La «guerre des langues» est-elle vraiment déclarée ?

Le 13 août dernier, le parlement thurgovien accepte une motion prévoyant de supprimer l’enseignement du français en primaire. Des initiatives similaires ont été lancées dans les cantons de Nidwald, Zug, Lucerne, et Schaffhouse. Les réactions du côté romand ne se sont pas faites attendre. Les médias parlent déjà de « guerre des langues ».

Photo:Web 

Dès l’année scolaire 2017-2018, la Thurgovie projette de supprimer le français à l’école primaire. Le Grand Conseil a accepté cette motion le 13 août dernier. Le projet sera soumis au peuple en 2016. A l’heure actuelle, les élèves thurgoviens commencent l’anglais à 8 ans puis le français à 10 ans. Le français serait donc repoussé jusqu’à la 7e année, à l’âge de 12-13 ans. Les heures de langue en moins seront reportées au niveau secondaire, a déclaré la ministre cantonale de l’éducation Monika Knill (UDC), le 12 novembre dernier.

Les défenseurs de la suppression du français invoquent la surcharge de travail imposée par l’enseignement de deux langues étrangères en primaire. « Le bon allemand est déjà la première langue étrangère chez nous » a expliqué Res Schmid, Président du Conseil d’ État de Nidwald, sur le plateau d’Infrarouge le 2 septembre.

Les réactions du côté romand ne se sont pas faites attendre. Les suisses francophones ont l’impression de passer au deuxième plan face au suisse-allemand majoritaire. Le 14 août, au lendemain de la décision du parlement thurgovien, Mathias Reynard, Conseiller national valaisan (PS), écrit sur Twitter qu’il s’agit « d’une attaque contre la Romandie, la cohésion nationale et la volonté du peuple! ». D’un débat pédagogique on est donc passé un débat politique et identitaire. Le sujet paraît sensible.

Quelle solution peut-on proposer pour ne vexer aucune communauté linguistique ? Verena Herzog, la conseillère nationale UDC à l’origine de cette initiative propose de «  parler en anglais pour se comprendre si on y arrive pas autrement ». Certains pensent donc que l’anglais pourrait aider à la cohésion nationale alors que d’autres craignent une perte de notre identité, de notre multilinguisme.

Le Röstigraben semble se creuser à mesure que le débat s’enflamme. Chacun défend ‘sa’ langue : l’anglais, le suisse-allemand, le français, sans oublier l’italien ou le romanche qui se font plus discrets dans ce débat de langues majoritaire. N’oublions pas que c’est un accord entre communautés linguistiques qui a permis à notre Confédération de grandir. Un pays où cohabitent quatre langues nationales et des nombreuses langues étrangères est une richesse. Apprenons donc aux élèves à aimer les langues suisses autant qu’à les maîtriser.

D.E.

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