Les Romandes aussi disent stop aux diktats de beauté

Face à la pression des images et des injonctions véhiculées dans la société quant à l’apparence physique, la révolte s’organise. L’Article.ch s’est penché sur la question. (Photo personnel de Yasmin Gasimova)

Début juin, la chanteuse et actrice américaine, Alicia Keys dit stop au maquillage et revendique sa beauté naturelle. Elle explique avoir pris conscience de sa beauté, et vouloir mener une vie sans fard et sans artifices : « Je ne veux plus rien camoufler. Ni mon visage, ni mon esprit, mon âme ou mes pensées, pas plus que mes combats et mes émotions. » Sa révélation a un nom: le No Make-up. Il s’agit même d’une tendance qui se base sur une nouvelle manière d’appréhender sa relation avec le maquillage.

En 2014, la journaliste australienne Tracey Spicer, adepte également du No Make-up, explique lors d’une conférence les raisons qui l’ont poussée à entreprendre cette démarche personnelle : « Tout a commencé avec une question de ma petite fille de 7 ans. Chaque fois que je me maquillais, elle était à côté de moi, et elle a fini par me demander pourquoi les femmes se maquillaient et pas les hommes. » Intriguée par cette question pourtant banale, la journaliste s’interroge sur sa routine beauté, pour laquelle elle gaspille temps, énergie et argent afin de correspondre aux critères de la société. Elle raconte : « J’avais bien l’intention de me réapproprier l’heure par jour que je passais auparavant à modifier mon apparence. […] Les femmes passent 3276 heures de leurs vies à travailler sur leur allure, contre 1092 heures pour les hommes.».

Sylvie, étudiante à l’Université de Fribourg, regrette cette « nouvelle tendance » que certains essaient de s’approprier : « Je loue les raisons qui poussent de nombreuses femmes à ne plus se maquiller. Moi-même je ne me maquille pas. J’ai 23 ans et j’ai dû le faire 4 fois dans ma vie, et à chaque fois j’étais mal à l’aise. J’avais l’impression que ce n’était pas moi sous cette tonne de fond de teint qui ne laissait pas ma peau respirer. Ce qui est regrettable, c’est que certaines personnalités s’approprient cette démarche qui doit être personnelle. Au final, c’est plus un effet de mode qu’une réflexion sur les ordres que nous impose la société… ».

Et si on arrêtait s’épiler ?

Tabou, et souvent très peu abordé, le poil est devenu pour certaines femmes une revendication de leur corps et une acceptation de soi, à l’instar de Yasmin Gasimova, étudiante anglaise qui a été médiatisé suite à des clichés velus. L’étudiante en informatique explique ne pas comprendre l’utilité de passer des heures à s’épiler les jambes car il lui faudrait renouveler l’épilation au bout de quelques jours seulement.

Le MIEL (Mouvement International pour une Ecologie Libidinale) s’oppose fermement à cette pratique qu’il considère comme un « comportement de soumission à une norme sociale, dont la plupart des femmes n’ont aucunement conscience. Elles perçoivent au contraire ce comportement comme un choix personnel, ce qui constitue une aliénation. C’est de la soumission volontaire à un ordre social oppressif. » Le mouvement fondé en 2003 expose une série d’inconvénients à la pratique de l’épilation : « elle dessèche et fragilise la peau, empêche la diffusion des phéromones, occasionne des rougeurs, sans compter que cela coûte cher, prend du temps et pollue.»

Il réfute par ailleurs tout contre-argument qui justifierait l’épilation. Ainsi, face au mythe du poil qui sent mauvais, il explique : « Les poils ont justement pour fonction de réguler la sudation. Les êtres humains en ont sur toute la surface du corps sauf sur la paume des mains et sous la plante des pieds. La pilosité humaine est spécifique, elle n’est pas un résidu. Elle a été sélectionnée par l’évolution. Les poils des aisselles interviennent dans la régulation de la température. Les poils des bras et des jambes se hérissent lorsque l’on a froid pour ralentir la circulation de l’air. Ils protègent la peau contre la déshydratation ».

Morgane, genevoise de 36 ans, explique s’être « très peu épilée dans sa vie. J’ai arrêté dès l’adolescence. J’ai toujours eu le sentiment d’être face à une violence sociale, d’être une victime non consentante. » Face aux regards et critiques des autres, la femme confie : « Se balader en jupe avec des gros poils sur les mollets renforce forcément la confiance en soi. Chaque année quand vient l’été et le temps des jupes, c’est toujours un petit défi de ressortir mes poils. Certaines années, je repousse de quelques jours l’échéance. Mais j’ai juste envie de m’affirmer en tant que personne à part entière. Je suppose que quand on assume son corps très naturellement, ça peut choquer au début, mais les gens finissent par s’y habituer ».

 

Pour en savoir plus : http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-cadre-fr.htm

 

E.A.

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