Les jeunes face au RBI

Le 5 juin la Suisse se prononcera sur le revenu de base inconditionnel (RBI). Si les sondages donnent l’initiative comme perdante au niveau national, le vote des jeunes reste lui beaucoup plus incertain. Larticle.ch a donné la parole à ces acteurs de l’économie de demain, ainsi qu’à Jose Cao Novelle, membre de BIEN CH. Photo : Le Temps

« Je pense que nous sommes dans une période charnière. Et le RBI fait partie de ces idées qui vont changer le monde. » Difficile d’imaginer un meilleur slogan pour le RBI que celui présenté par Jose Cao Novelle. C’est que ce membre de BIEN, une association internationale promouvant le revenu de base inconditionnel, notamment coordinateur du projet au niveau romand y croit dur comme fer. « Cette initiative est une initiative populaire qui est d’autant plus importante qu’elle  touche toute la population, depuis la naissance jusqu’à la mort. »

 

Quelle société avec le RBI ?

Tout le monde ne partage cependant pas l’enthousiasme de Jose Cao Novelle à l’égard du RBI. Lidia a 21 ans et va voter non. « J’ai peur de ce que risque de devenir notre société avec cette initiative. Avec 2500 francs par mois, un grand nombre de personnes et particulièrement les jeunes n’auront plus aucune raison de travailler. Se profilent alors des démissions en masse et l’économie suisse en pâtirait. » Avis que Lauriane, 20 ans, favorable à l’initiative, ne partage pas. « Le RBI me paraît être une bonne idée. Il permet par exemple d’entreprendre les études que l’on souhaite, à n’importe quel moment. Je ne pense pas que son application changerait drastiquement notre mode de vie. » Ce projet de RBI n’est pas présent uniquement en Suisse, et même si les deux jeunes adultes peinent à le voir débarquer en Europe un jour – projet trop utopiste pour Lauriane et tout à fait aberrant pour Lidia – Jose Cao Novelle n’en démord pas. « Le cas du RBI est étudié dans de nombreux pays d’Europe. La Hollande est en train de le tester dans trois villes et la Finlande va l’essayer sur tout son territoire. »

 

Alors comment rendre possible cette initiative sans bouleverser l’économie ? « D’autant plus que le remplacement des employés par des robots, argument avancé par les partisans du RBI, ne me semble pas être à l’ordre du jour. Du moins pas assez pour justifier un modèle aussi radical », affirme Lidia.  Selon l’initiant, là n’est pas la question : « les robots sont une évolution possible et à vrai dire, ils ne semblent pas être une si mauvaise idée. En effet, les tâches les plus pénibles sont également les moins rémunérées. Avec le RBI, ces emplois très exigeants, mais peu gratifiants devront être valorisés par les employeurs, sous peine de perdre leurs salariés. Nous constatons simplement un problème qui risque de se poser dans les décennies à venir et nous cherchons une solution. »

 

« Les jeunes vont construire le RBI »

La grande majorité des jeunes vivant en Suisse gagnent moins de 2500.- par mois. Le secteur des jobs d’étudiants sera donc fortement touché si le RBI arrivait en Suisse. Ce que confirment Lidia et Lauriane : « Je travaille dans une agence de voyages, confie Lidia, mais avec cette initiative je ne garderais pas mon emploi actuel. » Quant à Lauriane, aujourd’hui étudiante, elle ne continuerait pas non plus les petits boulots qu’elle effectue en dehors de ses cours. Cette situation tout à fait inédite pourrait aboutir à un conflit. « Il sera difficile pour les personnes toujours contraintes de travailler de supporter que le reste de la population puisse dormir pendant qu’eux travaillent. Cette initiative amènera bien trop de profiteurs, prédit Lidia. C’est un système profondément injuste. » La création de nouveaux « flemmards » est également une des craintes de Lauriane, sans toutefois surpasser « l’importance de pouvoir faire un choix décisif dans sa vie ».

Cette vision des personnes non-employées ne correspond évidemment pas à celle de Jose Cao Novelle : « Nous avons été élevé dans une société où il faut gagner son pain à la sueur de son front. Lorsque nous pensons au travail, nous imaginons forcément une activité rémunérée. Seulement, il ne faut pas confondre travail et emploi. On peut vivre sans emploi, seul le revenu est nécessaire. Entraîner une équipe de sport ou être actif dans une association, c’est également du travail. Mais changer les mentalités est difficile, surtout après un certain âge. C’est pourquoi nous suivons avec beaucoup d’intérêt le résultat des jeunes. Ce sont eux qui vont construire le RBI, s’il parvient à être adopté. »

 

MaG

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