me propose des petits boulots pour gagner quelques sous, j’accepte.

Pour finir, que peut-on te souhaiter pour ton avenir professionnel ?
D’enfin réussir dans une branche qui me plaise et de m’épanouir dans mon métier.
Virginie Burion

Eclairage

Alzheimer, une sorte de mythe

Une maladie peu connue qui peut toucher à tous à n’importe quel moment.
La maladie a été décrite pour la première fois en 1907 par le neurologue allemand Alois Alzheimer, qui a étudié les lésions caractéristiques (les plaques séniles et les noeuds neurofibrillaires) dans le cerveau d’une femme de 51 ans.

Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer?
La description est un lent processus de dégénérescence du système nerveux central qui se manifeste avec des troubles de mémoire, une déficitaire pensée abstraite et une mauvaise capacité de jugement. Elle est associée à plusieurs modifications de la personnalité et du comportement. Ce vieillissement cérébral pathologique (démence) comporte d’abord quelques difficultés à maintenir les activités quotidiennes de la vie et, ensuite, une grave réduction de l’autonomie personnelle.
La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus fréquente: elle représente 60% des cas. Le risque de développer cette maladie augmente en fonction de l’âge: en effet la maladie d’Alzheimer frappe 5% des personnes âgées de plus de 65 ans, mais elle peut rejoindre 20-40% depuis 85 ans.

Quelles sont les causes?
Les causes de la maladie d’Alzheimer ne sont pas encore totalement connues: probablement pour développer cette maladie doivent être présents plusieurs facteurs. Les recherches actuelles s’orientent vers diverses hypothèses: vieillissement prématuré, prédisposition génétique, produits toxiques présents dans l’environnement ou à l’intérieur de l’organisme.
Evidemment les facteurs environnementaux peuvent agir avec ceux génétiques. Mais il faut faire une explication importante: génétique ne veut pas dire héréditaire. Dans la plus grande majorité des cas, la maladie d’Alzheimer a une distribution sporadique, c’est à dire qu’elle survient sans qu’il soit possible d’en expliquer la raison, chez un individu sans antécédents familiaux de ce type. De très rares formes (1%) sont dites familiales, à risque héréditaire.  Un des facteurs génétiques qui augmentent le risque de maladie est l’apolipoprotéine E dans sa forme E 4.

Quel est le cours de la maladie?
La maladie d’Alzheimer a un cours progressif. La durée moyenne de la maladie est environ de 10 ans, mais il y a une grande variabilité individuelle. Le début de la maladie est insidieux et quelque fois les premiers symptômes sont sous-évalués et attribués simplement au fait que la personne devient âgée.
Dans la majorité de cas les premiers signes sont: mémoire déficitaire (84%), troubles du langage (76%), manque d’initiative, abandon des hobbies, modifications du caractère et du comportement. Ensuite le cadre clinique devient plus lourde: problèmes plus graves de mémoire, désorientation dans l’espace et le temps, attention et concentration déficitaires. Quelque fois, même au début de la maladie, peut apparaître hallucinations et agitation mentale et physique. Les malades perdent progressivement leur autonomie et doivent être assistés tout le temps. Cette maladie ne frappe pas seulement le patient mais la famille entière qui est grevé par une charge d’assistance et le facteur émotionnel très lourde.

Quelques données sur lesquelles réfléchir
Le fait que la maladie atteint en particulier les personnes âgées rend le problème encore plus dramatique si l’on pense à la croissance constante de la population âgée par rapport à celle des jeunes.
Le problème n’est pas seulement lié à la perte des capacités du malade de se suffire à soi-même, mais aussi aux répercussion qui affectent l’entourage: très souvent, en effet, à la perte du revenu du malade, qui n’est plus en mesure d’accomplir les « actes quotidiens de la vie » (et donc logiquement l’abandon du travail), il s’ajoute celle d’un membre de la famille qui, pour aider et soigner le malade, est contraint de laisser tomber son travail.

Que peut-on faire?
Aujourd’hui il n’existe pas des médicaments qui peuvent arrêter la maladie; récemment on a découvert certains médicaments (inhibiteurs des colinhesterases comme le donepezil et la rivastigmine) qui peuvent ralentir pour quelque temps la progression des symptômes. L’intervention la plus importante reste celle de l’assistance. Selon des statistiques anglaises, 75 à 80% des malades vit en famille: puisque l’assistance à un malade d’Alzheimer demande un engagement physique, économique, affectif et psychologique extrêmement dur et épuisant, il est nécessaire pour la famille d’être aidée par un système de soutien social et d’assistance efficace. Il est important que la famille ne soit pas délaissée et isolée.
V.v A