Dimanche 23 novembre à 15h09 à Lille, la Suisse a scellé définitivement le destin de la France. Elle remportait pour la 1ère fois la Coupe Davis : une balle de match de Federer et Gasquet s’inclinait. Le week-end du 21, 22 et 23 novembre 2014 est ainsi entré dans l’histoire suisse.
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La fabuleuse quête du saladier d’argent
En 1923, la Suisse participe à sa première Coupe Davis, depuis cette année-là elle ne cesse de se battre pour la victoire. Ce n’est qu’en 1992 que l’occasion de remporter la coupe se présente réellement, mais la finale contre les États-Unis n’aboutit pas pour nos tennismans. Abattu, ils essuieront plusieurs défaites, mais en 2003 l’équipe suisse renaît de ses cendres et elle arrive, avec à sa tête Marc Rosset, jusqu’en demi-finale à Melbourne où elle perdra. La défaite est difficile à avaler et les années suivantes ne mènent pas l’équipe helvétique au bout du rêve. En 2007, le pire se produit et la Suisse est éjectée du groupe mondial pour la Coupe Davis 2008, rappelant amèrement l’année 1993. Toujours prête à se battre, elle revient fièrement dans la cour des grands en 2009, mais la malchance poursuit les joueurs suisses en 2010, et le pays se retrouve confiné en zone européenne pour la troisième fois en 7 ans. De retour pour 2012 et 2013, la Suisse ne dépasse pas les huitièmes de finale, puis vient l’an 2014 et, avec lui, le temps de la gloire. En 2014, l’équipe suisse de tennis menée par le capitaine Severin Lüthi et composée de Roger Federer, Stanislas Wawrinka, Marco Chiudinelli et Michael Lammer conquiert tous les terrains. D’abord, la Serbie s’incline chez elle, puis c’est au tour du Kazakhstan et de l’Italie d’être vaincus à Genève. Finalement, les deux vedettes mondiales Federer et Wawrinka viennent à bout de l’équipe française sur la terre battue de Pierre Mauroy à Lille. L’émotion est à son comble lorsque Roger Federer gagne la première balle de match, achevant la France et offrant d’un même coup à la Suisse son premier saladier d’argent.
Retour sur un week-end mémorable
Jour 1 : l’égalité
La finale de la Coupe Davis commence déjà mal pour les Bleus. Dès le premier simple, Wawrinka a raison du Français Jo-Wilfried Tsonga en quatre sets. En effet, fidèle à son poste de 4ème mondial, le Suisse domine complètement le match, réussissant à s’adapter avec une incroyable facilité à la terre battue. Tandis que son adversaire paraît freiner par le terrain, il ne parvient qu’à arracher le deuxième set à l’helvète. Le match se termine donc avec un score de 1-6, 6-3, 3-6, 2-6 et le premier point est en faveur de la Suisse.
Heureusement pour la France, Gael Monfils, contrairement à son coéquipier, est au rendez-vous. Le n°18 au classement ATP bat seulement en trois sets Federer, n°2 mondial et légende internationale du tennis (6-1, 6-4, 6-3). Le mal de dos de ce dernier l’a empêché de s’entraîner correctement durant la semaine, mais la performance de Monfils reste, pour autant, incroyable. Le français a su géré le stress et les attentes de sa nation, qui reposaient sur ses épaules, avec un grand calme, tout en maintenant la pression sur son adversaire. La première journée se clôt sur une égalité, laissant tous les paris ouverts.
Jour 2 : un double décisif
Le match de samedi ne peut se dérouler mieux pour la Suisse qui s’offre un point d’avance dans la Coupe Davis en seulement 2h12. La paire Federer/Wawrinka revit le rêve des Jeux olympiques 2008, tandis que Richard Gasquet et Julien Benneteau sortent d’un cauchemard (6-3, 7-5, 6-4). Les deux français ne parviennent pas à prendre l’ascendant sur les deux helvètes qui n’avaient pas été autant en harmonie depuis longtemps, donnant un sens au mot duo. Dans le camp des Bleus, Gasquet est aux abonnés absents, c’est Benneteau qui se charge de tout le travail pratiquement. L’unique moment de doute s’est vu lors du deuxième set, Benneteau réussit à lui tout seul à apporter un certain suspense au match. Il ne permet pas à la Suisse de faire le break tout de suite, mais le duo adverse est trop fort. Les Français finissent par perdre le deuxième set et ensuite le troisième. À la fin de la journée, l’avantage est donc à la Suisse donnant toujours plus d’espoir de remporter la coupe.
Jour 3 : une victoire méritée
La Suisse n’a jamais été aussi proche du rêve, l’avant-dernier match s’annonce passionnant. Federer devra affronter Gasquet, puisque Tsonga ne peut jouer suite à une blessure au bras droit. Le manque de performance du Français de samedi se confirme devant un Federer tout à fait remis de sa blessure qui joue son meilleur tennis, octroyant à la Suisse le saladier d’argent en trois sets. Le coup est dur pour Gasquet, bien incapable de placer une balle face au gagnant de 17 titres du Grand Chelem. Le tennisman français perd petit à petit pied durant le match, breaké dès le premier jeu du deuxième set. Il se débat tant bien que mal, mais le Suisse domine largement, ne laissant passer aucune balle. La victoire écrasante de Federer se finit par un jeu blanc avec le résultat de 6-4, 6-2, 6-2. Dans le stade, c’est l’euphorie, personne n’arrive à se persuader que la victoire prend les couleurs de la Suisse.
Deux hommes, quatre matchs et un saladier
La Suisse est ainsi parvenue après des années d’acharnement à décrocher son premier saladier, réalisant enfin son rêve. Tous les Suisses avaient la tête dans les nuages à l’issue du week-end comme sortant d’un conte de fée; le triomphe était helvétique. Les prouesses de nos deux héros nationaux ont dépassé les attentes du public, notamment Wawrinka qui a été littéralement l’Homme du week-end. D’abord, il a obtenu le premier point du tournoi en écrasant Tsonga, puis en véritable leader, il a su pousser Federer au début du double. Même de l’autre côté de la frontière, on salue les exploits des Suisses, enfin surtout ceux de Federer, tennisman adulé même à l’étranger. Dans le Figaro, il était écrit : « Son talent, unanimement reconnu, son rayonnement méritaient ce couronnement. » Une preuve que si la rancune est quand même un peu présente, on ne peut pas en vouloir longtemps au n°2 mondial.
C.T