La Suisse et le Saint Gothard font de nouveau parler d’eux. Ce 1er juin, le plus long tunnel ferroviaire du monde est inauguré sous l’historique massif helvète. Mais Saint Gothard était avant tout un homme d’Église avant d’être un ouvrage d’envergure nationale. Retour sur ce personnage religieux presque anonyme, mais mondialement connu pour l’empreint que la Suisse en a fait.
Gothard de Hildesheim (960-1038), de son vrai nom, est bien moins familier que son homonyme montagneux. Pourtant, avant d’être un col, un massif et un tunnel, il était un homme devenu saint. Il fut canonisé en 1131, grâce aux quelques miracles qu’il a accomplis, notamment celui d’avoir guéri instantanément une femme de la peste. Outre le fait d’avoir été toute sa vie un homme très pieux, Gothard eut également une éducation religieuse très poussée. Plusieurs sources le décrivaient même comme un jeune homme surdoué et particulièrement assidu au travail. Devenu prêtre à seulement 36 ans, Gothard dirigeait plusieurs monastères dans sa région d’origine, la Bavière, et fut l’un des visages de la réforme clunisienne du XIe siècle. Une réforme catholique symbole de l’émancipation religieuse envers les pouvoirs laïcs. En effet, l’élection des abbés et prêtres ne pouvait plus qu’être opérée par les milieux religieux. La soumission épiscopale n’avait donc lieu qu’envers l’autorité suprême du Pape.
En 1022, la consécration est quasi suprême : Gothard de Hildesheim devient l’Évêque de Hildesheim, en Saxe, haut lieu politique du Saint-Empire romain germanique de l’époque. Un grand pouvoir qui profita au religieux et à son indéfectible envie d’évangéliser la région. Plus de 30 monastères et églises ont vu le jour sous sa tutelle. C’est le déploiement de l’apprentissage monastique et religieux réalisé par l’évêque de Hildesheim qui l’a rendu particulièrement célèbre. En 1230, une chapelle lui est dédiée en Suisse, sur le Monte Tremulo, premier nom donné au col du Saint Gothard. Les pèlerins viennent ainsi des cinq vallées voisines rendre hommage à ce saint qui les protègent des dangers de la montagne. Connues comme le saint patron des marchands ambulants, de la fièvre et de la goutte, entre autres, de nombreuses sources, dès 1237, appellent l’endroit le Monte Sancti Gutardi, ou le mont Saint Gothard. Une position historique qui porte le nom d’un guérisseur, réformateur et fondateur.
VM