Eclairage

Les couleurs dans le sport

Les couleurs (tout comme les logos) sont un aspect symbolique central dans tous les sports. La Society of Uniforms Research en Australie et la commission sportive australienne se sont emparés du sujet pour voir les connotations et les attentes que génèrent les vêtements de sport.

Les couleurs et surtout les mélanges ont souvent des connotations dépendant de la culture locale. En occident le rouge et le noir sont forts et agressifs, le bleu et le blanc sont des signes royaux tout en restant populaire. En général les clubs essayent d’éviter des combinaisons qui suscitent des sentiments contraires à l’identité du club. En Italie, 2 grands clubs ont des couleurs peu utilisées, comme le mauve pour la Fiorentina, pouvoir excessif et corrompant, et le rose pour Palerme, peu viril et faible.

Dans le football beaucoup de clubs sont issus d’institutions: corps d’armée, paroisses ou écoles. Les couleurs qu’elles utilisent sont souvent en lien avec celle ci, comme le bleu et le blanc, couleurs de la vierge Marie. Si la marge de manœuvre quant à la tenue primaire est limitée du point de vue du marketing, ils se rattraperont sur le maillot à l’étranger.

Economiquement la couleur noire est la plus intéressante: en NFL (football américain) les Oakland Raiders en noir et argent tiennent le palmarès des produits dérivés.  Longtemps impossible dans le foot, la marque Umbro a introduit les tenues colorées des arbitres. Ainsi cet équipementier a pu sortir un maillot noir pour Manchester qui est le plus vendu de tous les temps. C’est une des raisons pour laquelle l’équipe nationale allemande et le FC Bayern ont essayé d’introduire le noir. Malgré le succès commercial l’identification n’est pas très grande et les couleurs à la mode ne suffisent pas pour la tenue principale.

La tradition est un aspect important, mais devient vite primordial dans les sports les plus huppés. Golf et surtout Tennis sont significatifs pour la mythification par les vêtements. A Wimbledon le blanc était de mise depuis 1903, couleur noble par excellence. Les digressions vestimentaires dans les années 80 (pas seulement sur les courts de tennis) furent un choc pour les puristes. Surtout André Agassi s’est fait remarquer en tant que rebelle sur le court en portant des couleurs fluos et du noir. Aujourd’hui il a complètement changé d’image portant religieusement le blanc. Gain de maturité, démarquage permanent ou stratégie de marketing? Probablement un peu des trois.

Dans un tout autre registre, les sports automobiles incorporent tout ce que désire la majorité des fanas de sport; vitesse, danger et jolis minois. Tout cela est une plate-forme excellente pour les investisseurs. Pour ces raisons la couleur des bolides est principalement influencée par les sponsors, la marque associée à une couleur sera notable même si on ne voit pas le nom. Quand ce n’est pas le sponsor qui influence la couleur c’est la tradition comme le rouge chez Ferrari (ce qui a attiré leur sponsor) et l’argent des mythiques Silberpfeil de Mercedes!

Choisir les couleurs idéales est un aspect de marketing central aujourd’hui. Il faut le mélange correct pour construire un lien d’identité, assurer une bonne visibilité sans oublier la rentabilité des produits dérivés (les habits déclinés doivent pouvoir se porter en public.) Aujourd’hui, quand on crée une association sportive il faut toujours prendre en considération ces points pour maximiser le potentiel du club!
R.W.

Théâtre

L’esprit fertile

Viviana von Allmen
Hier soir, le public se demandait : Est-ce que je connais l’esprit de Robert Walser ?
La représentation de « Le voyageur immobile » nous a montré une toute autre réalité de l’écrivain.
La pièce créée, mise en scène et jouée par Delphine et Matthieu Nolin à été conçue d’après des découpages de différents récits : Dramouler, Les enfants Tanner et La morte du jeune poète. C’est un choix qui, avec esthétisme, permet de découvrir la somme monumentale sur laquelle l’auteur a basé sa vie entière d’écrivain. 
La Soirée Walser a commencé dans la salle sombre du Théâtre municipal de Bienne, une voix en off berçait le spectateur dans les paroles de l’écrivain.
« Un jour je recevrai un coup, l’un de ces coups qui vous anéantissent complètement, et tout, tout sera fini. Tout ce chaos, ce désir, cette ignorance, tout cela, cette reconnaissance et cette ingratitude, ces mensonges et ces illusions sur soi-même, ce croire savoir et ce pourtant je-ne-sais-jamais-rien. ». Robert Walser.
Timidement les lumières sur la scène profilent la silhouette de l’écrivain dans sa chambre. Pris par son imaginaire, il fait surgir peu à peu de son esprit des personnages inquiétants, fantasques et poétiques. Des ambiances sonores traduisant les pensées profondes du poète, des voix qui résonnent, des corps statiques, lents puis qui se mettent en mouvement… La femme vêtue en robe rouge, délirante, peu après prisonnière, se transforme enfin en candide, toute de blanc vêtue. Une métamorphose des mots en images !
Les acteurs de « Le voyageur immobile » -qui revit le passé de l’écrivain au travers de ses liens fragiles entre la folie et la création tout en les décrivant- sont submergés dans leurs rôles, peu faciles et vivent l’action. Cette introspection permet l’insertion de nombreuses dimensions, rêves, réflexions, envies et rapprochements qui se mêlent aux souvenirs des poèmes.
Delphine et Matthieu Nolin nous ont offert tant de grâce et de sensibilité…le temps fut précieux ! Leur gestuelle est prise par l’esprit de leur création sur une œuvre philosophique. Le moment le plus émouvant c’est la tragique mort de l’écrivain (une minute et demi) d’un corps interdit, saisi, inanimé qui est étendu sur les planches et entouré par une musique nostalgique de Sébastien Bach.
C’était un véritable défi que de représenté ce spectacle dans la terre qui a vu naître Robert Walser. Une volonté de lenteur, d’esthétisme et d’excentricité qui se sont réunies selon la logique d’un puzzle extravagant.

Robert Walser écrivain hors pair est né le 15 avril 1878 à Bienne, Suisse. Il a vécu une vie dans l’incompréhension de son époque, reclus 27 ans dans un asile psychiatrique. Il meurt le 24 décembre 1956 à Herisau couché sur la neige.

Photos:ldd

 

Poète

 

Porcelaine

 

Frère et soeure