Charlie Chaplin et la politique

« L’humour nous permet de voir, à travers ce qui paraît rationnel, l’irrationnel. Il renforce aussi notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit. » Charlie Chaplin via son légendaire don pour le burlesque nous fait découvrir les guerres sous un œil nouveau, celui de l’humour.

Photo: Web

Pour fêter le centième anniversaire du personnage de Charlot, le musée de l’Elysée présente Chaplin, entre guerres et paix. L’exposition nous plonge dans le parcours atypique de ce jeune comédien sous l’aspect politique de son œuvre. De la révélation de son personnage Charlot dans les films burlesques de la Keystone Film Company en 1914, jusqu’à son film Le Dictateur en 1940, on découvre un homme impliqué et utilisant son art de manière citoyenne.

Avec divers photographies, des écrits et des films, l’exposition est riche en couleurs et en sons. On s’immerge rapidement dans une atmosphère mêlant conflit armé, politique, dérision et ironie. Association peu courante, il est assez déroutant de redécouvrir les guerres mondiales sur un ton léger et humoristique.

Naissance de Charlot

Malgré la guerre déclenchée le 28 juin 1914 par l’assassinat de François-Ferdinand, Charlie rencontre un franc succès avec son deuxième film. Son rôle d’immigré démuni mais débrouillard en lutte permanente et surmontant tous les obstacles séduit le grand public. C’est la création de Charlot, son personnage devenu mythique pour des générations.

Dès 1915, le succès est tel que des parodies sur ses films circulent. A tel point que la Keystone fait même breveter en France le nom de Charlot, histoire d’éloigner les imitateurs. Appréciés du public, ses films reçoivent aussi un accueil chaleureux des soldats au front qui projettent les aventures de Charlot afin de dédramatiser leur quotidien.

En à peine un an, Charles Spencer Chaplin (1889-1977) quitte la pauvreté à laquelle il a été habitué dans son enfance londonien pour atteindre des cachets exponentiels, jusqu’à 1 million de dollars annuel en 1917. Il crée alors son propre studio à Los Angeles pour assurer une liberté artistique totale sur les futures productions.

De déserteur à correspondant de guerre

D’origine britannique résident aux Etats-Unis, Charlie Chaplin est vivement critiqué pour son absence au front, tant anglais qu’américain. Chaplin alors âgé de 28 ans est accusé d’être un déserteur. Bien qu’il soit réformé à cause d’une trop grande maigreur, rien à faire, la polémique est lancée et marquera durablement l’acteur. Malgré les critiques et diverses caricatures, l’acteur reçoit aussi du soutien de nombreuses personnalités.

Fin 1917, Chaplin s’engage à sa manière dans l’effort de guerre avec l’aide de sa caméra. Ainsi, après de minutieuses recherches de terrain pour être au plus proche de la réalité, Charlot Soldat voit le jour. Le comédien tourne en dérision la vie dans les tranchées et parvient même à capturer le Kaiser en se faisant passer pour un soldat allemand. Chaplin parvient avec humour et légèreté à rendre compte des horreurs de la guerre. À sa sortie le film rencontre un grand succès et reste parmi les plus appréciés jusque dans les années 1930.

Un engagement

Dès les années 1930, Charles Chaplin se méfie de la montée du nationalisme et du fascisme en Italie et en Allemagne. Malgré les mises en garde, Chaplin décide alors de tourner le film le plus engagé de sa carrière, Le Dictateur.

Après un an d’écriture et de recherches, son goût du détail est satisfait. Mais voulant en faire son premier film parlant, Chaplin prend plus d’un an et demi pour la production. Ainsi, Le Dictateur est le film le plus cher qu’il a tourné, avec plus de 1,4 millions de dollars de budget. Ses efforts s’avèrent payants, bien qu’interdit dans la majorité des pays, son pari rencontre un franc succès et aussi le plus rentable.

L’élément central de sa comédie est la ressemblance entre Chaplin et Hitler. L’acteur en joue à merveille, notamment avec la fameuse moustache qu’ils ont en commun. Il parvient à tourner en dérision l’armée nazie assommée à coups de poêle par une jeune femme.

Chaplin mêle habilement humour satirique et réalité historique pour nous offrir un film irrésistible. Néanmoins, lors de la sortie le 15 octobre 1940, il reçoit un accueil mitigé. Certains trouvent que le film est trop léger ou propagandiste. Le réalisateur est forcé à l’exil en 1952 par l’Amérique conservatrice.

La presse par contre salua l’audace et le talent du cinéaste pour la réalisation du premier film ouvertement antinazi. Ainsi, Chaplin grâce à son don pour la comédie et son humour à toute épreuve, nous fait rire avec l’irrationnelle folie d’Hitler.

MSM

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *