
Dans un coin de forêt brûlée, un arbre ancien raconte la lente disparition de son monde. Entre flammes et palmiers à huile, il rencontre Sumini, une Ranger qui croit encore en la renaissance de la terre.
Depuis des décennies, la forêt se réduit comme peau de chagrin. Les gouvernements du pays autorisent les brûlis pour planter des palmiers à huile, cette richesse tant convoitée sur les marchés mondiaux.
Chaque incendie ronge un peu plus le cœur vert du pays. Les chants des oiseaux s’éteignent, les rivières se troublent, et les peuples qui vivaient de la forêt voient leur vie se consumer.
La déforestation représente près de 80 % des émissions de CO₂ du pays. Et pourtant, au milieu des cendres, un arbre résiste. « Moi, l’arbre ancien », semble-t-il dire, « je tiendrai encore, malgré les hommes, malgré les puissants. »
Parmi les résistants, une femme veille: Sumini, Ranger de terrain. Son combat est celui de la survie.
« On ne veut pas que nos forêts soient rasées, » dit-elle souvent. « On veut les protéger pour qu’elles perdurent. Pour nous, la forêt est une source de vie, de savoirs et de revenus. »
Chaque matin, Sumini parcourt ce qui fut jadis un royaume d’arbres. Ses pas foulent les cendres, son regard se voile.
Un jour, elle aperçoit l’arbre calciné, debout malgré tout. Ses racines, à moitié brûlées, conservent encore un peu de sève, assez pour vivre, assez pour témoigner.
Combien de temps tiendra-t-il ? Combien de temps pour rappeler que la nature ne cède pas
si facilement ?
Les machines sont revenues, les palmiers ont poussé en rangs serrés. L’arbre est resté à leurs côtés, silencieux. Dans sa mémoire se mêlent les cris des singes, le vol des perroquets, la pluie sur les feuilles géantes.
Autour de lui, la monoculture a remplacé la vie.
Un matin pourtant, Sumini est revenue. Sur un terrain encore vierge, elle a planté un nouvel arbre, un descendant symbolique, porteur d’un espoir ténu.
Depuis, elle revient chaque jour, apporte de l’eau, parle à la terre. Les palmiers la regardent sans comprendre.
Mais l’arbre, lui, sait.
Dans ce geste simple se cache peut-être la promesse d’une renaissance.
Car il suffit d’une main qui plante, d’un cœur qui croit, pour que la terre se souvienne de sa force.
Et peut-être qu’un jour, quand les derniers palmiers se faneront, la forêt reprendra son souffle et l’ombre de l’arbre couvrira de nouveau les pas de Sumini.
P.dN.
