Ebola, rappel de nos limites

L’humanité est condamnée à vivre avec des épidémies nous rappelant nos limites vis à vis de la nature. Les peuples affectés adoptent la politique du chacun pour soi ou de l’union dans des termes négatifs pour essayer de surmonter leurs peurs. En Espagne, le peuple réagit mal.

Photo : web 

Ebola, autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à virus Ebola, ne vient pas d’apparaître. Découverte en 1976 par un jeune chercheur belge, Prof Peter Piot, elle a continué de rester confinée dans les populations de son origine. N’affectant pas d’autres peuples, dans le continent européen, l’Amérique du Nord voir l’Asie, l’étude et le développement d’un vaccin reste hors des priorités des « pharma ».
On pourrait aussi dire que ça n’a pas été le cas quand notre continent a été affecté par la peste bubonique, tuant 1/3 des européens, voire lors de la grippe espagnole. A l’époque, les scientifiques et le corps sanitaires n’avaient pas épargné d’efforts pour tenter de sauver chaque âme. La pandémie de la grippe a décimé entre 50 à 100 millions d’individus en un an.
Aujourd’hui et à cause de nos vertigineux déplacements, Ebola peut se disséminer partout dans le monde et rapidement.

Chronologie du mal en Espagne

07.08
Le gouvernement espagnol a ordonné le rapatriement des missionnaires contaminés par le virus et en fin de vie, Miguel Pajares Martin, 75 ans (= 12.08.2014) et Manuel Garcia Viejo, 69 ans (= 25.09.2014), ils arrivent de Sierra Leone par avion militaire respectivement le 07 août et le 22 septembre et sont immédiatement hospitalisé dans l’hôpital madrilène La Paz-Carlos –III

05.10
L’aide-soignante, Teresa Romero, s’était sentie mal dès le mardi 30 septembre mais n’avait consulté le médecin que le dimanche 5 octobre.
Son état était stable, malgré une forte fièvre. Elle a été transférée dans une unité spécialisée de l’hôpital d’Alcorcon en banlieue de Madrid, où elle a été placée en quarantaine, comme c’est le cas pour la trentaine de personnes ayant été en contact avec elle, dont son mari qui présente un « haut risque » d’être lui aussi contaminé.

06.10
Le lendemain et avec un état de santé instable, «avec un haut risque » de complication et la nécessité d’une attention permanente, avec des diarrhées, expectorations, vomissements et la présence de menstruation de la patiente», le Dr. Juan Manuel Parra demande son transfert à l’hôpital La Paz-Carlos III à Madrid où elle travaille et où les deux missionnaires, tous deux décédés du virus, avaient été admis dans le même service en août et septembre.

07.10
L’agent de santé, de son mari et deux autres personnes ont été mis en quarantaine, et le suivi a été étendu à 50 autres personnes qui auraient pu entrer en contact avec elle.
Dans le même temps, l’opposition espagnole a exigé mardi 7 octobre qu’Ana Mato, le ministre de la Santé, s’explique sur tout manquement en matière de sécurité, tandis que certains ont même demandé sa démission immédiate. Et la Commission européenne a officiellement demandé des «éclaircissements» à l’Espagne, sur ce qui a rendu possible cette première contamination hors d’Afrique.
Pour le porte-parole de la Commission européenne, Frédéric Vincent, «il y a évidemment eu un problème quelque part». Les États membres de l’UE sont censés avoir mis en place des procédures nationales précises et coordonnées au niveau bruxellois pour prévenir l’entrée du virus sur le territoire européen, a-t-il rappelé.

08.10
Des employés de l’hôpital universitaire de la Paz à Madrid manifestent pour demander la démission du ministre de la santé, Ana Mato. «On ne comprend pas comment une personne qui avait une double combinaison et deux paires de gants a pu être contaminée», explique une cardiologue encore en estimant que l’Espagne n’était pas à la hauteur pour recevoir des missionnairessouffrant de cette fièvre hémorragique. Le même jour, quelques heures plus tard Excalibur, le chien de l’aide soignante espagnole atteinte du virus Ebola a été tué par précaution.
Le soir même du 8 octobre et sous la pression de la Commission européenne, la directrice de la Santé publique, Mercedes Vinuesa, exprime : «Nous sommes en train de vérifier si tous les protocoles ont été strictement respectés» de la part de l’aide soignante pendant le traitement des deux missionnaires revenus d’Afrique en août et en septembre, a ajouté la ministre de la Santé Ana Mato.

09.10
Après les menaces cachées du 8 octobre de la partie des autorités contre une et seule personne les travailleurs de la santé commencent à parler : «Quand le premier malade d’Ebola a été rapatrié début août, des étages du Carlos III qui avaient été fermés ont été rouverts d’une manière improvisée et bâclée. On a prétendu préparer les soignants avec des exercices improvisés, les syndicats aussi, l’ont dénoncé: vingt minutes de cours de formation, ce n’est de loin pas suffisant. A son tour, le conseiller madrilène de la santé lui-même a admis qu’il ne connaissait pas bien les normes et les contrôles qu’il fallait mettre en œuvre».

10.10
Dans un communiqué diffusé le 10 octobre, le «comité spécial» interministériel créé pour faire face à l’arrivée de la maladie en Espagne a pour sa part indiqué «qu’aucune évolution notable» n’était à rapporter sur la santé de Teresa Romero, qui restait «stable» tout en étant «grave». Cette patiente de 44 ans a reçu «dans la soirée d’hier» une dose du médicament expérimental Zmapp. Il n’existe pas de traitement pour la fièvre hémorragique d’Ebola, mais le Zmapp est l’un des médicaments expérimentaux qui ont été essayés pour enrayer l’épidémie.
Teresa Romero parle publiquement, via son téléphone portable, pour la première fois et remercie pour son traitement avec du sérum sanguin contenant des anticorps prélevés sur les personnes déjà guéries.

12.10
La vie du quotidien, dans le quartier où habitait l’aide soignante, son mari et leur chien, ne se passe pas sans problèmes. Apprenant que leur voisine était contaminée par Ebola, ils se sont tout simplement… enfuis.
Vanessa De Francisco est une voisine de Teresa. Elle constate : «Certaines personnes étaient vraiment très effrayées et ont carrément abandonné leur appartement ou leur maison qui sont ici dans le quartier. Nous promenons nos chiens là où elle promenait son chien».

13.10
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a défendu le 13 octobre la décision de son gouvernement de rapatrier d’Afrique deux missionnaires atteints du virus Ebola. Il déclare à la presse : «le gouvernement a fait ce qu’il devait faire», «Nous avons agi avec dignité», «Deux compatriotes qui se trouvaient dans une situation d’extrême nécessité, qui allaient mourir, qui voulaient être rapatriés dans leur pays… et l’Espagne leur dirait non ? Non, enfin, pour l’amour de Dieu !»,

16.10
Les chose ne s’arrangent pas…
Six nouvelles personnes faisaient l’objet d’une surveillance ou d’une hospitalisation en Espagne aujourd’hui en vertu du protocole Ebola dont trois provenant d’Afrique, alors que la santé de la seule malade du pays semblait s’améliorer. Parmi les six personnes faisant l’objet d’une alerte, trois ont séjourné dans des zones à risque. Il s’agit notamment d’un religieux qui provenait du Liberia, appartenant au même ordre hospitalier que deux missionnaires touchés par le virus, qui avaient été rapatriés en août et septembre avant de décéder des suites de la fièvre hémorragique, selon le comité interministériel mis en place pour lutter contre la maladie en Espagne. L’homme, «un membre de l’Ordre de San Juan de Dios», est arrivé du Liberia le 11 octobre et a de la fièvre. Il devait être admis dans la soirée à l’hôpital Carlos III de Madrid, où sont centralisés tous les cas suspects.
Le même jour le vol Air France 1300 Paris-Madrid avait déclenché à la mi-journée les protocoles sanitaires d’usage à l’arrivée dans la capitale espagnole après que l’on ait constaté qu’un passager, venant du Nigeria, était saisi de tremblements. L’avion a été immobilisé et le passager pris en charge pour des contrôles médicaux, en vertu du protocole Ebola, ont indiqué les autorités de l’aéroport international Adolfo Suarez de Madrid-Barajas et la compagnie. Il a ensuite été transféré à l’hôpital Carlos III vers 13H30 GMT, au sein de l’Unité spécialisée dans le traitement des maladies tropicales. Le reste des passagers a pu quitter l’aéroport, d’après Air France. L’avion a ensuite été désinfecté et les passagers qu’il devait transporter dans la foulée vers Paris ont été répartis sur d’autres vols.

20.10

Les tests pratiqués sur l’infirmière Teresa Romero contaminée par le virus Ebola sont négatifs, a annoncé, dimanche le gouvernement espagnol.
Un proche de la patiente, Teresa Mesa a déclaré, devant l’hôpital aux journalistes, que «Teresa n’a plus le virus. Elle arrive à se lever et se nourrir».

21.10
C’est officiel.
«Les critères de guérison du virus Ebola», tels qu’établis par l’OMS « sont bien remplis » après quatre analyses sanguines négatives, a annoncé le docteur Jose Ramon Arribas, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Carlos III à Madrid, quinze jours après l’hospitalisation de Mme Romero.
L’aide-soignante espagnole qui avait contracté Ebola a éliminé le virus. Teresa Romero, 44 ans, a été la première personne contaminée hors d’Afrique au contact des missionnaires malades à l’hôpital Carlos III de Madrid. 15 personnes sont toujours en observation, dont son mari, Javier Limon.
Il faut désormais attendre 21 jours – soit jusqu‘à la fin de la période d’incubation – pour être sûr qu’aucune des 68 personnes qui se sont occupées de la malade espagnole n’ont pas été contaminées. Elles sont consignées à leur domicile.

27.10
A Madrid, Javier Limon, le mari de l’aide-soignante infectée par le virus Ebola, Teresa Romero, a pu quitter l’hôpital, lundi 27 octobre, avec neuf autres personnes.
Dénonçant l’impréparation des autorités espagnoles dans la lutte contre Ebola, il compte saisir la Justice.
Sa femme, Teresa, est guérie mais encore hospitalisée pour surmonter les effets collatéraux de l’infection, notamment sur ses poumons.
“C’est le moment pour les autorités de prendre leurs responsabilités et pour moi de laver l’image de Teresa. Teresa n’a jamais été responsable de mauvaises pratiques, elle peut seulement être accusée d’aimer sa profession et ses patients. Teresa avait offert volontairement son aide, même si cela mettait sa vie en danger” a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse lundi matin.

Ici en Espagne la population vit dans la plus entière incertitude. Jusqu’à présent le problème économique était crucial et occupait, à côté de la politique, tous les esprits ; mais aujourd’hui il s’agit de la santé. Comment rassurer les individus? Certes, il n’y a pas de formule magique.
La question qu’on est en droit de se poser aujourd’hui est : faudrait-il isoler les pays qui sont le noyaux du virus ?

V.vA

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