Tout le monde le déteste, personne ne s’en cache et on dirait même que ça lui plaît. Depuis presque 9 ans, Éric Zemmour est sûrement le plus controversé des journalistes de la télévision française. Figure de l’éternel grognon, ce n’est pas son dernier livre Le suicide français, qui viendra égayer son image. Mais derrière cette caricature parfois trop simpliste se cache un homme complexe, capable d’une vraie réflexion sur son monde. Alors, Zemmour est-il un pessimiste extrémiste ou dit-il simplement ce que personne n’ose dire ? – Photo : Web
Tout d’abord je tiens à préciser que l’analyse des agissements médiatiques de Zemmour que je m’apprête à faire ne reflète que mon humble avis. Il se peut certains de ses actes ne me plaisent pas mais soit salués par une autre personne, et vice-versa. Deuxièmement, Zemmour n’est pas un fait. Si vous cherchez ici la vérité sur Zemmour, vous serez déçus : il n’y en pas.
La naissance d’un phénomène médiatique
Bien qu’il soit surtout connu pour ses interventions télévisées, Zemmour a débuté comme journaliste politique au Quotidien de Paris, puis au Figaro. Il est aussi écrivain et essayiste, traitant principalement de sujets politiques et sociétaux. Ce n’est qu’en 2003 qu’il apparaît sur le petit écran, dans l’émission Ca se dispute d’I >Télé. Encore peu connu de l’ensemble des francophones, c’est en 2006 que Laurent Ruquier fait appel à lui en tant que chroniqueur dans On n’est pas couché. C’est ce rôle qui va véritablement le faire connaître. Le principe du chroniqueur de l’émission est de critiquer et de débattre avec les invités du programme (chanteurs, acteurs, écrivains, politiciens,…). Même s’il est vrai qu’une critique peut être positive, il est impossible de nier que peu d’invités trouvaient grâce à ses yeux, ce qui a notamment accentué son image d’éternel insatisfait.
Toutefois, il est nécessaire d’émettre un bémol à cette critique qui est faite à Zemmour. Ses successeurs ne sont pas forcément plus « gentils », n’évitent pas non plus les affrontements, mais sont loin d’avoir la réputation de Zemmour. De plus, dans un paysage télévisé où la norme tend à promouvoir les invités sans réflexion, transformant les émissions en vulgaires publicités, il est bienvenu de pouvoir entendre le véritable avis des chroniqueurs. On peut donc en conclure que sa mauvaise réputation n’est pas entièrement liée à sa participation au programme de France 2. des sujets politiques et sociétaux. oZemmour est aussi un écrivain et essayisteon ne doit pas
Peut-on toujours dire ce que l’on pense ?
Le politiquement correct est une garantie : certes le raisonnement n’ira pas loin, mais avec lui aucun risque de froisser qui que ce soit. Heureusement, depuis sa création la télévision a cassé beaucoup de mythes, réduisant ainsi les sujets soumis au politiquement correct. Bien sûr, les thèmes qui fâchent Zemmour, eux, sont encore tabous. Il est très difficile aujourd’hui en France d’avoir une discussion sur l’Islam et l’intégration sans passer pour un raciste, or ce sont précisément les sujets de prédilection de Zemmour. En se fichant de ce qu’on pourra dire de lui, il dévoile ses pensées, argumente, déballe un constat et tire ses conclusions. Et le problème avec ces conclusions c’est qu’elles sont parfois de droite, voire d’extrême droite. Ajoutez à cela une provocation savamment maîtrisée, ponctuée de déclarations « chocs », et vous obtenez l’ennemi public n°1.
Cependant, un auteur ne devrait-il pas se soumettre à une forme « d’auto-censure » lorsque ses propos vont dans le sens d’un parti extrémiste ?Un peu de bon sens : Éric Zemmour est forcément d’accord avec ses idées. Dès lors, comment pourrait-il les trouver dangereuses et pourquoi les filtrerait-il ? Il livre simplement un constat – avec lequel je suis souvent d’accord – de la société, constat qui lui permet de tirer des conclusions – avec lesquelles je suis souvent en désaccord. Peu importe que certaines de ces conclusions soient les mêmes que celles du Front National ; selon lui c’est la vérité et il n’a aucune raison de la cacher.
D’ailleurs la simple idée de ne pas pouvoir débattre de sujets, aussi méprisables soient-ils, est une impasse, et ce pour deux raisons. Premièrement, si ces idées ne sont simplement pas les « bonnes » et que la réalité est autre, il suffirait de le dire à Zemmour, qui s’en rendrait compte et n’aurait plus d’arguments. Or, ce n’est pas ce qui se produit, d’où le besoin de débattre afin de comprendre la vérité et la limite de ces thèses. Ensuite, d’un point de vue plus général, la censure me semble indéfendable. Comment peut-on « être Charlie » un jour, puis occulter une idée sans même l’examiner le lendemain. Le seul moyen de faire avancer le débat est justement de le commencer, car il est impossible de discréditer intellectuellement des idées extrémistes en agissant comme si elles n’existaient pas. Donc oui, Zemmour peut parler de tout, mais surtout il ne doit pas être le seul à le faire.
MaG