Fini les bouffes pop’ et les concerts, la Narvalle quitte son squat

Mercredi passé s’est déroulé la dernière fête au QG de La Narvalle à la rue de la Maladière à Neuchâtel. Les deux maisons occupées étant vouées à une destruction prochaine, le collectif a profité une ultime fois de faire revivre ce lieu délaissé, clôturant ainsi un mois et demi d’occupation. Larticle.ch y était. Focus sur la démarche de ces étudiants.

Photo : Lysiane Christen

Haricots verts, bières prix libre, trash-poésie et jazz ashkénaze étaient au menu mercredi passé, pour la soirée de clôture d’une longue série, au squat de La Narvalle. Le 6 octobre prochain le collectif, composé principalement d’étudiants, quittera les lieux car les deux anciennes maisons et le jardin qu’ils occupaient seront détruits, au profit de l’agrandissement d’un garage. C’est dans une ambiance bon enfant que les squatteurs et leurs visiteurs se sont retrouvés pour préparer, gueuletonner et festoyer une dernière fois.

Parmi les volutes de tabac, un parfum de nostalgie imprégnait l’atmosphère. «Ça fait bizarre de voir la fin arriver si vite, mais on connaissait les conditions en venant ici », confie Aurélie, une membre du collectif. Et la squatteuse de se réjouir: «De tout l’été, on nous aura donné qu’un seul avertissement pour le bruit, c’était la semaine passée!»

Organisées sur les principes de l’entraide et du « coup de main », ces soirées à succès ont, chaque mercredi depuis un mois et demi, rassemblé de nombreux voisins, étudiants ou amis heureux de batifoler tout en mettant la main à la pâte. La formule : repas de quartier préparé par tous avec les invendus des petits négociants, puis concerts déchaînés d’artistes locaux, jusqu’au petit jour.

Une démarche citoyenne face à un problème sociétaire

En juillet dernier, les membres du collectif investissaient, avec l’accord du propriétaire, ces appartements inoccupés depuis deux ans rue Maladière. Conscients de la brièveté du séjour, ces étudiants se sont donnés pour mission de favoriser et dynamiser la vie de quartier: «le fait de ne pas devoir payer de logement permet d’avoir du temps pour s’investir autrement, se tourner vers l’extérieur», explique Aurélie. «Nous cherchons avant tout la coopération et la bonne entente avec le propriétaire, afin de pouvoir proposer un lieu de vie ouvert accessible à tous.»

Pacifistes et engagés, les membres de la Narvalle revendiquent l’urgence de réinvestir librement les espaces vides face à la crise du logement. « Il s’agit d’un service citoyen de la part des propriétaires, car leur bien peut être utile à d’autres », proclame Aurélie. Pour ces squatteurs, le réinvestissement des espaces vides peut être un début de réponse face au problème de la rareté du logement et de la hausse des loyers. Car à Neuchâtel comme ailleurs, les étudiants ont de plus en plus de peine à trouver un logement abordable. «Avant, les deux tiers de mon salaire passaient dans le loyer. C’est insensé!», lance la membre du collectif. «Il y a un contraste fort entre l’idéal de la démocratisation des études et la précarité estudiantine réelle.

En un mois et demi la Narvalle aura fait parlé d’elle dans les médias : une page dans L’Express du 5 septembre, ainsi qu’un reportage de la RTS pour un Minimag sur les étudiants. Aujourd’hui les projets d’avenir du collectif restent encore inconnus, mais l’intérêt médiatique qu’il a pu susciter en peu de temps témoigne selon Aurélie de l’importance de sa cause: «la précarité estudiantine est visiblement un sujet qui touche les gens car il s’agit d’un véritable problème sociétaire.»

L.C.

Voir

– Minimag du 26 septembre 2014, RTS

– L’Express du 5 septembre, p.7.

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