Après la période « bénie » des premiers mois de la retraite et le sentiment d’être en vacances, est venu le temps de la réflexion sur ce que sera la vie sans travail.
Il y a plusieurs tendances, le sport physique ou intellectuel, l’art à consommer, par des visites d’expositions ou alors participer au développement de l’art en dessinant et peignant, la découverte de la nature, photographier selon les saisons des plantes et fleurs, puis les étudier
De mon côté j’ai tout de suite été attiré par la visite de salles de fitness, pas pour essayer de plaire physiquement aux autres, mais pour me sentir bien dans ma peau.
J’ai trouvé un centre complet avec 3 piscines une salle de fitness et deux salles pour des activités physiques diverses.
En outre, un aspect non négligeable de la retraite est la présence permanente à la maison.
Pour certains couples, c’est un vrai bonheur retrouvé, l’occasion de partager enfin du temps ensemble après des années à courir dans des rythmes professionnels désynchronisés. Mais pour d’autres, cette promiscuité nouvelle peut devenir pesante. Les habitudes de chacun sont bousculées, les silences deviennent plus visibles, et il faut parfois réapprendre à vivre ensemble.
La retraite devient alors une sorte de réinvention conjugale. Faut-il tout faire ensemble ? Ou au contraire, préserver des espaces de liberté individuelle ? Ce sont des questions qui surgissent, parfois avec délicatesse, parfois avec fracas.
D’un autre côté, ceux qui vivent seuls affrontent un défi différent : structurer leurs journées sans perdre le goût du lien social. Il faut oser sortir, créer des rituels, s’impliquer dans des groupes, des clubs, des associations. La solitude, si elle est choisie, peut être source de paix. Mais si elle s’impose, elle devient vite un poids.
C’est pourquoi il me semble essentiel, à ce stade de la retraite, de trouver un équilibre entre activité, engagement, et repos. Trop d’agitation fatigue ; trop d’oisiveté engourdit. Il y a là une forme de sagesse à acquérir, un art subtil du dosage.
Certains trouvent cet équilibre dans le bénévolat : donner du temps pour aider d’autres, transmettre un savoir, simplement être présent. D’autres découvrent qu’ils ont une âme d’artiste, de conteur, de philosophe… ou de bricoleur. Peu importe. L’important est que chaque journée ait un sens, même modeste.
En ce qui me concerne, après mes séances de piscine et de musculation douce, je prends souvent un café avec quelques habitués du centre. Les discussions sont légères ou profondes, selon l’humeur : on parle d’actualité, de douleurs articulaires, de petits-enfants, ou des dernières séries vues sur des plateformes dont je découvre à peine le fonctionnement.
Ces moments d’échange sont devenus pour moi des repères. Car c’est bien cela que cherche tout retraité à un moment donné : des repères nouveaux. Le travail en donnait, parfois trop. La retraite oblige à en inventer, à les façonner à sa mesure.
Mais il y a aussi des jours où rien ne se passe comme prévu. Où l’ennui s’installe, où les idées tournent en rond. Ce n’est pas grave. J’ai compris qu’il faut aussi apprendre à ne rien faire sans culpabilité. À accepter le vide comme une respiration, non comme une défaite.
La retraite, ce n’est pas simplement “ne plus travailler”. C’est réapprendre à vivre avec soi-même. Et cela demande parfois plus d’efforts que n’importe quelle réunion d’entreprise ou projet de fin de carrière.
Heureusement, il y a des surprises. On découvre des gens qu’on n’aurait jamais rencontrés dans la vie active. On tente des expériences farfelues : initiation à la poterie, chorale, randonnées botaniques. Certaines deviennent des passions durables. D’autres font long feu, et ce n’est pas grave. L’essentiel est d’essayer.
La retraite n’est donc pas une parenthèse. C’est un chapitre entier, parfois même le plus libre de tous. Il n’est jamais trop tard pour se réinventer, pour apprendre, pour aimer, pour transmettre. Encore faut-il le vouloir.
Pierre du Nom