Eclairage

Comment nous réinventons Noël, fidèles à la tradition…

Avons-nous changé notre façon de fêter Noël? La question est mal posée. Au-delà d’une critique (justifiée) des excès que notre société de consommation nous pousse à commettre par de nombreux stratagèmes plus ou moins raffinés, interrogeons les nombreux symboles que notre imaginaire collectif associe à ces fêtes mais aussi à la nuit des temps.
Deborah Sohlbank

« Noël n’est plus ce que c’était avant! Nous perdons toutes nos valeurs! Cette fête sacrée est réduite à un échange d’objets généralisé, où est son sens aujourd’hui? Tout était différent au temps de… » De qui? De quoi? Qu’est-ce qui a changé et par rapport à quoi? Notre enfance, celle de nos parents, ou plus loin encore, celle de nos grands-parents? Qu’entend-on par « changer »? Ne puisons-nous pas dans un imaginaire collectif lié à Noël et ses symboles pour regretter un temps que nous n’avons jamais connu et dont ne sait même pas dans quelle mesure il a réellement existé?

Peut-être serait-il plus juste de considérer Noël (mais ceci est valable pour toutes les fêtes que nous célébrons régulièrement) et son lot de traditions qui va avec, comme une recette qui contiendrait quelques ingrédients de base acceptés depuis longtemps et considérés comme intouchables, et d’autres ingrédients dont l’emploi est beaucoup plus flexible selon les individus mais aussi les modes et les époques. Ne touchez pas à la base de la recette, elle pourrait tourner au vinaigre, mais n’hésitez pas à jouer avec ce qui l’entoure, le résultat final en sera d’autant plus savoureux! Prenons un exemple: les emballages cadeaux. Je me souviens vaguement des papiers que j’arrachais impatiemment dans mon enfance pour découvrir ce qu’ils cachaient. Ils étaient très colorés et décorés de divers motifs: étoiles, pères noël, bougies ou personnages de dessins animés. Je constate aujourd’hui une profusion de matières employées pour non seulement emballer mais aussi valoriser le cadeau: cela va du papier cartonné sobre et élégant à la boîte dorée parée d’un splendide noeud en tissu en passant par la petite corbeille en osier. Il est également intéressant comme, une fois agrémenté d’un emballage soigné et original, n’importe quel objet du quotidien peut se transformer en cadeau digne de ce nom. Ainsi lit-on par exemple sur un site Internet qui promeut des confitures artisanales: « Accompagnées de paniers décoratifs, en coffret de bois ou présentées dans un pochon, les confitures de Bribou deviendront une idée cadeau originale à offrir quelle que soit l’occasion. Oubliez le bouquet de fleurs, offrez un panier gourmand! ». Ce n’est pas tant le contenu en soi qui est original mais il le devient par la manière dont il est présenté. J’ai été stupéfaite cette année en me baladant dans un grand magasin de voir le nombre d’aliments finement emballés et proposés comme « idée cadeau »: « Lemon&lime », « Panier de la nonna »(contenant entre autres les inévitables huile d’olives et pâtes fraîches), « Taste of Morocco », « Olives and more », etc. Si l’on ne peut dater exactement la mode de ce genre d’emballages, une chose est sûre: ce ne sont pas des produits d’inspiration moderne, et s’ils sont si attirants c’est plutôt grâce à leur aspect « rétro ». Qui ne revoit pas des illustrations de contes pour enfants dans un décor fin 19ème ? Un promeneur solitaire sous la neige le soir de Noël observe à travers une fenêtre une famille réunie autour d’un magnifique sapin entouré de grandes boîtes colorées et enrubannées. Même chose pour les cadeaux: ne retrouve-t-on pas derrière le set « Lemon & lime » la fameuse orange que les enfants recevaient alors; fruit savoureux et exotique, denrée rare? Ces images qui représentaient déjà une époque lointaine et qui nous ont séduites durant notre enfance, nous avons la possibilité de les recréer et de les ancrer dans une « tradition » qui n’est pourtant pas aussi immuable que nous voudrions bien le croire.

Il faut d’ailleurs rappeler ici que la plupart des pratiques sociales que nous connaissons et perpétuons ne remontent pas à une époque obscure et lointaine. En effet, c’est au 19ème siècle, dans le double contexte de la révolution industrielle et d’émergence d’états nations en Europe que se sont créées nos « traditions » les plus communes. D’une part pour gérer les nombreux et rapides bouleversements sociaux de cette époque charnière, d’autre part pour créer une cohésion et un sentiment d’appartenance très fort. Ainsi sont apparus quantités de mythes fondateurs, de traditions spécifiques à un peuple, d’hymnes et autres drapeaux. Ainsi avons-nous puisé dans différents mythes et coutumes pour en institutionnaliser d’autres. Si certains symboles de Noël sont à rechercher très loin dans l’histoire, d’autres comme le sapin décoré, la bûche et bien sûr l’incontournable Père Noël sont le résultat de plusieurs figures provenant d’époques et d’endroits divers, remodelés plus d’une fois.

Si dans une vie nous notons des changements dans notre façon de célébrer Noël, cela ne signifie pas pour autant que nos fêtes perdent de leur sens. Au contraire, il est intéressant de chercher comment la signification et la symbolique que nous associons à Noël se perpétuent sous une forme plus ou moins différente. Il importe également de s’interroger sur les besoins « retourner aux traditions » que nous exprimons à travers la revalorisation de certains objets.
D.S.

Actualité

Association Nez Rouge

Avec l’arrivée des fêtes, et le retour du mois de décembre, les bénévoles de Nez rouge sont prêts à reprendre du service. Chaque année de nombreux bénévoles acceptent de reconduire chez eux les personnes sous l’emprise de l’alcool, de drogues, ou simplement des personnes trop fatiguées pour prendre le volant.

Le concept d’opération Nez rouge est née en 1984 au Canada, par le professeur Jean-Marie de Koninck. Il cherchait un moyen pour financer  l’équipe de natation de son Université. Choqué par les statistiques d’accidents de la route dûs à l’alcool, il proposa à ses 25 nageurs de prendre le volant pour la bonne cause. Nez rouge était né. En 1990, le concept est importé pour la première fois en Suisse, par le médecin cantonal Jurassien, Jean-Luc Baierlé. Pour cette première, les bénévoles jurassiens effectuent 97 trajets. En 1991 naît l’association Nez rouge. Les quatre régions qui y sont représentées (Delémont, Saignelégier, Moutier, Porrentruy) effectuent 102 trajets. En 1992, le nombre de régions déservit double, et le nombre de trajets augmente fortement: il passe à 494. Ensuite, le développement de Nez rouge va continuellement augmenter, pour en arriver, en 2005 à 24 Opération Nez rouge, dont 9 de l’autre côté de la barrière de Roesti, une au Tessin, ainsi qu’une Opération Nez rouge en France voisine. Tout cela représente 6065 bénévoles parcourant 330’101 km (8’754 transports) pour reconduire 17’923 personnes à leur domicile. Depuis 1993, c’est donc 51’500 bénévoles qui ont oeuvré pour raccompagner 104’500 personnes.
A l’heure actuelle, 87% de la population suisse connaît l’association Nez rouge. Cette action était financée en grande partie par le Fonds pour la sécurité routière. Celui-ci accordait, jusqu’en 2001 150’000.- à l’association alors que l’ISPA  estime que le coût annuel des accidents de la route est de 173 millions de francs. En 2004, le FSR a refusé la demande d’aide financière de 150’000.- , en assimilant Nez rouge à une action de transport. Pour le FSR, qui conduit ne boit pas, et Nez rouge va à l’encontre de slogan. Il n’a pas tenu compte de l’action de prévention et du message que Nez rouge essaie de faire passer par son action. Nez rouge a déposé un recours au Conseil Fédéral qui l’a refusé. Le Conseil Fédéral a mentionné que le FSR dispose de capitaux restreint, alors que l’aide que Nez rouge demandait correspondait à moins d’1% des 18 millions mis annuellement à disposition du FSR.
Les milieux de la prévention, tels que l’office fédéral de la santé publique (contribution annuelle de 5000.-), le conseil de sécurité routière soutiennent l’action Nez rouge. De grandes entreprises sont parrains de l’association: BP (Switzerland) met à disposition l’essence nécessaire aux voitures de Nez rouge, Swisscom met à disposition gratuitement le numéro d’appel 0800 802 208, et prend à sa charge tous les frais liés aux communications. La Zurich assure gratuitement la majorité des Opérations Nez rouge de Suisse romande. Citons encore parmi les parrains Unidrink qui offre des cannettes de Sinalco aux bénévoles et aux clients, ainsi que la Loterie Romande qui a participé à la mise sur pied des opérations Nez rouge de 2004, 2005 et 2006.
Le seul objectif de Nez rouge est de  » diminuer, dans notre pays, le nombre d’accidents de la route causés par des facultés affaiblies par l’alcool ou autre ainsi que leurs conséquences « . C’est un service gratuit composé de bénévoles, offert pendant la période des fêtes à tout conducteur ne se sentant pas en état de prendre la route.
Une équipe de bénévole est composée de trois personnes. Le chauffeur Nez rouge, le chauffeur client et l’accompagnant-e. Le chauffeur Nez rouge est la personne qui conduit le véhicule Nez rouge. Il accompagne ses deux collègues auprès du client, les dépose, et les récupère une fois le client reconduit à son domicile. Le chauffeur client est la personne qui conduit la voiture de l’appelant, et l’accompagnant-e est la personne qui monte avec le chauffeur client et le client dans l’automobile du privé. Il monte à l’arrière de la voiture, et agit aussi comme secrétaire du trio.

Nez Rouge se veut une association accessible à tous, et neutre. Les bénévoles qui y oeuvrent reçoivent une formation et une charte qui stipule qu’ils ne doivent pas juger les clients qu’ils raccompagnent, et qu’ils sont tenus à la confidentialité sur les trajets qu’ils effectuent. En effet, le but de Nez rouge est que toute personne qui se sent diminuée pour conduire fasse appel à elle. Ce n’est pas réservé aux personnes qui ont bu, c’est aussi destiné aux personnes fatiguées, ou sous l’emprise de médicaments. La seule exigence de l’association envers le client est que celui-ci possède la voiture que l’équipe doit prendre en charge. Les passagers du conducteur qui appelle Nez rouge sont également raccompagnés. Les éventuels dons qui sont fait par les clients sont reversés à des institutions à but social et non lucratif.

En dehors de périodes de fêtes, Nez rouge ne disparaît pas complètement. Il existe tout au long de l’année, le service Nez rouge. Ce service est proposé aux organisateurs de fêtes et de manifestations qui souhaitent  » bénéficier d’aide et de conseils afin qu’ils puissent prendre aux-mêmes des mesures nécessaires pour que la fête se termine bien  » ou  » bénéficier d’une action de prévention pour leurs hôtes selon le même principe que l’Opération nez rouge « .
Cette année encore Nez rouge sera sur les routes afin de prévenir de graves accidents de la circulation. Si vous avez trop bu ou que vous êtes simplement fatigués, ne vous mettez pas en danger, et épargnez les autres usagers de la route. Appelez les bénévoles de Nez rouge!
C.R.