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Les métiers de la vie nocturne

New-York est surnommée la ville qui ne dort jamais. Pourtant cette maxime ne colle pas seulement à cette ville. La nuit, la vie ne s’arrête pas, à nulle part, comme aurait tendance à le croire le commun des mortels. La nuit est le théâtre d’une autre vie, d’autres métiers, d’autres gens.
Céline Rochat

Dans l’idéal humain, l’homme est fait pour vivre le jour et dormir la nuit.  Pourtant aujourd’hui de nombreuses personnes inversent régulièrement ou même continuellement leur rythme de sommeil,  pendant que la majorité de la population dort tranquillement dans les bras de Morphée.
Ces travailleurs nocturnes sont d’ailleurs souvent  » à l’envers  » pour le bien des autres. Policiers pompiers, médecins, infirmiers, autant de métiers dévoués à la population. Mais même si pour la plupart l’exercice de telles fonctions est une vocation, cela n’est pas toujours facile. A écouter parler un médecin travaillant au SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation), le travail nocturne est parfois plus pénible que le travail diurne:  » Les accidents sont souvent plus graves la nuit. Il y a plus de gens qui conduisent sous l’effet de l’alcool ou de drogues et la gravité des accidents est fréquemment accentuée.  » Et de rajouter:  » Jour ou nuit, il n’est jamais facile de faire face à des situations compliquées qui conduisent parfois à la mort d’un ou plusieurs blessés. Mais lorsqu’il faut ramasser une jeune fille en morceau au milieu de la nuit, c’est le pire de tout.  Cependant, il y a aussi des moments que la nuit rend plus magiques que si ces derniers avaient lieu la journée « . Comme leurs collègues pompiers et infirmiers, les médecins sont donc à l’écoute 24h/24 pour le bien de la population.
Il y a d’autres personnes qui ne vont pas dormir en même temps que la majorité, afin d’améliorer la vie de leurs concitoyens: Que ferait-on si le boulanger dormait tranquillement pendant la nuit. Sans son travail acharné, pas de pain ni de croissants chauds le matin.
Pour participer à la détente de la population, d’autres personnes ont décidé d’inverser leur rythme veille-sommeil. On parle bien entendu ici des danseuses et danseurs de cabaret ou de discothèque. Pour ces personnes, exercer un tel métier équivaut à réaliser un rêve de gosse. Ils aiment vivre dans la magie des paillettes et du strass. Pour eux la nuit est quelque chose de magique qui comporte beaucoup plus de choses que la journée. C’est le monde du rêve, de la féerie.  » Les gens viennent nous voir pour oublier leur quotidien, et je suis heureux de participer à cela  » relevait un danseur dans une émission consacrée à un grand cabaret parisien.  » Je suis heureux de faire un tel métier « .

Mais la nuit est le lieu de travail privilégié de certaines personnes malveillantes: comme le chantait si bien Johnny:  » La lumière n’est pas fait pour nous. C’est la nuit qu’on peut tricher… « . En effet, si la majorité des personnes oeuvrant la nuit le font pour le bien des autres, il y en a tout de même quelques unes qui n’ont pas la même vision des choses et profitent de l’obscurité pour se cacher.

On pourrait donc conclure en disant que les métiers de la vie nocturne forment un cercle: qui commence par les personnes bien intentionnées dévouant leur vie aux autres, qui continue par celles qui ont décidé de distraire les autres, se termine par celle qui font le mal, et recommence. La boucle est bouclée: dans l’idéal humain, les gentils arrêtent les méchants!
C.R.

Édito

La vie nocturne

Mathieu Maridor
Une journée de travail qui touche à sa fin, voici le moment de rentrer chez soi, de retrouver ses proches et retrouver un havre de paix. Pour la plupart, nous sommes de légers schizophrènes. Notre comportement n’est pas le même suivant qu’on se trouve au bureau ou à la maison.
La vie nocturne fait ressortir le moi de chaque personne. En effet, que l’on reste tranquillement chez soi, ou que l’on sorte, nous n’éprouvons plus la nécessité de donner une image de nous-même qui ne nous correspondrait pas forcément. En général, on se doit de paraître sérieux et instruits envers ses collègues alors qu’au contraire, on est au fond de soi un bon vivant. Le soir, on est en quelque sorte délivré des contraintes journalières, on retrouve son monde. On est soi-même, ou presque.
Après observation des jeunes personnes qui s’enflamment le samedi soir en boite de nuit, je me demande toujours s’ils sont eux-mêmes. A coup de gel dans les cheveux, de chaînes en or qui brillent, de vêtements de marque et j’en passe, ils tentent de se valoriser par rapport aux autres. S’ouvre alors une véritable compétition entre jeunes pour savoir qui impressionne le plus. Ce n’est plus le rang d’appartenance sociale que l’on met en évidence, bien au contraire. En boite de nuit, en exagérant quelque peu, que tu sois ouvrier ou étudiant, l’important ne réside pas dans les paroles, mais dans la manière de s’habiller ou de sourire. Le but de la soirée est moins de montrer du milieu d’où on est que de s’amuser et de plaire.
La vie dans les discothèques devient alors le simulacre d’une égalité interindividuelle. A cet égard, ceci a quelque chose de beau. Mais il ne faut pas oublier qu’après la nuit vient le jour. Alors quand je vois des jeunes gens comme moi, parfumés, vêtus à la dernière mode, j’ai envie de leur dire, peut-être avec un peu de prétention, « Connais-toi toi-même, démarque-toi des autres non pas par ton style, mais par ta personnalité ».