Du 30 janvier au 9 février s’est tenu à Venise l’un des carnavals les plus connus du monde. La foule venant des quatre coins du monde s’y est bousculée tout au long des festivités. Masques et costumes fastueux étaient de la partie. Le carnaval est une fête populaire mais il semble pourtant qu’il y ait plusieurs façons de le fêter. Photo: Emma Rebeaud
Le carnaval des touristes
La place Saint-Marc, l’Arsenal et le pont du Rialto sont bondés de touristes déguisés. Du simple masque au costume très élaboré, la plupart des gens sont fardés. Mais si l’on tend l’oreille, ce n’est pas de l’italien que l’on entend, mais plutôt du français, de l’allemand ou du japonais. Il semble en effet que 80 % des costumés soient des Français (selon le 66 minutes du dimanche 14 janvier).
Dès l’arrivée des carnavaliers à l’aéroport de Venise, un feuillet leur est fourni avec le programme des festivités. Banquets officiels, feux d’artifices et parades ont lieu à différents endroits de la ville. En s’y rendant, il est facile de constater que ce genre de manifestations sont surtout fréquentées par les touristes et créées pour eux. De nombreuses réceptions privées luxueuses sont également organisées à cette période. Elle sont réservées à une élite et souvent données par des étrangers.
La place Saint-Marc, qui tient son nom de l’évangéliste Marc, est l’un des endroits les plus connus de la Sérénissime. Il s’agit du cœur des festivités publiques et c’est là que débute le carnaval mais aussi qu’il s’achève avec le couronnement de la Marie et le vol du Lion. Deux événements très attendus, notamment par les vacanciers. Les animateurs parlent d’ailleurs plusieurs langues pour que tout le public puisse comprendre les discours et les annonces. Les concours de déguisements ou de masques sont également très prisés des voyageurs qui se déplacent de loin pour y participer. Irlandais, Français, Japonais et Suisses y ont notamment participé cette année. Les Vénitiens semblent les seuls véritables absents…
Mais où sont les Vénitiens ?
Pour les trouver, il faut s’éloigner des circuits touristiques. Les Vénitiens semblent fêter le carnaval de manière beaucoup plus simple que les visiteurs. En effet, en se rendant dans le quartier étudiant de Dorsoduro, on remarque que les jeunes sortent dans les bars et font la fête dans la rue, un peu à la façon des Suisses pendant les Brandons, les carnavals ou les Vendanges. Ils sont bel et bien déguisés mais en animaux, en personnage de fiction ou de film plutôt qu’en costume Renaissance, comme on pourrait l’imaginer.
Dans les petites îles de la Lagune comme Burano, la population se réunit sur la place des fêtes. Les rues sont décorées et les enfants se déguisent. Les dates du carnaval ne correspondent pas forcément à celles de Venise.
De manière plus générale, la population indigène reste assez invisible. On ne croise pas beaucoup d’habitants dans les rues, ni sur les grandes places. Ils sont principalement présents dans les restaurants et dans les magasins, en tant qu’employés. Ils ont leurs endroits bien à eux, comme dans la plupart des grandes villes, bien qu’à Venise cela soit frappant.
Un charme qui opère partout
Le carnaval reste un moment exceptionnel à vivre, plein de beauté et de bonne humeur. Que ce soit devant la grande basilique ou dans les petites ruelles de Dorsoduro, l’esprit du carnaval de Venise, vieux de près de 15 siècles, est présent. La Cité des Doges vit et respire au rythme de cet événement cher aux autochtones et prisé des touristes. Comme au Moyen Âge, il permet jusqu’à Mardi Gras d’abolir les barrières sociales et de s’amuser librement ! Dans chaque musée, collection, magasin, restaurant,… l’événement est mis en avant. Il est également une grande source de bénéfice pour les Vénitiens qui en font commerce et c’est peut-être pour cela que deux carnavals coexistent.
Emma Rebeaud