Durant tout le week-end de Pâques, la ville de Neuchâtel était en fête pour célébrer ses 1000 ans d’existence. En effet, c’est en l’an 1011, le 24 avril exactement, qu’un roi de Bourgogne fit don d’un Novum Castellum (nouveau château) à son épouse. Par la même occasion, la ville fut citée pour la première fois dans un document officiel. Une ville qui est donc née sous le symbole de l’amour… peut-être une des raisons de sa pérennité.
Bien sûr, on savait que ce week-end du millénaire serait un week-end de fête. Bien évidemment, on savait qu’il y aurait des concerts gratuits et 100’000 bougies illuminant la ville. Effectivement, on voyait plus ou moins ce que sont des animations musicales et visuelles, mais dans les faits, quel était le résultat final?
Un week-end bluffant! Tant par le côté magique des animations réalisées sur différents bâtiments emblématiques de la ville, que par la ponctualité et le professionnalisme des concerts donnés gratuitement à la place de Halles et à la place du Port. De plus, le bouquet final qu’était l’illumination de la ville par des centaines de milliers de bougies, donnant un air de gâteau géant à la ville, était vraiment surprenant et féerique. Petite revue en détails des différents événements!
Quand la musique est bonne :
C’est tout doucement qu’a commencé la fête, avec une animation pour les petits réalisée par Sonia Grimm, à la place du Port le vendredi à 15h00. Ensuite, à la place des Halles le jeune et talentueux groupe neuchâtelois Deep kick a mis l’ambiance, suivi de Elkee qui a gentiment fait monter la sauce pour continuer à 21h00 avec les Stevans qui ont réellement enflammé le public avec notamment leur tube vodka red girls et une reprise pour le moins déjanté de Britney Spears.
En parallèle, l’ensemble symphonique de Neuchâtel a pris place sur la grande scène. Dirigés par le chef Alexander Mayer, les musiciens ont interprété un répertoire dynamique et éclatant, afin de donner le ton des festivités qui ont suivies. Le groupe Climax a quant à lui emporté le public dans son univers si particulier.
Le samedi soir, les Moonraisers, tête d’affiche de la soirée ont transmis leur « good vibrations » à un public pour le moins hétérogène, qui a semblé très réceptif à l’ambiance conviviale voulue par le groupe. En plus de leurs titres phares comme White spliff, Puppet master ou encore Rise Up, les Moonraisers ont joué plusieurs de leurs nouveaux morceaux qui sortent actuellement à intervalle régulier sur internet.
Finalement, c’est la très décalée et énergique Solange la Frange qui a réalisé une prestation survoltée face à un public plus averti, mais tout aussi dense!
Le dimanche, un discours d’ouverture officiel a pris place sur la grande scène, avec notamment une intervention de Jean Studer, ainsi que du président de la ville de Neuchâtel, Daniel Perdrizat. Les festivités ont donc été officiellement déclarées ouvertes jusqu’à la fête des vendanges qui en marquera la fin.
Des animations hautes en couleur :
L’automate à images
Assis aux terrasses des restaurants de la place des Halles ou déambulant dans la rue, les spectateurs voient défiler sur les murs avoisinants des images représentant d’anciennes affiches commerciales. Affiches et thèmes correspondants s’échangent à tour de rôle, les mots s’illustrant par des images. On découvre ainsi une publicité estampillée « Milka »derrière le thème du chocolat. Les savoirs faire du canton de Neuchâtel sont également regroupés sous des thèmes tels que l’horlogerie et la microtechnique, l’automobile, la dentelle et les Indiennes, la distillerie,
l’absinthe et le vin. L’économie du canton passée et présente est ainsi mise en lumière d’une manière originale et haute en couleur par les artistes Olivier Corthésy et Adrien Coendoz.
L’affaire Gaudot
« Mes amis, mes amis écoutez-moi, lors de l’avènement de la Prusse en 1707, le roi avait fait la promesse de respecter nos coutumes, dès lors, il ne pouvait changer de régime fiscal sans notre
approbation ! ». Le représentant du peuple à qui appartiennent ces mots interpelle le public présent en nombre autour de lui à la Croix du Marché. Intrigués, les passants tendent l’oreille. L’heure est aux revendications, car la population souffre sous le nouveau régime fiscal de Frédéric II, roi de Prusse. C’est ainsi que plongés au cœur de l’action grâce à des effets visuels et sonores très réalistes, les spectateurs de ce théâtre de rue se prennent au jeu et donnent vie aux cris de mécontentement du peuple neuchâtelois. Par la suite apparaît sous les yeux des spectateurs un écran géant montrant la conversation entre Claude Gaudot, avocat neuchâtelois, et Frédéric II, ce
dernier remettant le gouvernement de la principauté de Neuchâtel à Gaudot.
L’avocat neuchâtelois est alors considéré comme un traitre par ses pairs et la projection terminée, un cri fuse : « accueillons le traître comme il se doit ! ». Les acclamations d’un public séduit par la pièce à laquelle il est en train de prendre part résonnent alors. L’ambiance se réchauffe. Soudain, des cris provenant de la foule résonnent et les spectateurs, surpris, ont à peine le temps de s’écarter pour laisser passer deux hommes, l’un est Gaudot tentant d’échapper à son poursuivant. Le traître réapparaît quelques instants plus tard à l’une des fenêtres d’un bâtiment. Gaudot cherche en vain de l’aide auprès de la foule présente, et ne récolte à la place qu’une pluie de faux cailloux. Bientôt, il se fait rattraper par son poursuivant qui lui ôte la vie. Le
traître est mort, comme en témoigne cette soudaine coulée de sang virtuelle. Les « hourras » résonnent parmi le public et l’affaire se termine avec un retour au calme. La foule, qui s’est laissée surprendre avec plaisir par la mise en scène de Renaud Berger et le talentueux jeu d’acteur des Batteurs de Pavés, repart encore étourdie par l’affaire qu’elle vient de vivre.
Le Miroir fou
Paré de ses plus beaux atours par le jeu de lumières illuminant sa façade, l’Hôtel du Peyrou accueille des visiteurs de tout âge pour une performance visuelle et sonore unique. De nombreuses réceptions furent données dans ce lieu chargé d’histoire et c’est pour en illustrer l’aspect festif que l’artiste Robert Nortik propose un voyage alliant projections colorées et musiques variées. Aux mélodies du début du 20e siècle succèdent des voix humaines riant ou parlant. Quelques accords de guitare électrique prennent alors le relais tandis que des formes et couleurs s’assemblent en mouvement sur la façade du bâtiment. Lorsque les premières notes de Just dance de Lady Gaga résonnent, les spectateurs perçoivent la transition entre les musiques festives traditionnelles ou encore classiques et les tubes actuels que l’on peut entendre dans les boîtes de nuit aujourd’hui. Sons et images se retrouvent souvent synchronisés sur le même rythme, comme les spectateurs peuvent le constater lorsque chaque fenêtre du bâtiment est illuminée une à une par des couleurs différentes au rythme d’une chanson des Black Eyed Peas.
La performance visuelle et sonore se poursuit sur des mélodies envoutantes de danses latines et
autres airs entraînants pour finalement se conclure par les portraits de deux hommes liés par l’amitié : Pierre-Alexandre DuPeyrou, créateur de l’hôtel et Jean-Jacques Rousseau.
1001 Mots
Les façades du Musée d’art et d’histoire sont le support d’expression de divers mots tirés du livre du Millénaire Neuchâtel 1011-2011 Mille ans – Mille questions – Mille et une réponses. Le public peut également découvrir en direct des sms parcourant les murs, envoyés par les spectateurs eux-mêmes. Le concept des messages du public dévoilés en direct est une initiative du groupe SIGMA6 et qui remporte un certain succès. Toute sorte de messages défilent ainsi, parmi eux des déclarations d’amour en tout genre, des propositions farfelues ou encore des messages d’exaspération, telle cette personne ayant loué une chambre à l’hôtel d’à côté pour une somme assez importante et souhaitant dormir !
Perspective lyrique
Les artistes Collectif 1024 ont mis en place un dispositif assez étonnant au Collège Latin, proposant une animation dans laquelle la façade sud du bâtiment se met à bouger, se déformer et laisse même apparaître la représentation d’une tête humaine. La technique de juxtaposition d’images et les jeux de lumière produisent un effet saisissant. De plus, la performance visuelle est accompagnée de sonorités diverses que les spectateurs peuvent personnaliser en utilisant leur voix. De la façade du collège semblent ainsi émaner des airs plutôt lyriques tandis que la perspective du bâtiment s’en trouve revisitée.
Allumons la ville Millénaire
Afin de marquer dignement les mille ans de la ville de Neuchâtel, le comité du millénaire s’est associé à l’artiste Muma dont l’idée de disposer 100’000 bougies dans les rues de la ville a remporté un vif succès. Placées en des lieux tels que la place Coq d’Inde ou encore le bord du lac, les bougies ont formé plusieurs ronds de lumière, ainsi que des liens entre les différentes places. La foule pouvait de ce fait suivre les filets de lumière qui les ont menés à travers les rues de la ville et jusque dans la cour du château. Le sentiment général émanant de cette foule émerveillée
: tout simplement le bonheur d’assister à un moment vraiment unique.
Les festivités marquant l’ouverture du Millénaire se sont déroulées à un rythme effréné, dans une ambiance festive se propageant dans les rues de la cité. Les badauds ont commémoré l’anniversaire de la ville de Neuchâtel avec l’achat de batz ou encore par leur présence aux diverses manifestations proposées. La population a répondu présente à la journée officielle du 24 avril 2011, clou de ces festivités. L’originalité et le choix des animations ont grandement
contribué à la réussite de ce week-end. La population neuchâteloise peut être rassurée : les festivités du Millénaire se poursuivent jusqu’à la fête des Vendanges et à n’en pas douter, il reste encore de belles surprises à découvrir !
AST et M.Ch, avec la collaboration de Sophie Chiffelle.
Site du Millénaire, ville de Neuchâtel : http://www.1000ne.ch/
Commander le livre du Millénaire : http://www.editions-attinger.ch/detail.php?ouvrage=1196