
Si le changement climatique en est l’un des principaux moteurs, un autre phénomène atmosphérique, moins connu du grand public, pourrait bien jouer les trouble-fête : le double jet-stream.
Depuis plusieurs semaines, l’Europe suffoque sous des vagues de chaleur à répétition. En France, en Espagne, au Portugal, la chaleur s’installe, repart, puis revient encore plus forte. Entre impacts sur la santé, les infrastructures et l’environnement, comprendre la mécanique de la canicule devient une urgence.
Après un mois de juillet record au Portugal – le plus chaud depuis près d’un siècle – l’Europe de l’Ouest s’apprête à affronter sa quatrième vague de chaleur.
Ces épisodes à répétition sont appelés à devenir plus fréquents et plus intenses. Le changement climatique en est l’un des moteurs. Mais il n’est peut-être pas seul en cause.
Un coupable discret : le double jet-stream
Des chercheurs allemands, américains et néerlandais, publiés dans Nature, se sont penchés sur un phénomène encore méconnu : le double jet-stream. Ce courant d’air violent, qui souffle habituellement entre 200 et 360 km/h à une dizaine de kilomètres d’altitude, se divise parfois en deux.(voir photo) Résultat : l’une des branches perd de sa puissance, laissant les vents chauds du Sahara remonter vers le nord. L’Europe de l’Ouest se retrouve alors coincée entre ces deux flux, avec à la clé des vagues de chaleur prolongées.
Selon l’étude, ce double jet-stream aurait joué un rôle dans près d’un tiers des épisodes caniculaires européens, et dans la quasi-totalité de ceux qui ont frappé l’Europe de l’Ouest ces dernières années. Il aurait même contribué à la canicule meurtrière de 2003, responsable de plus de 70 000 décès.
Des villes qui retiennent la chaleur
Les conséquences sont visibles partout. Certaines municipalités comme Barcelone, se préparent à des scénarios où le thermomètre pourrait grimper jusqu’à 50 °C. Les matériaux utilisés pour les bâtiments – asphalte, briques, béton – ont un faible albédo : ils absorbent la chaleur le jour et la restituent la nuit, empêchant la ville de se rafraîchir.
Les infrastructures, transports et électricité souffrent aussi. Sous l’effet de la chaleur, les rails se dilatent, les caténaires se déforment, les aiguillages se dérèglent. Les trains et métros sont ralentis pour limiter les dégâts, au prix de retards et d’annulations. Les réseaux électriques, déjà sollicités par la climatisation, sont fragilisés ; les coupures ne sont pas rares.
La canicule est un phénomène naturel, amplifié par le climat qui change et par certains mécanismes atmosphériques comme le double jet-stream. Mais ses effets dépendent aussi de nos choix : comment nous construisons nos villes, comment nous protégeons les plus vulnérables, comment nous gérons nos ressources.
Comprendre pour mieux agir : c’est peut-être là la clé pour ne pas subir.
C.G.
