Un nouveau conte de Noël

Et si l’esprit de Noël se trouvait moins dans les vitrines que dans les cœurs ? Ce conte nous rappelle, avec douceur et simplicité, que la vraie magie des fêtes ne s’achète pas : elle se fabrique, se partage et se donne.

Depuis quelques années, Noël a perdu un peu de sa magie.
Les lumières brillent davantage dans les vitrines que dans les yeux des enfants.
Chacun s’empresse de trouver le cadeau parfait pour ses proches, souvent avec un brin d’anxiété, comme si la joie dépendait du papier doré plutôt que du geste. Pourtant, cela n’a pas toujours été ainsi.

Il était une fois, dans un petit village du Nord, perdu entre les forêts et les lacs gelés, une famille pour qui Noël rimait avec bonheur.
L’argent n’y coulait pas à flots, mais chacun tenait à déposer un présent sous le sapin, soigneusement décoré par la mère de famille.

Les enfants, impatients à l’approche de la fête, se précipitaient à la cave dès leur retour de l’école pour bricoler des cadeaux destinés à leurs parents.
Mais il leur fallait ruser, leur mère, intriguée, leur demandait ce qu’ils faisaient là-bas. Après réflexion, ils décidèrent de dire qu’il s’agissait de travaux scolaires. Cela devrait suffire.

Ils se mirent à l’ouvrage, armés de papiers colorés, de cartons récupérés chez les voisins et de morceaux de bois ramassés sur le chantier d’à côté.
La fille savait déjà quoi faire, un sac pour sa mère. Le corps serait en carton, recouvert de tissu et garni de mousse synthétique, doublé d’un tissu soyeux. Seule la fermeture posait problème, mais elle comptait demander conseil à sa maîtresse.
Le garçon, lui, hésitait. Un camion ? Non, pas pour ses parents. Sa sœur lui souffla une idée: fabriquer un porte-bougies en bois, avec plusieurs branches. Il accepta aussitôt.

Rien n’était facile, mais leur détermination restait intacte. À la fin de la semaine, ils avaient tout le matériel nécessaire et parvinrent à tout descendre à la cave sans éveiller les soupçons de leur mère. Ouf !
Pour justifier leurs longues absences, ils inventèrent un autre stratagème: « La maîtresse veut que le travail soit terminé avant le 20 décembre ! »
Même le chien semblait perplexe de les voir filer si souvent au sous-sol. Curieux, il voulait les suivre, mais ils devaient l’en empêcher.

Après de longues après-midis de travail, les cadeaux furent enfin prêts.
Il restait du matériel, et les enfants se demandèrent quoi en faire. Le garçon eut alors une idée: fabriquer des présents pour le vieux couple qu’ils croisaient chaque jour en rentrant de l’école. Ces deux-là n’avaient pas d’enfants, et leur nuit de Noël risquait d’être bien triste.
Ils en parlèrent à leur mère, qui fut aussitôt enthousiaste. Elle était fière de ses enfants, même si elle ne le disait pas.
Elle leur permit donc de retourner à la cave pour préparer ces nouveaux présents.

Enfin, la nuit de Noël arriva.
L’excitation était à son comble. Les enfants voulaient porter leurs cadeaux chez les vieux voisins, mais leur mère leur demanda d’attendre un peu, il était encore tôt.

Soudain, à vingt heures, la sonnette retentit. Serait-ce le Père Noël ?
Le chien accourut vers la porte.
Surprise ! Les visiteurs étaient le vieux couple, invités par la mère. Les yeux des enfants s’illuminèrent, leur cœur battait fort. Ils les embrassèrent et les invitèrent à s’installer à table.

Au moment du dessert, la mère demanda aux enfants de l’aider en cuisine. Là, elle leur glissa à voix basse: Allez chercher les cadeaux pour nos invités.

Vite, ils dévalèrent les marches et revinrent les bras chargés.
Les vieux, émus aux larmes, les embrassèrent longuement. Les enfants se sentaient comblés.

Ce soir-là, ils en oublièrent leurs propres cadeaux, pourtant posés sous le sapin. Car ils venaient de découvrir qu’il est des présents qu’on n’emballe pas: ceux qui se donnent avec le cœur.
C.G.

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