Kilbi : le succès d’un festival pas comme les autres

Originalité, qualité, et découverte : trois termes qui reflètent bien l’image du Kilbi. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Le Kilbi est un festival de musique suisse qui propose grâce à son programmateur, Daniel Fontanaz des musiques actuelles et indépendantes. On peut ainsi dire qu’il a les oreilles en or, puisque cela fait maintenant 26 ans que son festival existe et qu’il affiche complet dès la sortie de la programmation. Celle-ci a aussi la particularité d’être entièrement réalisée par lui-même. Photo : ZRF virus

Fait intéressant : il paraît que Google cesserait de fonctionner dans le canton de Fribourg quelques minutes après l’annonce de la programmation, surchargé par les recherches des utilisateurs. En effet, le premier réflexe de tout bon fan du Kilbi est un, de s’acheter un billet ou un passe, deux d’aller sur Google et trois, découvrir les douze groupes sur les quinze programmés par jours qu’on ne connait pas. Car le Kilbi c’est ça, oser expérimenter des styles ou groupes de musique inconnus, prendre le risque de faire des découvertes parfois bonnes ou mauvaises. En général, le festivalier sera assuré que les bonnes découvertes répondront à l’appel. Cette année par exemple, la présence du grand Kamasi Washington qui a produit un concert de jazz aux influences classiques comme Miles Davis ou John Coltrane, mais surtout suffisamment pêchu et groovy pour qu’une bonne partie du public (qui n’écoute pas forcément du jazz) se laisse tenter par cette nouvelle expérience. On retrouve aussi un sentiment particulier qui se dégage du festival se situant en pleine campagne de Düdingen – ou Guin pour les francophones – devant le désormais mythique club du Bad Bonn. Car oui, Daniel Fontanaz est aussi le programmateur et gérant de ce club. Pour la petite histoire, le festival est né suite à la volonté du fondateur de perpétuer la tradition de la Bénichon, célébrée par les anciens propriétaires des Bains de Bonn. Il en changea un peu la forme en ajoutant au folklore un peu de bonne musique. « J’ai donc invité deux trois groupes locaux et un blues men américain. On a monté une petite scène et c’était parti » se souvient Daniel Fontanaz. On serait alors tenté de dire que le festival est comme posé sur le fil du Röstigraben mais il semblerait plutôt qu’il se tienne sur une sorte de territoire neutre ou les pseudo rivalités que l’on peut parfois retrouver entre Romand et Suisses alémaniques disparaissent pour laisser place au partage d’une passion commune autour de la musique.

Trois questions à Daniel Fontanaz, programmateur du Kilbi.

L’article : Savez-vous d’ou provient la majorité des gens du public ?

DF : Oui, grâce aux statistiques. Principalement de Zürich et de Lausanne. C’est devenu Hype de venir à Guin. Ça me permet aussi de savoir où je peux aller avec la programmation, parce que je n’aime pas quand elle plait à tout le monde. Je trouve ça très important car si ça plait à tout le monde ça ne peut plus être bien.

L’article : pensez-vous que les artistes viennent ici car ils ont plus de plaisir que dans les gros festivals ?

DF : Oui, c’est beaucoup plus simple d’un point de vue  logistique. Même si les artistes arrivent en retard, il n’y a pas de souci, on peut toujours sauver le concert en bricolant quelque chose. L’ambiance est détendue pendant le festival.  Les artistes se rendent compte facilement de la mixité du public, qu’il n’y a pas que des gens issus de leur milieu, mais aussi des gens du village d’à côté. Ils sentent aussi que la programmation est différente des autres festivals, un peu plus risquée. Par exemple on ne finit pas toujours avec de l’électro, on a déjà fini avec du Black Métal. C’est un risque à prendre mais j’aime en prendre, juste pour voir les réactions.

L’article : On peut chaque année apercevoir des œuvres d’art au sein du festival. Mettez-vous sur pied d’autres projets dans les arts visuels, ou préférez-vous vous contenter de la musique ?

DF : Je préfère me concentrer sur la musique. Je demande à une équipe de monter un projet mais sans contrainte pour eux. Je n’aime pas les contraintes, je préfère laisser de la liberté aux gens qui ont des idées. J’aime quand c’est sauvage et laisser germer des idées.

 

Propos recueillis par Gaëtan Nicolas

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