Théâtre

Un banquet pour tous

Viviana von Allmen
La salle du théâtre Palace à Bienne était pleine de lampions comme si le public allez participer à une fête.
Les Spectacles Français présentent : « Le banquet de la Sainte Cécile » de et par Jean-Pierre Bodin avec la participation du Big Band MJB (musique des jeunes de Bienne).
Mise en en scène de François Chattot et Jean-Pierre Bodin.
L’auteur, ancien régisseur de théâtre monté sur les planches,possède un formidable talent de conteur.
Il relate avec force détails des savoureux anecdotes à propos de l’Harmonie Municipale du village de Chauvigny où il fut saxo alto pendant vingt ans.
Dans la pièce, l’auteur nous dépeint la fanfare de son village. Les musiciens y étaient plus drôles les uns que les autres. Le 22 novembre, les musiciens célèbrent la Sainte Cécile, qui est devenue leur patronne au le VIe  siècle.
Soudainement, la mélodie d’un saxo fait irruption du fond de la salle, et à son arrivée des planches, le musicien qui prend place devant une immense table chargée de verres de vin. Il finit de servir tous les verres et commence son récit.
Sa mémoire infaillible nous transporte dans le passé et nous fait revivre l’ambiance des répétitions de ses anciens collègues de l’harmonie du village.
On croirait que c’est la fanfare la plus réputée de la région.  En effet, elle participe sans répit à toutes les inaugurations du village et des villages voisins, ainsi qu’aux sonneries aux morts du 11 novembre.
Mais la cerise sur le gâteau était sans, conteste la journée consacrée à cinq représentations consécutives, largement arroses de plusieurs tournées de vin… Ces artistes ont reussi à ne pas s’écarter de leurs petites manies habituelles.
Entre deux coup de vin, Jean-Pierre Bodin raconte avec amusement des multiples anecdotes, sur  Rechaussas à l’alto qui ne parvenait jamais à attaquer le 2ème et 3ème temps de la valse, sur Didi, qui depuis 32 ans faisait semblant de jouer du cornet à piston, ou sur Godu qui, lors des défilés, mettait une canette de bière dans le pavillon de son saxo.
La représentation vient de se terminer. La salle est habitée par l’énergie de la pièce que l’on vient de jouer. Chez les spectateurs, l’émotion est encore là, sur le point de se transformer en fête.
La pièce est un monde en soi où le plaisir des mots, des gestes, de la musique… et surtout la magnifique idée de convier les spectateurs à monter sur la scène pour y partager un verre de vin, nous font vivre profondément cette célébration !
Pour prolonger la fête le Big Band MJB a joué magnifiquement plusieurs morceaux de leur répertoire. Il a été vivement acclamé par le public.
V. vA

Danse

Stop the world, I want to get out

Viviana von Allmen
A la jonction de la performance dansée et le travail de représentation, Gilles Baron, Fabio Bergamaschi, Anne Delahaye, Sofia Dias, Corinne Rochet et Vitor Roriz,  nous plongent dans un milieu aquatique, pour le moins drôle, où les profondeurs et la superficialité se côtoient.
Lundi 11 décembre au Théâtre Palace de Bienne La Fondation du théâtre d’expression française a présenté pour la première fois « I want to go home » de et par la Compagnie Alias. 
L’Histoire s’inspire de la nouvelle de Dino Buzzati, qui traite de  nos peurs et de nos vanités. Elle nous raconte toute l’agressivité de la société actuelle, mais aussi des moyens auxquels nous nous accrochons pour survivre. Son œuvre est une  association d’images mêlées à des collages d’humour et de légèreté.
Guilherme Botelho lance sur le plateau six danseurs aux personnalités fortes, qui trouvent les moyens physiques d’exprimer le fond de l’âme. Tous ont magnifiquement réussi une chorégraphie sans tâche, quoi que incompréhensible pour certains spectateurs de Bienne.
Pour qui n’a pas lu Dino Buzzati, la scénographie est grotesque et insupportable.
Il est difficile de décrire une pièce d’Alias, car la compagnie a le don de désaxer la perception des choses pour mieux en dévoiler le sens profond.
Dans l’obscurité absolue de la salle qui retentit au son des bourdons, une petite lumière nous laisse deviner une silhouette harmonieuse toute vêtue de rouge. La danseuse qui montre une plasticité inégalable au rythme de « Monalisa » capture toute l’attention du public.
Et c’est le « Masque » qui entre en scène avec une respiration spasmodique. Il s’approprie de la salle et les angoisses se multiplient dans le public. On entend des « quelle horreur ! ».
Danse de la peur, de la timidité, de l’impatience, danse du secret que l’on garde au fond de soi et de tout ce que l’on cache.
Le ballet oppose les apparences et les habitudes. Les danseurs sont des corps qui bougent,  des corps qui se révèlent à travers des attitudes qui font réfléchir.
Brûlant et atypique, la performance laisse libre cours à votre imaginaire.
« I want to go home » est le titre de l’œuvre. Mais à la sortie du spectacle, bien des personnes avouent : « No comment, I want to go home ! ».
Juste ou pas… Probablement juste, car le public a toujours raison. Quoi qu’il en soit, chacun avait des choses à dire !