Le covoiturage à la traîne en Suisse

Tandis que les journaux français ont titré le succès croissant du covoiturage en France cet été, qu’en est-il en Suisse ? Le point.

Photo : web

Le succès du covoiturage en France

En France, BlaBlaCar, le site web le plus important en matière de covoiturage du pays, estime à 4 millions le nombre de passagers qui ont fait recours à ce moyen de transport entre mi-juin et mi-septembre 2014. Un chiffre qui double environ chaque année depuis sa fondation en 2008. Si cet été a été un franc succès pour l’entreprise, il ne reste pas moins que ce sont en moyenne 1 million de personnes par mois qui se déplacent grâce au covoiturage le reste de l’année, soit « l’équivalent de 2’000 rames de TGV », comme l’aime le rappeler son fondateur, Frédéric Mazzella.

Les avantages du covoiturage

Il semble que ce moyen de locomotion plaît de plus en plus. Ce que certains se plaisent à appeler la consommation collaborative ou encore l’économie de partage est certes attractive, mais la raison économique l’est plus encore. « En partageant les frais de mon trajet, je rembourse presque totalement celui-ci si j’arrive à remplir ma voiture de covoitureurs », témoigne un habitué de BlaBlaCar.

Si les conducteurs sont gagnants économiquement, les passagers le sont également. En effet, voyager à plusieurs réduit les frais du voyage et permet d’atteindre des prix largement préférentiels comparés aux offres du train ou même de l’avion. Pour un trajet Genève – Vannes (Bretagne) par exemple, le passager déboursera environ 50 euros au lieu des 150 euros que lui coûteraient le même trajet en train.

Outre ces aspects économiques, renfloués par l’inflation des prix à la pompe en France, des arguments écologiques et de convivialité demeurent, pour beaucoup, importants. « Nous avons discuté tout le long du trajet, et ainsi le trajet nous a semblé bien plus court. De plus, je rencontre des gens que je n’aurais jamais imaginé rencontrer autrement », affirme un nouveau membre du site BlaBlaCar.

Une entreprise qui marche

Le géant français BlaBlaCar a vu son chiffre d’affaires passer de 1 à 5 millions d’euros entre 2011 et 2012. Cette progression coïncide avec l’introduction d’un système de paiement en ligne, sur lequel l’entreprise prélève 11 % de commission. Si l’entreprise souligne que l’affaire était devenue trop grande pour vivre uniquement de la publicité, de nombreux utilisateurs y voient un gage de sécurité puisque aucun argent n’est échangé dans les voitures. Certains cependant critiquent que le site aurait succombé à l’attrait du gain, au détriment de ses idéaux communautaires et écologistes.

Un marché difficile en Suisse

Alors que nos voisins semblent s’épanouir dans cette nouvelle façon de voyager, que se passe-t-il en Suisse ?

Le nombre d’utilisateurs du covoiturage suisse est en hausse, mais ce dernier ne semble pas percer pour autant. C’est du moins le constat de plusieurs portails interactifs helvétiques. Le site www.e-covoiturage.ch compte 20’000 inscrits et propose 3’000 trajets, soit « des chiffres en hausse constante de près de 20 % par an depuis 2011 », affirme son fondateur, Jean-François Wahlen. Ce mode de transport demeure pourtant marginal.

Selon un sondage en ligne réalisé par le Tages Anzeiger, une majorité trouverait trop contraignant d’aller en groupe au travail et craindrait des mauvaises rencontres. De plus, Alain Brügger, chercheur à l’Académie de la mobilité du TCS, suppose que le fait que « les distances soient courtes, le réseau ferroviaire dense et qu’un conducteur puisse encore se payer un trajet de 100 km » est également déterminant pour expliquer le phénomène.

Selon ce spécialiste, la seule solution serait de cibler précisément les besoins des Suisses, comme le fait par exemple le service de covoiturage Tooxme, actif dans toute la Suisse Romande depuis quelques mois, avec son application disponible sur iPhone et depuis peu sur Android. Cette application fonctionne sur le modèle du taxi et mise sur des trajets de courte distance en ville. En effet, pour les longues distances, les Suisses semblent être dilués sur les grands sites étrangers.

AW

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *