Entretien avec une peluche

Rares sont ceux qui connaissent cette tradition typique du Val d’Hérens.

Le carnaval d’Evolène attire chaque année un peu plus de curieux voulant admirer les peluches. Que sont les peluches ? Des Evolénards recouverts de peaux de bêtes, moutons et renards, et de masques effrayants. Ils arpentent les rues de ce village durant le carnaval, ayant pour rôle de chasser les esprits maléfiques ainsi que l’hiver. Cette tradition trouve son origine dans la préhistoire. Celle-ci a par la suite évolué au fil des époques, et des cultures, avec toujours la même symbolique : fêter pour effrayer l’hiver et permettre au printemps de revenir plus vite. Ce n’est que trois siècles après Jésus Christ que carnaval a été assimilé au christianisme. C’est pourquoi, aujourd’hui encore cette fête folklorique est célébrée depuis le 6 janvier, soir de l’Epiphanie jusqu’à Mardi gras. Ceci marque l’entrée dans le Carême et la fin de l’hiver.

Deux peluches, Florian et Dylan, livrent leurs regards personnels sur cette tradition.

Quelle est la raison qui vous a poussé à vous empelucher ?

Il n’y a pas vraiment de raison, mais plus une envie. Nous connaissons cette tradition depuis que notre enfance. Nos cousins, nos frères et nos voisins s’empeluchaient. L’engouement est venu principalement lorsque nous étions à l’école, au moment de la récréation entre camarades. Carnaval crée une certaine agitation, tout le monde s’en réjouit. A l’époque, nous avions très peur des peluches et de leurs masques, lorsqu’ils nous courraient après dans le village. Nos grands-parents et parents nous racontaient des légendes et des histoires sur les peluches, qui nous effrayaient. Lorsque l’on atteint l’âge de pouvoir s’empelucher, c’est une fierté de pouvoir se déguiser et faire peur à notre tour aux passants. C’est aussi une fierté de pouvoir célébrer carnaval comme le faisaient nos ancêtres. D’une certaine manière nous continuons la tradition et permettons aux plus jeunes de la découvrir aussi.

 

Quels sont les changements majoritaires entre le carnaval d’antan et le carnaval d’aujourd’hui ?

Selon nos grands-parents, les peluches étaient beaucoup plus violentes que nous le sommes aujourd’hui. A l’époque, elles rentraient dans les maisons des Evolénards dansaient et chantaient au milieu des cuisines en tapant sur des casseroles pour faire le plus de bruit possible. Leur façon d’agir vis-à-vis des passants était elle aussi plus violente. Aujourd’hui encore, nous savonnons les visages avec nos peaux et embêtons les personnes qui nous prennent en photos, c’est un peu notre rôle, et l’atmosphère générale de carnaval. Les lois et les règles sont un peu mises de côté. Cependant, on ne va pas en venir aux mains inutilement. La question de bruit est elle aussi un facteur de changement. Carnaval dure environ un mois, et peut même durer jusqu’à deux mois selon les années. Les habitants de la rue principale ne peuvent donc pas endurer pendant tout ce temps les cloches et les agitations des fêtards. On a dû alors imposer des règles pour le bien de tout le monde et pour une meilleure cohabitation.

 

Les costumes ont-ils aussi évolué ?

Oui. Le costume d’une peluche se divise en deux parties : le masque ainsi que les peaux de bêtes accompagnées d’une cloche de vache.

Si à l’époque les masques avaient une forme humaine, aujourd’hui ils ressemblent plus à des animaux ou à d’autres personnages maléfiques que nous pouvons voir à l’écran. Les peaux de bêtes non tannées ont elles aussi changées. Nos grands-parents n’avaient pas forcément l’argent pour s’acheter des grosses peaux. Elles étaient donc plus fines et moins impressionnantes qu’aujourd’hui. Pour se qui est des cloches de vaches, nous les utilisons aujourd’hui pour faire le maximum de bruit et par essence, effrayer l’hiver. Nos ancêtres ne pouvaient pas se permettre, comme pour les peaux, d’investir dans des cloches de vaches. Ils utilisaient donc des ustensiles de cuisines et autres outils.

 

Pourquoi une association du Carnaval a-t-elle été créée en 2011 ?

Principalement pour régler les problèmes que pourraient causer la fête, comme par exemple, le bruit. L’association essaie de trouver des solutions afin que tout le monde y trouve son compte et qu’il y ait le moins de tensions possible.

Cependant, depuis quelques années, notre association essaie aussi d’attirer les touristes, pas seulement étrangers mais aussi nos compatriotes. Notre tradition n’est pas encore très connue. Il nous semble important, avec la mondialisation, et toutes les avancées technologiques de se mettre au goût du jour et moderniser un peu notre tradition.

Nous avons créé un site internet qui explique les fondements de notre folklore. On y a ajouté le programme de notre carnaval pour attirer les plus curieux. Et finalement, nous avons mis en place des activités ludiques, tel que « l’atelier du sculpteur » et « les contes et les légendes d’Evolène ». Ces activités sont ouvertes au public pendant la semaine de Carnaval. Il s’agit à travers ces rencontres de transmettre et valoriser les savoir-faire autour de notre tradition.

 

 

Site internet de l’association du Carnaval d’Evolène : http://carnaval-evolene.ch

 

 

F.C.

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