D’ores et déjà considéré comme l’un des plus grands skieurs suisses de l’histoire, Didier Cuche a remporté deux nouveaux globes de cristal lors des finales de la Coupe du Monde de Lenzerheide. Avec son physique de catcheur et son crâne chauve, le Neuchâtelois renvoie bien souvent l’image de la brute épaisse qui dévale les pistes tel un casse-cou. Pourtant, derrière cette carapace se cache un homme très sensible.
Portrait d’un phénomène.
« J’annonce que je ne vais pas … me retirer ». Arborant un large sourire, Didier Cuche annonce à un parterre de journalistes qu’il n’a pas l’intention de prendre sa retraite à l’issue de la saison. « C’est la passion qui me motive à continuer. Je poursuis ma carrière par pur plaisir et non pas pour prouver quoi que ce soit. Le ski a toujours été une passion pour moi et en reste une. » Cette annonce, faite la veille du début des finales de la Coupe du Monde, donne le véritable coup d’envoi de la compétition. Il est certain que si le skieur suisse de 35 ans avait décidé de mettre un terme à sa carrière, ces finales auraient eu une toute autre saveur. Mais c’est aussi tout le ski suisse qui peut respirer. De part son expérience et son charisme, Didier Cuche reste le leader incontesté de l’équipe helvétique de ski alpin.
Didier est arrivé au sommet de la hiérarchie mondiale à force de travail et d’abnégation, une de ses plus grandes qualités. Né au Paquier en 1974, c’est dans la petite station neuchâteloise des Bugnenets qu’il chausse les lattes pour la première fois. A 19 ans, il débute sa carrière de skieur professionnel en prenant part aux championnats du monde junior. Durant plusieurs années, il fait
ses armes en Coupe d’Europe participant de temps à autres à quelques courses de Coupe du Monde. Même s’il obtient des résultats probants, notamment dans les épreuves de vitesse, ce n’est qu’en 1998 qu’il explose réellement. Durant cette année, il remporte sa première victoire en Coupe du Monde et récolte la médaille d’argent en super-G lors des Jeux Olympiques de Nagano. Par la suite, il connaît des passages à vide, dus entre autre à des blessures qui rythment
malheureusement la carrière de tout skieur professionnel. Toutefois, dès 2007, c’est sa régularité dans ses trois spécialités (descente, super-G et géant) qui le mène au sommet, finissant quatre années consécutives au troisième rang du classement général.
A présent, Cuche possède l’un des plus beaux palmarès du ski alpin. A cette moisson de trophées se sont encore ajoutés deux globes de cristal remportés à l’issue des finales à Lenzerheide. Dans la station grisonne, le Neuchâtelois s’est assuré le globe de descente en prenant la 4e place de
l’épreuve, avant que le super-G ne soit annulé à cause d’une météo défavorable, lui offrant du même coup le globe de la spécialité. « Il est certain que ce n’est pas la manière la plus sportive de remporter une course. Je l’ai appris par téléphone, à peine sorti du lit. Quelques instants plus tard, des membres du staff ont débarqué dans ma chambre avec une bouteille de champagne ! »,
s’est amusé le skieur des Bugnenets en conférence de presse. Ainsi, il décroche le globe de super-G pour la première fois de sa carrière, tandis qu’il s’agit déjà de son quatrième sacre en descente.
ses armes en Coupe d’Europe participant de temps à autres à quelques courses de Coupe du Monde. Même s’il obtient des résultats probants, notamment dans les épreuves de vitesse, ce n’est qu’en 1998 qu’il explose réellement. Durant cette année, il remporte sa première victoire en Coupe du Monde et récolte la médaille d’argent en super-G lors des Jeux Olympiques de Nagano. Par la suite, il connaît des passages à vide, dus entre autre à des blessures qui rythment
malheureusement la carrière de tout skieur professionnel. Toutefois, dès 2007, c’est sa régularité dans ses trois spécialités (descente, super-G et géant) qui le mène au sommet, finissant quatre années consécutives au troisième rang du classement général.
A présent, Cuche possède l’un des plus beaux palmarès du ski alpin. A cette moisson de trophées se sont encore ajoutés deux globes de cristal remportés à l’issue des finales à Lenzerheide. Dans la station grisonne, le Neuchâtelois s’est assuré le globe de descente en prenant la 4e place de
l’épreuve, avant que le super-G ne soit annulé à cause d’une météo défavorable, lui offrant du même coup le globe de la spécialité. « Il est certain que ce n’est pas la manière la plus sportive de remporter une course. Je l’ai appris par téléphone, à peine sorti du lit. Quelques instants plus tard, des membres du staff ont débarqué dans ma chambre avec une bouteille de champagne ! »,
s’est amusé le skieur des Bugnenets en conférence de presse. Ainsi, il décroche le globe de super-G pour la première fois de sa carrière, tandis qu’il s’agit déjà de son quatrième sacre en descente.
Toutefois, Didier Cuche n’est pas qu’un skieur au palmarès bien garni. Il est également un personnage charismatique dans le monde du Cirque blanc. Il faut dire qu’avec son physique atypique, il ne passe pas inaperçu. Celui que l’on surnomme le « Cube » – 1.74m. pour 89 kg ! – a la carrure du spécialiste de vitesse. Lancé sur la piste, c’est une vraie bombe et un modèle d’aérodynamisme qui n’a pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de dévaler des pistes à plus de 100
km/h. « Il est le seul à skier la Mausefalle en position de recherche de vitesse ! », note,admiratif, le Français Adrien Théaux, vainqueur de la descente de Lenzerheide. Didier, c’est aussi un caractère bien trempé. Dernier exemple en date : sa brouille avec Günter Hujara, directeur de course, la semaine précédent les finales. Lors des épreuves de Kvitfjell, le skieur neuchâtelois voulait que l’on rabote un saut de cinq centimètres, car il estimait qu’il représentait un grand danger pour les skieurs. Selon Günter Hujara, la requête avait un ton menaçant. Il punit donc le Suisse d’une amende de 5000 francs. Fâché, le Neuchâtelois se retire de la commission des skieurs et, le lendemain même, remporte le super-G. On vous l’a dit, Didier a du caractère…
Pourtant, derrière cette « boule de muscle », on retrouve un homme sensible au grand cœur. Alors qu’il apprend qu’il a remporté le globe de la descente, il remercie chaleureusement le public, très ému, avant d’expliquer, les larmes aux yeux, l’importance de ce sacre : « Compte tenu des
circonstances, ce globe de cristal est le plus fort de tous au niveau de l’émotion. Dans ce sport, les moments de bonheur se mêlent toujours aux moments de frustration. Tout peut aller très vite, c’est pour ça que le ski est un sport magnifique. ». Interrogé au sujet de la situation au Japon, il déclare sincèrement : « Je suis très touché par ce qu’il se passe là bas. A la télévision, j’ai vu l’image d’un enfant cherchant ses parents parmi les débris. Cela m’attriste profondément. Je me suis aussi interrogé sur la nécessité de m’énerver pour cinq centimètres de plus ou de moins (ndlr : sur le saut de Kvitfjell), alors que des gens meurent ou se retrouvent sans logis à l’autre
bout du monde. J’apprends à relativiser. ». Cuche a d’ailleurs généreusement joint sa prime de course (8500 francs) à une action caritative en faveur du Japon lancée par la skieuse américaine Julia Mancuso. Non, décidément, l’hercule des Bugnenets n’a rien d’une brute épaisse…
R. C.