Un dimanche à Festi’Neuch

Le Festi’Neuch fêtait ses quinze ans la semaine dernière. Plongeons-nous dans ce festival l’espace de quelques lignes, le temps de voir ce qui peut se passer un simple dimanche pluvieux au bord du lac, au milieu de la musique.

Photo: Cyril Perregaux

Un dimanche?

Rien de mieux que le dernier jour d’un festival ; C’est les dernières heures, celles auxquelles les plus braves festivaliers se raccrochent, les mains usées par les applaudissements.

Car il y avait de quoi applaudir ces trois derniers jours, et pour tout le monde. D’ailleurs, il y a eu un record d’affluence pour Festi’Neuch qui fêtait ses quinze années d’existence : deux soirs « sold out » selon les dires d’un des organisateurs du festival, réjouit. Cette affluence serait-elle due à la programmation ? C’est qu’il y eut un FatboySlim très « fit » qui s’est déchaîné sur scène, puis aussi la légende vivante d’Israel Vibration pour les amoureux du roots-reggae, Placebo et surtout ces chansons françaises qu’on aimera toujours quoiqu’il arrive : merci à Benabar, HF Thiéfaine et le plus aimé des Français, Yannick Noah.

Dimanche, Festi’Neuch a pu accueillir Yannick, Patrice, et IAM tout droit venus de « Mars » (ou Marseille pour les oreilles non-« rappées »). Et oui, même si c’était la dénommée « journée des familles » pour le festival, avec des prix défiant toute concurrence, il y avait toujours de quoi amener de ces braves festivaliers. Rien de plus drôle que d’assister à la rencontre de ces deux pôles : comment expliquer aux enfants circonspects, par exemple, cette équipe de jeunes pèlerines jaunes-fluo sautillant gaiement sous la pluie?

Reportage

Pour les enfants, « Mon 1er concert rock avec Balafon » commença la journée sur le coup des 13h, et ce fut l’occasion pour eux de se trémousser d’une façon exemplaire ( cf vidéo en fin d’article )

Il est vrai que l’ambiance générale était au début assez calme; des familles restaient assises devant le swing pourtant remuant des Waffle Machine Orchestra de Neuchâtel, des enfants se baignaient comme en un dimanche normal. Mais, à l’heure du goûter, Patrice et son groupe se sont mis à jouer et là, tout le monde était debout, à chanter avec cette étoile montante de la musique. Encore et surtout, il y eut de quoi remuer toute une foule grâce Soviet Suprem, duo à la musique déjantée et au jeu de scène totalitariste dans sa folie.

Lorsque Patrice et le public chantèrent « Soulstorm », il se mit à pleuvoir des cordes sur Festi-Neuch, assez pour annuler deux concerts ayant lieu sous une scène non abritée, mais pas assez pour arrêter le feu des Balkans que venaient d’ allumer Soviet Suprem et Patrice.

Reprenant le flambeau, les fines notes d’un Jimi Hendrix du « n’goni 1» retentirent, coulant entre les gouttes. A l’abri sous le chapiteau, Bassekou Kouyate et son groupe finissaient leur tournée européenne avant de s’envoler pour les USA, laissant là un public probablement peu habitué à ce type de « world music »2 mais sûrement sous le charme. Puis, cette haute teneur en notes continua de plus belle avec les voix d’IAM et leurs paroles engagées. Bonne surprise : Akhenaton, le seul inscrit à l’affiche, a su ramener le collectif de rap au complet avec Shurik’.

Et les familles plus tranquilles alors, pendant ce temps, où étaient-elles ? Peut-être avec la Fine Equipe, trio de DJ’s pas trop « violents », ou avec une « fougasse3 » par exemple, le repas du soir choisi parmi le choix appétissant des stands de Festi’Neuch’; il fallait prendre des forces pour le dernier sprint, le concert qui marchera pour tout le monde, petits et grands. Yannick Noah, toujours en pleine forme !

Cerise sur le gâteau, il reste la Silent Party qui suit au « bordu4», fête parfaite pour un dimanche soir. Ainsi s’est terminé le festival, le troisième plus affluent de Suisse Romande, avec ses 40 000 entrées. Espérons qu’il saura garder son énergie et sa bonne ambiance… Rendez-vous l’année prochaine!

vidéo : http://www.festineuch.ch/wp-content/uploads/2015/06/kid.mov

Germain Kuszli

1 Instrument traditionnel dans l’ouest de l’Afrique, sorte de guitare à trois cordes. Bassekou, qui abat les frontières et électrifie ces instruments centenaires, utilise une pédale « wha-wha » et d’autres effets sonores.

2 A noter ici ou plutôt sentir une immense retenue de critiquer l’absurdité de cette appellation si réductrice.

3 Pour les gourmandes: https://fr.wikipedia.org/wiki/Fougasse

4 Qu’est ce que cela ? Imaginez-vous une fête où les gens dansent comme des fous, sans musique. Enfin, ils ont un casque audio sur la tête et bougent en fonction de la musique qui passe ! Mieux encore ; Il y a souvent deux DJ’s qui jouent en même temps, et les danseurs peuvent choisir les quelles écouter ! C’est très drôle, autant à observer qu’à danser.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *