Spectacles

Mélange Pompeux

Viviana von Allmen
Munis de leurs immenses talents, Peter Hens  voix et violoncelle et Bart Van Caenegem au piano, nous convient à leurs interprétations dans la plus stricte intimité.
Lundi, au Théâtre Palace, La Fondation du théâtre d’expression française présente « Pomposo ».
La Framboise frivole, est un mariage mélodieux entre deux musiciens virtuoses à l’humour ravageur. « Pomposo », c’est leur nouveau spectacle qui n’a rien de frivole. C’est une performance qui leur a valu une nomination aux Molières 2004. ils ont reçu le prix du « Meilleur spectacle de divertissement »
Création et mise en scène de Peter Hens et Bart Van Caenegem.
Un spectacle burlesque réglé au diapason. Un régal qui va crescendo. Une vraie fête de la musique. La musique dans un langage délirant à la portée de toutes les oreilles.
Dans un décor plus que classique : un piano, une guitare et un violoncelle, les acteurs déploient une maîtrise absolue de la scène. Ils portent nœud papillon et queue-de-pie,évoquant ainsi la rigueur de mise lors de tout concert. Cependant, ces musiciens ne sont pas des gens sérieux, mais ils font sérieusement leur gamme.
Avec une malicieuse virtuosité, ils nous entraînent dans un tourbillon espiègle où délirent en folle harmonie Beethoven et Sting, Prokofiev et les Beatles.
Musicologue averti, Peter Hens nous introduit dans la vraie identité de Schubert  prénommé Franz, qui donne son mon au fameux Tour de Franz. Ensuite commence un cycle de trois petites chanson appelées un tricycle, où il ne faut surtout pas applaudir entre une chanson et l’autre – mis à part les Flamands dans la salle. Le chanteur Peter Hens, loquace et toujours inspiré par un bon mot, réussit avec dextérité à faire parler son violoncelle avec le public.
Nos deux compères détournent et combinent les mots avec talent et une aisance déconcertante. Leurs implacables jeux des mots en sont d’autant plus savoureux qu’ils sont récités dans leur accent flamand.
Le duo belge explore tous les genres musicaux et, par des juxtapositions insensées, des ruptures nouées, des glissements extravagants, transforme le concert en une avalanche de gags. Ainsi Haendel sera au coude à coude avec Oh Happy Day, La Vie en Rose, Pierre et le Loup ou encore Carmina Burana.
A l’heure de prendre congé, les musiciens interprètent le morceau de l’espoir avec les mots Alléluia, Alléluia, Alléluia, Alléééééluia le loup est là.
Au-delà des sketches les plus déjantés, on sent la maîtrise totale de leur art respectif.
V.vA

Théâtre

Amour, magie et rêve

Viviana von Allmen
Au théâtre on va rêver, et qui est plus à même que Shakespeare de nous faire entrer dans un songe les yeux grands ouverts ?
Lundi 20 novembre, au Théâtre Palace de Bienne, les Spectacles français ont présenté« Le Songe d’une nuit d’été » de Williams Shakespeare, traduction de Jean-Michel Déprats et mise en scène de Anne-Cécile Moser.
Le « Songe » est un pur divertissement, aussi éphémère que le sentiment amoureux peut parfois être, c’est ce que semble nous dire Shakespeare : une idée essentielle que la mise en scène colorée et audacieuse de Anne-Cécile Moser explore plutôt bien, capturant avec finesse l’élan amoureux, les interrogations du texte, ainsi que les ambivalences des univers que le dramaturge fait converger.
Hermia et Lysandre, Héléna et Démétrius, quatre jeunes amants à la recherche l’un de l’autre, émouvants et burlesques, amoureux de l’amour, aveuglés par lui jusqu’au moment où une fleur magique leur permet de voir par d’autres yeux.
Leur monde est régi par les lois d’Athènes qui perpétuent un ordre patriarcal dans lequel une fille doit épouser l’homme que son père a choisi pour elle, sous peine, si elle refuse, d’être exécutée.
Tout près de la cité, dans la forêt, un autre monde coexiste, celui de la féerie. Emportés par les rythmes d’un tango, Titania et Obéron, la reine et le roi des fées, s’y livrent un combat qui met en jeu domination, possession et sensualité.
Ce monde mystérieux est dangereux pour les êtres humains, lorsque les personnages de la cité ont l’imprudence d’entrer dans la forêt alors même que la lutte entre le roi et la reine des fées se poursuit. Là ils ont rencontrer Puck, serviteur joueur d’Obéron. Puck a l’intelligence du diable, et est un démon du mouvement, arlequin maléfique d’inspiration moyen-âgeuse. Par des sortilèges, il fera vivre à ces humains une nuit si incroyable qu’ils ne parviendront pas à déterminer si leurs aventures furent réelles ou s’il ne s’agissait que d’un songe étrange.
Dans la nuit et à travers le songe, les humains peuvent approcher leur inconscient et l’essence de leur désir. Après cette nuit incroyable, l’ordre est rétabli, Titania et Obéron sont réconciliés, et le mariage du duc et de la duchesse sera aussi celui des deux couples d’amants apaisés.
L’art, comme l’amour, a la capacité de tout transfigurer et Shakespeare a sans doute voulu cette pièce ainsi, comme pour nous donner une illustration de son art, tout entier dominé par la puissance de l’imagination, entièrement voué à la création de l’illusion, illusion dramatique et illusion amoureuse.
La pièce un moment exceptionnel de gaieté, où paillardises et comique se côtoient.
V.vA