Analyse

La violence au travers des médias

De nos jours, la violence est le thème par excellence, le plus médiatisé, le plus exploité, et parfois le plus banalisé que ce soit au cinéma, à la télévision ou dans les journaux.
Notre société est en passe de devenir une extraordinaire société du spectacle. Jour et nuit les médias nous bombardent d’images horribles et de scènes terrifiantes illustrant la violence dans ses aspects les plus abjects et les plus révoltants.
Au temps des jeux mortels du cirque romain, la violence a atteint un niveau effroyable: en 380 avant J.-C., saint Augustin se désolait que les combats de gladiateurs éveillent chez ses concitoyens “ fascination et ivresse du sang versé “.
La violence a toujours joué un rôle dans les divertissements de l’humanité. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que, depuis quelques années on assiste à une transformation importante et même à une recrudescence de la violence dans les médias.
Nous vivons dans un monde paradoxal. D’un côté, la société nous dit que le développement des moyens de communication a permis de relier toutes les parties de la planète pour former un « village global » ; et de l’autre, la thématique internationale occupe de moins en moins  d’espace dans les médias, dissimulée par l’information locale, par les titres à sensation, le “people“ et par une forme d’actualité tournant autour du thème de la violence.
En sachant que certains facteurs économiques favorisent la prolifération de contenus violents, nous pouvons nous demander si cette forte présence de la violence dans les médias reflète tout simplement un choix de traiter du sensationnel ou de l’insolite. Un choix répondant à des stratégies commerciales afin d’attirer lecteurs, téléspectateurs…, friands d’événements stupéfiants et bouleversants, ou si cette omniprésence de la violence est réelle et que nos sociétés tendent vers une augmentation inquiétante d’actes cruels et violents.
Malgré tout, le rôle du journaliste est d’informer de l’actualité mais aussi de rendre compte des faits sociaux qui nous entourent et de leurs évolutions.
Son but est de nous renseigner, de nous permettre de prendre conscience de ce monde qui est le nôtre et du rôle que nous, individus, nous jouons dans ce système complexe que nous appelons “ société “.
Le média s’attache à respecter son statut d’intermédiaire entre les réalités sociales, culturelles, économiques qu’il observe, et les individus.
Par conséquent il est de son devoir, en tant que représentant de l’information, de parler du climat violent et des actes cruels qui se passent chaque jour dans le monde. De cette manière, l’être humain peut mieux comprendre nos sociétés, il peut s’interroger sur des différences culturelles, sociales, traditionnelles et les remettre en question, relativiser sa place et la place de l’autre dans le monde.

La question de la violence dans les médias demeure entière. De plus en plus, le débat se concentre sur la “ culture de la violence “ et la normalisation de l’agressivité et le manque d’empathie dans nos sociétés.
Cette omniprésence de la violence dans les médias entraîne un certain danger : celui de susciter une atmosphère de peur, d’angoisse et d’entraîner une psychose dans la population. Une population qui se sent tout d’abord impuissante face à cette “vague de violence croissante“ qui l’entoure mais aussi à la merci d’un monde qu’on lui présente comme violent et barbare.
Zoé Decker

Retrospective

Ce dont il vaut la peine de se souvenir

Suite et fin de notre rétrospective de l’année 2006. Retour sur les événements qui ont marqué l’actualité des mois d’octobre, novembre et décembre.

Le 7 octobre, à Moscou, la journaliste Anna Politkovskaïa est assassinée par balles dans le hall de son immeuble pour s’être opposée à Vladimir Poutine.
Le 9, la Corée du Nord annonce avoir réalisé le premier essai nucléaire de son histoire. Cette déclaration engendrera des tensions entre le Pays du matin calme et l’ensemble de la communauté internationale, qui décidera des sanctions économiques contre Pyongyang.
Le 13, Mohammad Yunus, fondateur et président de la Grameen Bank, organisme qui propose des prêts aux personnes les plus démunies du Bangladesh, reçoit le Prix Nobel de la Paix.
Le 24 octobre, sur le circuit brésilien d’Interlagos, le septuple champion du monde de Formule 1 Michael Schumacher dispute la dernière course de sa carrière. Au terme de celle-ci, le pilote espagnol Fernandon Alonso est consacré champion du monde pour la deuxième année consécutive.
Le même jour, craignant probablement la venue du plombier polonais, le peuple suisse accepte les nouvelles lois sur les étrangers et sur l’asile. Au lendemain des votations, Amnesty International constate que « la Suisse se dote des lois les plus restrictives en Europe alors que les demandes d’asile n’ont jamais été aussi peu nombreuses depuis vingt ans ».

Au mois de novembre, l’organisation anti-corruption Transparency rend son rapport annuel. Haïti, la Birmanie et l’Irak sont les pays où la corruption est la plus ressentie par la population. Sur une échelle allant de 0 (très corrompus) à 10 (pas du tout corrompus), Haïti obtient 1,8, la Birmanie et l’Irak 1,9. La Suisse se classe 7ème avec une note de 9,1. La Finlande, l’Islande et la Nouvelle-Zélande se partagent la première place avec un score de 9,6. L’Allemagne est 16ème (8,0), la France 18ème (7,4) et les Etats-Unis 20ème.
Pendant ce temps à Genève, Kofi Annan visite pour la dernière fois le siège de l’ONU en tant que secrétaire général. Quelques semaines plus tard, il cédera son siège au sud-coréen Ban Ki-moon.
Le 6, le prix Goncourt est attribué au livre « Les Bienveillantes » de Jonathan Littel.
Le 7, aux Etats-Unis, le parti démocrate remporte les élections partielles destinée à renouveler la Chambre des Représentants et le tiers du Sénat. Ce qui entraînera, le lendemain, la démission du Secrétaire d’Etat à la Défense Donald Rumsfeld.
Le 16 en France, Ségolène Royal est élue candidate socialiste à l’élection présidentielle par les membres du PS au détriment de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Le 23, le cinéma français perd l’un de ses plus fidèles serviteurs. Philippe Noiret meurt à l’âge de 76 ans.

En décembre, l’Organisation de l’aviation civile internationale annonce que le trafic aérien a progressé d’environ 5% en 2006, selon les données récoltées auprès des 189 pays membres de l’association. Au total, 2,1 milliards de personnes ont pris l’avion durant l’année, ce qui constitue un record historique. Dans un même temps, l’Aéroport international de Genève enregistre  également un record de fréquentation avec près de dix millions de passagers.
En Angleterre, la ville d’Ipswich est plongée dans l’horreur. Cinq prostituées ont été assassinées en l’espace de quelques semaines, vraisemblablement par le même homme. Le spectre de Jack l’Eventreur refait surface.
Le 4, la Nasa projette d’établir sur la Lune, d’ici une quinzaine d’années, une station habitée qui servira d’avant-poste à différentes expéditions spatiales, notamment en direction de Mars.
Le 10 décembre, victime d’une crise cardiaque, l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet meurt à l’âge de 91 ans. Sans avoir été jugé. Le jour de Noël, le monde musical est en deuil. James Brown, le Godfather of Soul, n’est plus.
Le 30, en Irak, Saddam Hussein est exécuté par pendaison.
D.N