Suisse 2025 : vers un retour de l’optimisme économique ?

Après un été morose marqué par la hausse des droits de douane américains, les indicateurs repassent au vert. Mais les signaux sociaux, eux, invitent encore à la prudence.

Le moral des acteurs économiques remonte
Le pessimisme semble s’éloigner des milieux économiques suisses. Les risques liés aux exportations se sont atténués, et le baromètre UBS–CFA a connu une remontée spectaculaire en octobre, malgré l’impact des droits de douane américains.

Historiquement, une chute aussi brutale que celle d’août 2025 (–53,8 points après +2,4 % en juillet), survenue lors de l’entrée en vigueur des nouvelles barrières commerciales, est souvent suivie d’un rebond. Celui d’octobre figure parmi les plus marqués depuis la création de l’indicateur, juste derrière ceux observés après la crise financière de 2008 et la pandémie de Covid-19.

La Suisse romande sous pression
Plus exposée aux échanges internationaux, la Suisse romande ressent plus fortement les effets de la nouvelle politique commerciale américaine. Après une croissance du PIB estimé à 1,6 % en 2025, les prévisions pour 2026 tablent sur un ralentissement à 0,9 %.
Cette fragilité se reflète aussi sur le marché de l’emploi, notamment chez les plus jeunes.

Chômage des jeunes : un signal d’alerte
Entre août et septembre 2025, le nombre de jeunes chômeurs (15–24 ans) a augmenté de 179 personnes (+1,3 %), atteignant 13 861. Sur un an, cela représente une hausse de 15,9 %. Le taux de chômage des jeunes reste stable à 3,2 %, mais la tendance inquiète.

En parallèle, les postes vacants annoncés aux ORP ont diminué de 1,3 % en septembre, avec 948 offres de moins qu’à la même période en 2024. Plus de la moitié (56 %) des postes sont soumis à l’obligation d’annonce, mais le décalage entre les profils recherchés et les compétences disponibles persiste.

Moins d’heures, plus de flexibilité
Les Suisses travaillent un peu moins, mais toujours davantage que leurs voisins européens. En 2024, un emploi à plein temps représentait 40 h 04 par semaine, soit 50 minutes de moins qu’en 2019. Ce chiffre reste inférieur à la limite légale de 45 heures dans l’industrie et les services, et de 50 heures dans l’agriculture et les soins.

« Le temps de travail suit une tendance baissière depuis plusieurs décennies », observe Cédric Tille, professeur d’économie au Geneva Graduate Institute (Institut de hautes études internationales et du développement).

Dans le secteur secondaire, les gains de productivité permettent désormais de produire avec moins de main-d’œuvre. Ces gains sont souvent réinvestis dans des horaires plus souples, améliorant la rentabilité tout en atténuant les tensions sur le marché du travail.

2026 : prudence et espoir
Malgré un horizon incertain, les conditions restent favorables à une hausse des salaires. L’allongement de la durée d’indemnisation du chômage à 24 mois pourrait aussi amortir les chocs sociaux.

Si les tendances actuelles se confirment, l’économie suisse pourrait amorcer un nouveau cycle de croissance dès 2026.
Reste à savoir si la confiance retrouvée se traduira par une reprise durable.
P.dN.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *