Deux semaines après le sacre de Stanislas Wawrinka à Roland-Garros, larticle.ch revient sur la quinzaine héroïque du vaudois. Photo : Web
Personne ne s’y attendait. Personne, à part lui. Et pourtant, après deux semaines de tennis, c’est bien Stan qui soulève la Coupe des Mousquetaires.
Une qualité de jeu exponentielle
Le premier véritable test pour Wawrinka (ATP n°9) dans ce tournoi arrivait en huitièmes de finale, après les trois premiers tours dans lesquels, bien que n’ayant concédé qu’un seul set, il n’avait pas véritablement exprimé son meilleur tennis. Mais la machine se mettait simplement en marche. Les huitièmes, donc. Gilles Simon (ATP n°13), sur sa terre, n’allait pas résister bien longtemps. Le revers à une main, marque de fabrique de Stan, renvoyait le français au vestiaire en trois petit sets, au grand dam du public.
Son futur adversaire n’était autre que son compatriote Roger Federer (ATP n°2). Ce dernier s’était défait d’un Gaël Monfils (ATP n°14) malade en quatre sets expéditifs. Tout était réuni pour un match au sommet entre les deux amis. Seulement, Stan en décida autrement. En effet, le grand duel tant attendu n’a pas eu lieu : ce jour-ci, le jeu du vaudois se conjuguait au plus-que-parfait. Trois sets plus tard, le n° 2 mondial ne pouvait que s’incliner. Plus que le résultat en lui-même, c’était la manière avec laquelle Wawrinka avait gagné qui détonnait : le Bâlois n’avait rien pu faire face à la puissance imposée par son adversaire.
Un français, encore, pour les demi-finales. Mais cette fois l’obstacle semblait plus imposant. Même si Simon avait le soutien du public, il n’était qu’en huitièmes de finale sans être le plus talentueux des « Bleus ». Or, ce coup-ci Jo-Wilfried Tsonga (ATP n°15) est le dernier tricolore encore en course pour permettre à la France de retrouver une finale qu’elle n’a plus atteint depuis 1988. Les attentes sont grandes et Tsonga revient de deux matchs plus que convaincants face au Japonais Kei Nishikori (ATP n°5) et au Tchèque Tomas Berdych (ATP n°4). Tout l’Hexagone en était sûr : cette édition serait la bonne. Seulement, Stan en décida autrement. Encore. Bien qu’étant plus bousculé par le type de jeu proposé par le Français – soit un jeu puissant comparable au sien –, au terme de quatre sets il devient le premier finaliste de Roland-Garros 2015.
Un vainqueur inattendu
Cette finale arrivait donc pour le Suisse d’une manière assez discrète, sans faire trop de bruit. On ne pouvait pas en dire autant de son adversaire, le Serbe Novak Djokovic (ATP n°1). Tout le monde du tennis n’avait d’yeux que pour lui durant ces deux semaines, faisant un peu d’ombre au parcours de l’outsider qu’était Wawrinka. Mais, cet engouement pour le tournoi du n°1 mondial s’expliquait sans problèmes.
Roland-Garros n’avait même pas débuté que son nom, associé à celui de Rafael Nadal (ATP n°7), était déjà sur toutes les lèvres : le remake de la finale 2012 et 2014 pouvait avoir lieu en quarts de finale. Nadal avait toujours gagné contre Djokovic dans ce tournoi, mais cette année le Serbe semblait véritablement en dessus du lot, même sur terre battue, une surface qu’il n’affectionnait pas particulièrement. Ce match s’annonçait comme la finale avant l’heure, peut-être une des plus grandes rencontres de la décennie, avec un adversaire enfin réellement capable d’aller chercher un Nadal quasiment intouchable en France – en 10 année, il a remporté 9 fois le trophée. Mais cette fois c’est Djokovic qui en décida autrement. Il livra le match parfait en infligeant sa deuxième défaite à l’Espagnol dans ce tournoi de Roland-Garros, la première en trois sets. S’en suit une victoire sans gros problèmes face au Britannique Andy Murray (ATP n°3) et cette fameuse finale, celle qui devait lui apporter le Grand Chelem en carrière (le fait de gagner les quatre tournois majeurs du tennis). Après s’être débarrassé lui-même en quarts de finale de celui qui lui avait déjà barré la route cinq fois, qui pouvait l’arrêter ? Tout le monde en était certain, cette année serait la bonne pour le « Djoker ». Seulement, Stan en décida autrement, toujours.
Dans cette finale, il n’y avait qu’un seul joueur sur le court. Bien qu’il ait perdu le premier set, c’était Stan qui attaquait, lui seul semblait vouloir gagner ce match. Djokovic au contraire s’appuyait sur les fautes de son adversaire, sans faire le jeu, mais en le subissant complètement. Au fur et à mesure que le match avançait, l’état de grâce dans lequel se trouvait Wawrinka devenait de plus en plus évident (« le match de ma vie » dira-t-il). Au contraire, l’impression que le Serbe passait totalement à côté de la rencontre se confirmait. Après quatre sets et un revers à une main, Roland-Garros s’offrait au vaudois.
Confirmer
Après deux ans au plus haut niveau, il est désormais temps pour Stan de s’imposer dans le « Big Four » afin de le transformer en « Big Five ». A trente ans, il se pourrait bien que son talent et surtout son travail soient arrivés à maturation. Il ne lui reste plus qu’à cueillir les succès. Et le prochain pourrait bien s’appeler Wimbledon…
A moins, bien sûr, qu’il n’en décide autrement.
MaG