Eclairage

Une mode qui respecte l’environnement et l’humain

Vous l’ignoriez peut-être, mais en plus du café, du thé, de la bière,
du coca, et du chocolat issus du commerce équitable, voici qu’apparaît la mode équitable. Pantalons, strings et défilés peuvent désormais se décliner dans une version éthique. Une nouvelle vague très stricte qui répond a des règles précises, imposant de travailler avec des artisans qui utilisent des matériaux naturels, et qui respectent l’environnement. Finie la mode futile, bienvenue à la mode intelligente !

Porter de baskets cool, ça ne suffit plus, aujourd’hui pour être au top du top, il faut en plus des baskets éthiques ! VEJA (qui signifie «regarde autour de toi » en Portugais ) est la première marque de baskets issue du commerce équitable «made in Brazil». L’idée est de créer une mode qui respecte la nature avec des matériaux naturels (coton bio et caoutchouc sauvage) mais aussi l’humain, en travaillant uniquement avec de petits producteurs et des coopératives.

C’est une chaîne complète de commerce équitable qui part de la matière première, en passant par les fileuses et assembleuses jusqu’au consommateur. VEJA importe en effet leur production par bateau, le moyen de transport le moins polluant. «C’est une autre logique, tu dépasses la charité car tu fais bien du commerce avec eux, mais du commerce équitable. Les producteurs sont rémunérés en fonction de leurs besoins et de leurs conditions de vie et non selon les cours instables du marché mondial, pour leur permettre de vivre dignement et non survivre.» A titre d’exemple, le prix du coton est payé 60% de plus que le prix du marché, permettant ainsi au producteur de vivre dignement.

Un tour du monde d’un an a poussé Ghislain Morillion et Sébastien Kopp, jeunes diplômés en management, à se lancer dans le projet. «Nous avons rencontré une coopérative de producteurs d’Amazonie qui lutte contre la déforestation. Nous avons réalisé alors que le commerce équitable peut avoir un impact local.»  Le résultat : une basket en coton bio et caoutchouc naturel, assemblée directement sur place.

VEJA, proposée comme une alternative issue du choc entre les grosses multinationales et les mécontents, est aussi un défit: est ce qu’il est possible aujourd’hui de réussir à faire une belle basket qui respecte l’homme et son environnement?
Une preuve de cette solution a de l’avenir pourrait être Misericodia une marque qui produit des vêtements de sports dans un atelier de couture attaché à un orphelinat de la banlieue de Lima au Pérou. « Un travail qui ne se situe pas seulement dans la boutique avec le client, mais beaucoup plus largement, un travail solidaire de dialogue, de compréhension des gens avec qui ont travaille et avec qui on se demande comment changer la réalité du Pérou au quotidien.»
Tels des Robins des bois moderne, les deux cofondateurs de ce projet travaillent en étroite collaboration avec les soeurs d’un orphelinat, et s’arrangent avec leur savoir-faire pour distribuer cette petite production locale dans le monde entier (plus de 60 points de ventes dans le monde). Une bonne partie des bénéfices sert à couvrir les frais d’amélioration des conditions des « vlas ».

Ces expériences révèlent qu’il n’y a aucune raison de déconnecter mode et commerce équitable. Au contraire. Si on veut que l’échange commercial soit utile et rentable pour tous, il faut alors proposer des produits réellement attractifs.

Entre Nike Reebok Adidas et Veja, on a maintenant le choix. On ne pourra
plus dire qu’on ne savait pas !
M.F.

Baskets VEJA disponibles chez « Holala » rue de bourg 10 à Lausanne

Reportage

Centre de tri aux normes helvético européens

Depuis cette année, un nouveau centre de tri des déchets a été ouvert à Lausanne. Le centre Tridel brûle désormais les déchets des communes de pratiquement tout le canton de Vaud, de la Vallée de Joux à la Broye, de Lausanne au Gros-de-Vaud (145 au total), en tenant compte des dernières normes fédérales et européennes sur le développement durable.

Le projet Tridel a été soumis au peuple vaudois en 2001. Ce dernier a accepté par votation un crédit de 90 millions de francs injectés par le canton pour la construction d’un centre d’incinération des déchets à Lausanne, qui, au total, a coûté 360 millions de francs. Les travaux ont donc débuté en décembre 2002 et l’usine a allumé ses fourneaux le 11 janvier de cette année.
Cette usine est à la pointe de la technologie en ce qui concerne le traitement des déchets. Elle est adaptée aux normes fédérales et européennes en ce qui concerne les taux autorisés d’émission de particules. La fumée de combustion est filtrée plusieurs fois avant d’être relâchée dans l’air lausannois, ce qui permet de diminuer les résidus de poussière et d’oxyde d’azote jusqu’à 75%. D’autre part, cette nouvelle usine a permis le développement du chauffage à distance pour 18’000 personnes, chauffage qui est moins polluant que les chauffages traditionnels.
Attaché à la question du développement durable, le Conseil d’administration de l’usine Tridel a également pensé à un acheminement écologique des déchets à l’incinérateur. En effet, c’est par voie ferroviaire que ces derniers arriveront au centre Tridel. Cette voie est reliée au réseau national, ce qui permet une nette diminution des transports par camions.
Cette nouvelle construction a tout de même créé la controverse. Le parti des Verts trouve que le contrôle des émissions n’est pas aussi bon qu’annoncé, puisque le centre émet 10 fois plus de particules que la centrale de Thoune qui est elle aussi moderne. Cependant, il faut alléger cette argument, puisque la centrale de Thoune ne filtre pas les particule de dioxine, au contraire de l’usine Tridel. D’autre part, estiment les écologistes qu’avec sa possibilité de traitement de 140’000 tonnes de déchets par an, l’usine a une trop grosse surcapacité. Néanmoins, la durée de vie d’une usine est d’environ 25 ans. Il a donc fallu prévoir l’augmentation des déchets des prochaines années, ce qui implique actuellement cette surcapacité. Le chef des travaux Olivier Français a déclaré à ce sujet qu’il était nécessaire de développer une solidarité interusines. « Il faut que les déchets des usines puissent être traités par les autres centres lors de nettoyages ou lors de pannes ». Il répond aussi aux opposants, qui critiquent une course aux équipements, que cette usine était nécessaire et qu’elle remplace l’ancienne usine lausannoise d’incinération du Vallon qui avait 47 ans. Il relève également qu’il y aura surcapacité jusqu’en 2008 seulement.
Le problème actuel créé par l’ouverture de ce centre lausannois est qu’il prive le centre d’incinération de la SATOM à Monthey de 30’000 tonnes de déchets par an. Pour ne pas devoir éteindre régulièrement ses fourneaux,  l’usine valaisanne a trouvé un moyen de remplacement provisoire: étant donné que, selon les normes européennes, la mise en décharge est désormais interdite, la SATOM traitera des déchets allemands pendant trois ans. Ensuite, grâce à la démographie grandissante, son périmètre de rattachement aura plus de déchets, et les déchets proviendront alors de sol suisse uniquement.
Les riverains ont donc vécu un grand changement ces derniers jours. L’allumage des fourneaux a provoqué de gros nuages de fumée, et certains habitants dénoncent les odeurs bizarres qui flottent dans l’air depuis la mise en route de l’usine. Les autorités leurs on répondu que cela disparaîtrait rapidement, et qu’il n’y avait rien à craindre. Affaire à suivre!
C.R.