Eclairage

Psychiatrie : la vérité sur ses abus

La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH) a publié en automne 2006 une brochure fort intéressante. Intitulée « Psychiatrie, la vérité sur ses abus », son but est de dénoncer les nuisances des psychiatres pour ensuite lancer un l’appel à l’action. Ce document opère son argumentation de manière chronologique, il  reflète 200 ans d’histoire de la psychiatrie.

Tout commence au début du 18ème siècle, par les pratiques d’enfermements des aliénés, considérées aujourd’hui comme de la torture. Cent ans plus tard, on assiste à la naissance de l’eugénisme, une pratique visant à créer une race humaine supérieure par une reproduction sélective. En 1883, un psychiatre nommé Herbert Spencer s’inspire de la théorie de l’eugénisme et invente la « psychologie évolutive », une science censée permettre de déceler toutes personnes étant biologiquement inaptes à se reproduire et dignes d’une mort rapide. Par ailleurs, les écrits sur l’eugénisme et l’idée de la promotion d’une psychologie évolutive dans la société, forment les fondements idéologiques du livre raciste Mein Kampf d’Adolf Hitler. Ainsi, durant la Seconde Guerre Mondiale, toutes ces théories ont servi de caution « scientifique » aux meurtres de millions de personnes. Mais déjà avant la guerre, dans les années 30, la psychiatrie développe les traitements de chocs et la psychochirurgie ; notamment les pratiques d’électroconvulsivothérapie, ainsi que la lobotomie simple et la lobotomie préfrontale qui provoquèrent l’endommagement du cerveau et la mort de plusieurs milliers de personnes. La première visée de la psychiatrie était donc de « laver » le monde de toutes personnes étant diagnostiquées inaptes à la continuité de la race humaine.

La deuxième visée n’est autre que l’aspect financier. En effet, dès 1940 la psychiatrie établit un système de diagnostics médicaux (sans la moindre preuve scientifique) afin de pouvoir bénéficier de subventions. De surcroît, les années 50 marquent l’apparition des « médicaments antipsychotiques » qui ont l’effet d’une lobotomie chimique : la vente de ce genre de médicaments permit aux psychiatres et aux entreprises pharmaceutiques d’amasser une fortune colossale, au détriment de milliers de patients drogués et dépendants, ayant développé de graves handicaps mentaux. La suite logique de ces événements n’est autre que la création des antidépresseurs de synthèse comme le Prozac et la prescription en masse de Ritaline (similaire à de la cocaïne) pour des enfants que l’on qualifie trop vite d’ « hyperactifs ». L’année 2005 correspond à un chiffre d’affaires de 76 milliards de dollars pour les ventes internationales de psychotropes (Prozac, Thorazine, Ritaline etc.), alors que l’on constate en parallèle un nombre alarmant de suicides et d’attaques cardiaques ou cérébrales chez les consommateurs. Cela continue aujourd’hui.

Ces données sont très intéressantes et remettent en question les pratiques occidentales de la psychiatrie vielles de plus de deux siècles. Prendre ses distances par rapport à la tentative parfois exagérée de la médecine de normalisation des patients peut s’avérer très utile. Cependant, il s’agit également de questionner la CCDH. Depuis quand existe-t-elle et qui est derrière cette commission ? Une petite recherche nous a révélé que la CCDH a été créé en 1969 par l’Eglise de Scientologie et qu’elle a pour but « d’enquêter et de dénoncer les violations des droits de l’Homme perpétrées par les psychiatres ». Elle lutte également pour assainir le domaine de la santé mentale. Il s’agit donc également d’être prudent : en effet, la Scientologie est une association aux statuts nombreux et controversés selon les pays et leurs législations : si en Suisse elle est considérée comme une « association commerciale », d’autres pays la considèrent comme une religion ou encore une secte. Si certaines remises en question de la médecine traditionnelle peuvent être saines, il ne s’agit pas non plus de la nier et de méconnaître les progrès énormes qui ont permis à de nombreux malades d’être soignés.
T.B.

Eclairage

Le sport en émotions

La manifestation des émotions révèle une certaine dichotomie et le sport n’échappe pas à ce constat.

Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises émotions, à proprement parler. Même la colère, lorsqu’elle est correctement contrôlée, peut être bénéfique. Ce sont les manifestations de ces émotions qui, dans leur contexte, paraissent acceptables ou non. On ne laisse pas exploser sa joie de la même manière lorsqu’on remporte une partie de snooker ou un match de football.

Comme vous le savez certainement, le sport permet de ressentir toutes les émotions existantes. En effet, ne dit-on pas qu’une vie se passe en un match de foot ?
De la joie à la déception, de l’enthousiasme et l’espoir aux regrets et à l’affliction.
Roland Barthes l’avait compris, lorsqu’il faisait du récit du tour de France une véritable épopée extraordinaire. Ces foules s’amassant le long des routes escarpées afin de voir leur champion passer, espérant peut-être les toucher. Que d’engouement, de ferveur, et que de pleurs lorsque son favoris craque ! Malheureusement aujourd’hui les rebondissements du Tour sont plus liés aux nombreuses affaires de dopage qu’à la course elle-même.

Les terrains de foot eux-mêmes ne sont-ils pas de grandes arènes dans lesquelles se battent des gladiateurs au péril de leur vie ? La comparaison semble peut-être exagérée, mais n’est-ce pas de cette manière que le public et les commentateurs le vivent ? A l’image de Bernard Jonzier qui ne peut dissimuler ces émotions, alors que « Tom Tom  » ne vient que de dépasser le dixième coureur !

Mais ces émotions parfois mal gérées peuvent laisser place à des débordements.
Comme Jean-Marie Brohm le surnomme, l’ « opium du peuple » engendre une foule d’émotions parfois difficiles à contenir. Tous ces gens dont la vie dépend de l’issue du match du samedi soir ne vivent que par et pour le sport. Cela allant parfois jusqu’à de violents affrontements entre hordes de supporters en ébullition.

Que se passe-t-il du côté des sportifs ? Dans une société où l’on nous propose de plus en plus de coachs et d’aides pour maîtriser nos émotions, pour gérer ce stress dont on nous parle si souvent, les sportifs de haut niveau ne sont pas à l’abri d’un coup de sang ou d’un surplus d’émotions. J’en veux pour exemple le célèbre « coup de boule » de Zidane en finale de la Coupe du Monde. Ne sachant plus comment gérer toutes ses émotions (dernier match international, pression de la victoire, provocations, …) il a craqué. Tout simplement craqué. Il n’a pas su gérer et contenir ce qu’il ressentait.
Autre exemple, Anna Ivanovic qui, face à Justine Henin, perd tous ses moyens en finale à Roland-Garros. Complètement dépassée par l’événement, elle laissera filer la rencontre en un peu plus d’une heure (6-1 6-2).

Le sport, qu’il soit vécu de l’intérieur ou de l’extérieur, procure de nombreuses émotions pas toujours évidentes à contrôler. Ces émotions font-elles pour autant partie intégrante de la vie ? Faut-il les maîtriser ou au contraire les laisser s’exprimer en faisant du sport un exutoire ?

Sébastien Goetschmann