La Fondation Jan & Oscar œuvre en Thaïlande depuis le tsunami qui a touché le pays en 2004, faisant plusieurs milliers de victimes, dont deux petits garçons suisses, Jan et Oscar. En 10 ans, de nombreux projets humanitaires ont abouti, notamment grâce à l’aide de divers volontaires. Retour sur le succès d’une fondation proactive.
Photo: © Jessica Hassler
Le 26 décembre 2004, l’Asie du Sud-Est est frappée par le tsunami le plus meurtrier de son histoire, fauchant plus de 200’000 vies. Parmi les victimes, Jan et Oscar, deux jeunes frères lausannois de 12 et 8 ans, en vacances en Thaïlande. Suite à cette tragédie, leur mère, Laurence Pian, crée une fondation en leur mémoire. C’est ainsi qu’est née la Fondation Jan et Oscar, le 29 juin 2005, au sein du Collège Champittet à Lausanne, où les deux garçons étaient scolarisés.
La Fondation opère en Thaïlande, où elle a pris l’initiative de rénover des écoles, pour fournir aux enfants une structure équipée d’un toit et de murs étanches ainsi que d’installations sanitaires, entre autres. Par la suite, en parallèle, elle a permis de parrainer des enfants thaïlandais afin de leur offrir une formation scolaire. Des bourses d’études ont ainsi été distribuées. A l’heure actuelle, 5000 enfants bénéficient de ces programmes d’aide. Pour réaliser ces projets, la Fondation peut compter sur le soutien de nombreux donateurs qui se sont, pour la plupart, manifestés spontanément peu après sa création. Des donations qui sont estimées entre 150’000 et 200’000.- annuellement. Et Laurence Pian d’ajouter: « les gens ont fait des dons presque à l’aveugle, sans savoir exactement ce qu’ils permettraient d’accomplir. C’était un élan de solidarité très fort et très rapide ». Une générosité que la fondatrice met en perspective. Pour elle, si le Collège Champittet a joué un rôle important, le facteur de proximité a également joué un rôle prépondérant dans le développement de la Fondation, car les habitants de la région romande se sont sentis concernés et se sont particulièrement mobilisés.
Onze ans après ses débuts, la Fondation a connu une croissance remarquable, ouvrant même ses propres locaux à Lausanne. « Des années après, les gens sont toujours aussi touchés, bienveillants et généreux. C’est incroyable d’avoir réussi à garder cette flamme allumée », se réjouit Laurence Pian. Ce succès n’était pourtant pas gagné d’avance, avec le départ de la personne qui servait d’intermédiaire entre la Suisse et la Thaïlande, ce qui posait de sérieux problèmes logistiques. Heureusement, deux étudiants locaux – « mes enfants thaïlandais », comme les surnomme la fondatrice – se sont proposés pour prendre le relais.
La Fondation peut compter aujourd’hui sur une solide base de volontaires, une trentaine par an, indispensables à l’aboutissement de ses projets. Plusieurs voyages sont donc organisés chaque année. Un partenariat a notamment été conclu avec l’Université de Saint-Gall afin de promouvoir le volontariat au sein des milieux estudiantins, par le biais du site www.thepieces.org. Ces séjours permettent de partager ses connaissances linguistiques dans un milieu où l’anglais n’est que très peu répandu. Si cette différence de langue peut a priori présenter un obstacle au bon fonctionnement de la communication, elle n’empêche toutefois pas les volontaires de partager des moments de complicité avec les indigènes, comme le confie Laurence Pian : « c’est génial de faire interagir des jeunes de deux cultures différentes ! Ils réalisent qu’ils s’entendent très bien, qu’ils aiment les mêmes choses, qu’ils ont le même humour et écoutent les mêmes musiques. Ils ne parlent pas la même langue, c’est tout ».
La Fondation organise aussi des voyages humanitaires durant lesquels les participants contribuent à la construction des écoles. Jessica, 27 ans et étudiante en architecture, a participé au voyage organisé par la Fondation en avril 2014. Elle confirme que la barrière linguistique n’était pas un problème, une fois la glace brisée : « les premiers jours, c’était un peu étrange car on ne se comprenait pas et on devait parler avec les mains. Après, on était plus à l’aise, on faisait des jeux et on se mélangeait aux locaux ». Cela lui a même permis de tisser des liens durables avec eux.
Le programme quotidien d’un voyage humanitaire est bien chargé. Les tâches ne manquent pas, entre la cuisine et les travaux sur le chantier de l’école à aménager, où les conditions sont vétustes. Laurence Pian explique cela par le fait que l’Etat thaïlandais ne subventionne pas certaines tribus du centre et du Nord-Ouest de la Thaïlande, dont les écoles ne bénéficient pas d’installations sanitaires salubres. Les bénévoles sont donc soumis à de rudes conditions de vie qui contrastent radicalement avec leurs habitudes occidentales. « La première nuit était un calvaire, entre la température, le bruit et les odeurs. Mais je m’y suis vite habituée », confie Jessica, qui garde de ce voyage « un excellent souvenir ». Cette immersion dans une culture si différente permet de dépasser ses limites et de surmonter certaines appréhensions : « cette expérience m’a aidée à aller plus facilement vers les autres et à oser m’exprimer en anglais, même si je ne le maîtrise pas forcément », analyse la jeune femme, qui a aussi apprécié la sensation de « donner sans rien attendre en retour ». Ces voyages peuvent souvent s’avérer révélateurs, à l’image de Lucien, qui, au contact d’enfants thaïlandais, s’est découvert une vocation pour l’enseignement et a donc abandonné ses plans d’études internationales à Genève pour se tourner vers la Haute Ecole Pédagogique.
Si la Fondation contribue à améliorer la situation scolaire de villages thaïlandais, la situation globale reste toutefois préoccupante, dans un pays où certaines tribus vivent dans des conditions déplorables, sans installations sanitaires ni structure étanche, parfois même sans électricité.
Jasmine Behnam et Fabien Wildi
Fondation Jan et Oscar
Route de la Petite Corniche 2
1091 Aran
http://www.fondationjan-oscar.ch