Un pasteur à l’écoute des jeunes

Il était un temps où nourrir l’esprit faisait partie du quotidien. Ce temps est révolu.
C’est du moins c’est ce que constate Christophe Bigler pasteur de a paroisse réformée alémanique de Bienne-Boujean. 
Interview par Viviana von Allmen

Christophe Bigler, pourquoi jeunes s’éloignent-ils de la vie spirituelle ?
C.B. : Les valeurs au sein de la famille se sont modifiées depuis un certain temps, souvent à cause d’une forte tendance à vouloir  «paraître» et non pas «être». Ces changements sont amenés par l’évolution de la société qui pousse les personnes à donner trop d’importance aux biens matériels. Par exemple, l’ère de la communication dans laquelle nous nous trouvons est totalement paradoxale. En effet, il semble que communiquer n’est pas un but en soi. Seul le moyen compte, si possible un modèle dernier cri. Je pense que plus les personnes ont la possibilité de communiquer, plus elles se sentent solitaires et compensent ce manque par le
«matériel».

Croyez-vous que le processus va s’inverser ?
C.B. : Les jeunes s’ils sont animés par un désir de spiritualité se tournent vers les croyances orientales, par exemple le bouddhisme. Peut être parce que la plupart de ces religions orientales restent dans le mythique et sont relativement hermétiques. Pour cette raison, elles attirent plus les jeunes. Dans le christianisme, on ressent que les croyants recherchent de plus en plus des explications concrètes, supportés qu’ils sont par la science moderne.


Comment essayez-vous de conduire les jeunes à la spiritualité ?

C.B. : Nous leurs offrions des excursions, des billets de cinéma ou des camps de ski, il y a quelques années mais l’affluence était si maigre que maintenant nous ne le faisons seulement sur demande.? La période du catéchisme, où nous enseignons les saintes écritures adaptées aux temps d’aujourd’hui, nous permet d’aller à leur rencontre.? Par le temps, les enfants assistent  au culte avec leurs parents. Sans le support des familles, il est très difficile de motiver les jeunes, qui renoncent à venir seuls au culte.

Que pensez-vous de l’affirmation «notre siècle sera religieux ou ne sera pas» ?
C.B. : J’ai maigre espoir, car les personnes sont poussées à devenir de plus en plus égoïstes, ce qui est en parfaite contradiction avec nos préceptes religieux. Les nouvelles structures de notre société,
ont petit à petit aboli l’entraide entre personnes. Les institutions religieuses, dont la nôtre, essayent de s’y substituer.? Les ministres religieux doivent être prêts à l’appel de la communauté. A travers notre revue hebdomadaire, où s’affichent les coordonnées de tous les collaborateurs de la
paroisse, chaque membre est atteignable. C’est ainsi que quand quelqu’un est en détresse ou dans le besoin nous lui offrons notre aide. Toutefois sans foi,  il nous est impossible d’intervenir. N’est-il pas dit dans Luc 11 «En vérité je vous le dis, demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira»

Si vous aviez un vœu à formuler pour l’avenir, quel serait-il ?
C.B. : J’aimerais que les jeunes prennent le temps de regarder au plus profond d’eux-mêmes et redécouvrent les fondements et les origines d’une vie tribale. Ceci redonnerait à la spiritualité la
place qui est la sienne au sein de la communauté. ?
V.vA

 

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